Paul Pope est né en 1970 à Philadelphie. Il auto-édite sa première bande dessinée en 1993, Sin Titulo et The Ballad of Dr Richardson, avant de travailler avec la Kodansha, le plus grand éditeur de manga au Japon. Mais c'est sa série THB, sorti en 1995, qui le dévoile au grand public. L'auteur cite parmi ses influences Ray Bradbury et Edgar Rice Burroughs pour les scénarios et les bandes dessinée européenne et japonaise, coté graphique. Heavy Liquid est sorti en 2001 aux Etats-Unis.
Course Poursuite Futuriste
Dans ce New York d'un futur proche, « S », un détéctive privé nouvelle génération, est chargé par un mystérieux collectionneur de retrouver la trace d'une artiste, à qui il souhaite commander un oeuvre particulière: une sculpture à base de Heavy Liquid, une mystérieuse substance à la fois drogue et matériau. Débute alors pour « S » une giganstesque chasse-à-l'homme, entre New York, Paris et l'europe centrale, dans laquelle il devra tenter de survivre aux tueurs lancés à ses trousses et faire face à un pasé qu'il pensait avoir oublié.
Love, Drug and Rock'n Roll
Heavy Liquid a été inspré d'un titre rock du même nom (par un groupe anglais, Thee Hypnotics), dixit l'auteur. Et s'il en fallait un, c'est clairement l'environnement musical qui accompagne la lecture de ce Heavy Liquid, et son héros à la gueule de Mick Jagger. Un héros qui n'est pas non plus un super héros: « S » est un trouvateur, sorte de détéctive du futur, mais n'est pas surhumain, ni dénué de failles pour autant. Il a peur, il fuit, et aime (ou plutôt « a aimé »...). Il a ses forces et ses faiblesses, notamment son addiction au Heavy Liquid qui « permet de voir la vie à travers les quinze éclats d'un miroir brisé ».
Dès les premières cases, les dessins sombres et l'ambiance glauquissime enveloppent le lecteur. Une ambiance favorisée par cette bichromie entêtante (avec une prédominence de rouge et de noir), qui tente d'éclairer Heavy Liquid, pour une course poursuite à 100 à l'heure où se mêlent entre autres un gang de filles, des clowns tueurs, des robots filiformes et une fillette avec un bandeau de pirate sur l'oeil. Une galerie de personnages intéressantes et incroyablement riche, qui font de lecture de ce Heavy Liquid un grand moment de bande dessinée. Le découpage cinématographique très travaillé et la narration à la première personne (« S », en l'occurence), en font une oeuvre sombre et allumée, un véritable thriller cybernétique dans un futur proche extrêmement réaliste.
Même si le scénario pourra sembler un peu confus, et limité à un simple jeu de chat de la souris futuriste pour certains, les vertus graphiques de Heavy Liquid en font une oeuvre d'art pop à part entière et indispensable à votre biblothèque.