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Hasta la pizza, Baby !

Augustin (Scénariste, Dessinateur, Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/2006  -  bd
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Hasta la pizza, Baby !

Dans l’esprit des Kid Paddle, et plus encore des Game Over, pour lesquels Augustin, jeune diplômé d’architecture, a apporté sa contribution, Héroïc Pizza est la première série qu’il signe en tant que dessinateur et scénariste. Le deuxième album Hasta la pizza, Baby ! est une confirmation du talent satirique et satanique (Augustin n’est pas un saint) du nouvel auteur de Soleil Productions.

Pizzas à gogore

C’est bien connu, tout le monde aime les pizzas. Surtout les chevaliers, les princesses, les monstres et les sorcières. Alors Albert Colin, jeune pizziste chez Héroïc Pizza, a de la pâte sur la planche. Juste un détail : vous remplacez les tomates par des entrailles fraîches, le fromage par de l’hémoglobine et la garniture par des viscères écarlates. Vous remuez, vous éclaboussez et vous donnez le tout, si vous en avez la trempe, en pâture aux dragons, aux ogres, aux trolls et aux créatures augustiniques.

A chaque gag, une horreur épique. C’est le triste destin des pizzas héroïques !

Inhumain, trop inhumain

En-deçà du symbolisme de la pizza (pièce de chair sanguinolente, société de consommation standardisée qui se cannibalise), Augustin cède à la vogue actuelle de l’humour « gore » (voir le succès de certains jeux vidéos et de la série Game Over auprès des adolescents).

A la rencontre improbable de deux univers (la pizza et le merveilleux médiéval), s’ajoute le choc de deux états d’esprit : celui de livreurs cyniques, mais dévoués, plongés dans un environnement ultra-darwinien impitoyable. Vision sombre et désespérée, chaque page ou presque se termine par un écrabouillement, un aplatissement ou une destruction massive. Dans l’album, notre livreur de pizzas, dénué de toute psychologie humaine (son existence se borne à livrer), a autant de vies que de planches (44), mais c’est à chaque fois pour mieux se faire anéantir ou assister à un laminage. Bref, la métaphore d’un monde en phase avec un certain pessimisme ambiant…

Point fort des gags de la série, les chutes, bien amenée, sont percutantes. On aurait aimé plus de diversité et plus d’humanité dans les personnages récurrents et, au moins de temps en temps, plus d’espoir dans ce monde broyé par la brutalité et qui nous fait broyer du noir.

Sur le plan graphique, l’humour naît également d’un certain décalage entre une mise en forme classique légèrement revue et corrigée et le propos tragiquement noir. Les personnages sont délibérément déformés (bras minces, bedaines souvent hypertrophiées, pieds étirés en longueur) et les lignes, toutes courbes, ont une tendance à la brisure. Le rouge est naturellement dominant (pizza oblige), mais est talonné par le vert (celui des dragons, des plantes carnivores et des déjections purulentes). Bien qu’il ne s’agisse que d’un second album, le style est bien fixé et a trouvé sa maturité.

A lire avec une bonne dose d’optimisme et à compléter par de vrais contes de fées.

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