De l’auteur et de sa mythologie
De Robert Holdstock (1948-2009), on a gardé le souvenir ému de La forêt des mythagos et de Lavondyss, autrefois publiés dans la collection Présence du Fantastique chez Denoël, petite sœur de la Présence du futur. Le concept des mythagos est simple : dans l’antique forêt de Ryhope survivent des créatures engendrées par les contes, légendes et mythes des hommes. Ainsi, on croisera Arthur, Ulysse et d’autres dans Avilion qui clôt le cycle des mythagos à cause du décès de son auteur. La forêt des mythagos a clairement marqué les littératures de l’imaginaire, tant par le nombre de références mythologiques convoquées que par la qualité de la narration d’Holdstock. Ce dernier tome est-il à la hauteur des précédents ?
Les quêtes simultanées
Il est difficile de lire ce roman si on n’a pas lu les autres volumes (attention spoiler !) : il suffit de savoir qu’ici est narrée l’histoire des enfants de Steven Huxley (le père, George, explora le premier la forêt de Ryhope dans La forêt des mythagos) et de Guiwenneth (un mythago), Yssobel et Jack. Yssobel est obsédée par un roi mythique, Peredur (qui n’est autre que le père de Guiwenneth) et décide de partir pour la mythique Avilion afin de le retrouver. Son frère Jack décide de partir à sa recherche mais ne connaît pas le chemin qu’elle a emprunté. Il décide de partir pour l’Angleterre, l’autre monde d’où vient son père Steven. Il emménage dans l’ancienne maison de la famille Huxley, persuadé que son grand-père George (ou plutôt les mythagos qu’il a engendrés) peut l’aider à retrouver sa sœur. Au passage, Jack découvre à quel point il est difficile d’être à la fois humain et mythago : attiré par le village, il ne peut s’aventurer très loin, tellement la forêt de Ryhope le retient. Pendant ce temps, Yssobel trouve enfin l’île d’Avilion et prend la place d’Arthur pour y aller…
Dernier volume d’une saga
Soyons clairs, Robert Holdstock ne démérite pas et livre ici un roman efficace et prenant. Il est intéressant de le comparer avec le schéma proposé par Joseph Campbell dans Le héros aux mille visages : on retrouve la quête, l’initiation et aussi le thème de l’ombre avec l’opposition entre Steven et son frère Christian. C’est l’ampleur des références à la mythologie qui fait ici la force d’Holdstock. Reste cependant que le cycle a, au fur et à mesure, perdu de sa force innovatrice. Au final, un roman divertissant mais loin du choc originel de La forêt des mythagos (ou des « mythimages », si on suit le néologisme inventé par Denoël lors de la première édition).