Vengeance

Avec Fabrice Colin, la science-fiction française tient là un de ses meilleurs représentants. Sans doute aussi une de ses voix les plus originales. De romans en nouvelles, Colin étonne autant qu'il épate ses lecteurs. D'abord et avant tout, Fabrice Colin, c'est une plume ! Une de celles qui traîne par le bout du nez ses lecteurs, les faisant rire ou pleurer suivant l'humeur de son propriétaire. Car notre homme ne se limite pas à une seule branche de la SF. Il sait naviguer dans les eaux de la fantasy aussi bien que dans celles du fantastique ou du Steampunk, sans compter celles de l'humour. Citons parmi ses meilleures réussites le cycle d'Arcadia, Confession d'un Automate mangeur d'opium et A-vos-souhaits, trois intrigues bien différentes mais toutes aussi savoureuses les unes que les autres.

Classique et musclé...

Cette fois, Fabrice Colin a décidé de nous entraîner dans une histoire de pure fantasy. Dans un Empire moyen-âgeux classique, un jeune homme échappe de justesse à la peine capitale pour un crime qu'il n'a pas commis. S'ensuit une longue fuite vers les contrées les plus éloignées possibles et la rencontre avec une tribu de barbares qui l'accueillera en son sein. Ses aventures auraient pu s'arrêter là si le destin ne s'en était pas mêlé à grands coups d'épisodes dramatiques. L'âme de notre homme cache de nombreux secrets inavouables qui le torturent. Il accepte mal d'avoir été accusé à tort dans la capitale de l'Empire. Au point de vouloir un jour y repartir pour prouver son innocence. Voilà une première pierre dans le jardin de son quotidien paisible de futur chef de famille. Et puis il a vu aussi ces parents déchiquetés par un peuple d'hideux monstres sortis des pires cauchemars de l'humanité. Ses engeances du chaos sont de vrais démons qui se multiplient sans cesse et menacent désormais la sécurité de l'Empire. Tôt ou tard, notre héros les retrouvera sur sa route…

Un livre moyen mais au final grandiose...

Vengeance est un pur roman de fantasy. Son classicisme est même étonnant aux vues des dernières productions de Fabrice Colin. Ici, tous les ingrédients nécessaires à une bonne saga sont là, concentrés sur un seul tome. Au petit jeu des rapprochements, on pourrait le situer quelque part entre le film Gladiator et le livre Légendes de David Gemmel. Le premier pour le barbare qui ébranle les fondations d'un royaume tout en ayant des liens ambigus avec la femme du méchant Empereur. Le second pour la bataille finale grandiose et géniale.

Parlons-en justement de cette bataille finale. Pour tout dire, jusqu'aux dernières pages, Vengeance est un livre assez moyen. Certes la plume est sympathique mais l'histoire à un arrière goût de déjà vu et certains passages clefs manquent cruellement de crédibilité. Bref ce n'est pas terrible... Heureusement les dernières pages sauvent la baraque. Avec une verve fantastique, Colin, inspiré, nous conte une bataille terrifiante et superbe. Il nous tient en haleine tout du long, nous la faisant vivre littéralement. Cinquante pages de bonheur, épiques, musclées, aux portes du génie. En résumé, Vengeance est en demi-teinte. Fabrice Colin peut faire mieux, c'est sûr. Il n'en reste pas moins dans ce livre de bons moments à savourer.