Jean-David Morvan collabore depuis quelques albums avec de jeunes auteurs espagnols, nouveau vivier de talents. Outre le plus connu d’entre tous Jose-Luis Munuera qui réalise Nävis (Delcourt), le premier à ouvrir le bal fut Ruben avec Jolin la Teigne (Vents d’Ouest), puis il y eut Porcel sur Reality Show (Dargaud) et voici maintenant Colombo avec ce premier tome de la série Trois… et l’Ange. Nous vous avions déjà annoncé sa future collaboration avec Morvan lors de la parution du premier tome de Sangre Noctambula (Carabas) où il nous narrait les aventures contemporaines de jeunes vampires. Colombo serait-il amateur d’ambiance fantastique ?
«Qui est cette fille dont j’ai l’impression de me souvenir… Alors que je suis sûr de ne l’avoir jamais rencontrée ? »
Garance, « Tiens mais on n’était pas au lycée ensemble », « Tu es une ancienne copine de ma fille, non ? », « Désolée patronne, je ne vous avais pas reconnue ». Voilà l’étrange pouvoir de Garance, petite brune rondelette, elle peut s’introduire dans les souvenirs des gens qu’elle croise. Elle s’en est toujours sortie comme cela, déjà petite, elle faisait croire aux couples qu’elle trouvait sympa, qu’elle était leur fille. C’est à cause de son don si particulier qu’un ange déchu, qui ne rêve que d’une chose : regagner son Paradis originel, l’aborde et lui propose de mettre ses qualités paranormales au service du Bien. Elle fera équipe avec deux autres personnages tout aussi bizarres qu’elle. Le premier est capable de lire dans l’esprit des gens tandis que le deuxième, Dominique, a une seule âme pour deux corps, lorsque le garçon black, roi du sport toute catégorie, s’endort, l’intellectuelle blonde se réveille et inversement.
Une mise en place difficile
Héroïne au physique atypique en BD, une petite nana avec des rondeurs, aux traits du visage assez communs et habillée de vêtements sans forme, elle a du caractère et de la détermination, mais souffre de son don. Elle est appréciée par tout le monde, mais seulement parce qu’elle parvient à s’insinuer dans la mémoire des gens leur faisant croire qu’elle est la meilleure amie retrouvée, la collègue sympa du bureau d’à côté, la petite fille câline que ses parents adorent. Bref, l’illusion d’un amour, d’une amitié, d’une intimité. Sa solitude n’en est que plus grande et le personnage apparaît comme un être fragile malgré les possibilités qui s’offrent à elle. D’ailleurs, le fait qu’elle se déplace sans cesse, qu’elle n’a apparemment dans la vie aucun but réel, montre le rapport ambigu qu’elle entretient avec son don. Plutôt que de titrer leur album Les Ephémères, Morvan et Colombo auraient dû lui donner le nom de leur héroïne qui finalement occupe une place bien plus centrale. Il faudra attendre le deuxième tome pour savoir si la série vaut le coup d’être achetée ou non.