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Comptine pour la dissolution du monde

Langue d'origine : Anglais
Aux éditions : 
Date de parution : 01/05/2024  -  livre
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Brian Evenson - Comptine pour la dissolution du monde. Un auteur qui est un excellent conteur ! Un recueil efficace.

Auteur de romans audacieux et étranges comme Immobilité ou La confrérie des mutilés, Brian Evenson écrit aussi des nouvelles dont certaines ont été compilées par les éditions Rivages dans le recueil Comptine pour la dissolution du monde en 2024. Un recueil pour le moins éclectique.

L’étrange et la folie

Après une première histoire (Quelque soit la direction) plutôt vague, on passe avec mort- à une nouvelle mettant en scène un thérapeute et son patient, passablement dérangé : il croit que le psy a eu un jumeau mort-né. Délirant mais cela montre le goût d’Evenson pour la folie ou plutôt ce moment juste avant la folie. On retrouve ça avec Ecoulement, une histoire de cauchemar où un homme se laisse embobiner par un monstre. Cela continue avec Comptine pour la dissolution du monde où un homme cherche sa fille chez lui. Plus on en apprend sur lui, plus on se demande s’il l’a tué… un voyage au bout de la folie, comme La seconde porte avec une histoire qui finit mal entre un frère et une sœur. La folie encore, comme dans Ambiance sonore où un réalisateur est prêt à tout pour terminer son film, y compris au meurtre du propriétaire du lieu du tournage, vendu trop tôt… le cinéma reviendra avec Ecume de mouches : Un metteur en scène mythique, un film inédit qui finit par devenir l’histoire. Et on bascule dans l’horreur. Pourquoi pas ?

Des monstres bien sûr

On les attend, surtout quand on garde en mémoire La confrérie des mutilés. Et on en découvre avec Sœurs qui raconte une soirée d’Halloween dans une famille de monstres qui se déguisent en humains pour… je vous laisse deviner. Avec Chemises et peaux, il ose l’histoire d’amour : ils se sont rencontrés pendant une exposition étrange où il y avait un cadavre puis se sont mis en couple, vivent ensemble… Mais Gregory veut partir. Cette femme plus âgée que lui semble avoir un pouvoir mystérieux qui annihile sa volonté. Encore l’amour avec Une disparition : une femme tue son ami Gerard, veuf. Normal, puisqu’elle a tué sa femme, son amante, qui voulait la quitter pour consolider son mariage avec Gerard. Le ton froid qui laisse percevoir une personnalité psychopathe, un monstre humain.

Virage vers la science-fiction

Avec La tour, on retrouve des monstres plus proches de la science-fiction :  après une catastrophe, des humains tentent de survivre dans les ruines d’une métropole. Une femme a été brutalement changée et transformée. Le narrateur cherche à la voir pour lui demander de l’aide mais elle va en faire l’un des siens, bien sûr. Le trou est de facture plus classique avec une intelligence extraterrestre prend peu à peu le contrôle des membres d’équipage en s’infiltrant en eux, on est ici en pleine science-fiction. Charmant. On poursuit dans l’ambiance science-fiction avec Tache : on y voit un homme dans un vaisseau, obsédé par une tache, est-ce le signe d’une présence intelligente ?

Arrivée dans la quatrième dimension…

Certaines histoires semblent montrer qu’Evenson a beaucoup regardé la série de Rod Serling. Dans Le monde chatoyant, une femme est en train de boire un verre avec une amie quand elle voit un homme au costume doré la suivre. Il n’a pas de visage mais lui sauve la vie tandis que son amie est assassinée. Dans Désir d’errance, un homme est épié, il part et erre… Et il y a son double. Dans Seigneur des cuves, un homme se réveille en panique d’une phase de sommeil cryogénique. Il est le seul survivant et se sert des copies numériques de l’équipage pour comprendre ce qu’il s’est passé. Quelqu’un semble avoir fait une incantation à Yog-Sothoth… voici un hommage à Lovecraft. Avec Lunettes, retour dans la Twilight Zone : une femme veut s’acheter des verres progressifs, un vendeur étrange lui vend des verres « biofocales » à la place des bifocales et elle voit… des ectoplasmes. Elle et son mari disparaîtront. Retour au cinéma avec Ligne du regard : voici un tournage idyllique, un film apprécié par le producteur mais… le regard ne va pas. Il y avait une présence dans la maison qui a servi au tournage… Dur.

Terminons avec Lien d’affinité, l’histoire de deux sœurs, l’une protégeant l’autre… en fait, l’une est un robot et l’autre une humaine, unie par un lien d’affinité. Quand l’une meurt, l’autre n’a qu’une envie : la rejoindre. En conclusion, Brian Evenson se montre un excellent conteur, ayant beaucoup de cordes à son arc. A défaut d’être original, il se montre en tout cas très efficace. Recommandé donc.

 

Sylvain Bonnet

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