Dans l'Amertume, une étendue de brumes mortelles, les chimères rôdent.
Clervie, domestique sur le guet de More, passe ses journées au service de messer Sénoc, un éminent alchimiste. Entre préparation du feu bleu et relevés du front brumeux, toutes les précautions sont bonnes pour se protéger de l'Amertume.
Juste avant la grande marée, les hommes du bastion découvrent l'existence d'un chimèron, un hybride mi-humain, mi-chimère. Les inquiétudes s'accroissent avec la montée des brumes. Quelles sont les véritables intentions de cette créature ?
Lorsque Clervie découvre qu'elle a des facultés similaires à celles du chimèron, tout bascule : un lien se tisse entre eux, et elle doit maintenant choisir entre son cœur et ses devoirs.
Et si le chimèron n'était pas une menace, mais la preuve vivante d'un salut pour l'humanité ?
Paru en mai dernier aux éditions Scrinéo, Lea Muna signe avec Contrer les brumes un premier roman de fantasy qui mêle aventure, quête d'identité et question écologique.
Avec ce premier tome, l’autrice pose les bases d’un univers médiéval intéressant et original. Les criminels sont envoyés dans des forts pour combattre l’Amertume, cette brume qui s’étend peu à peu. Ce phénomène météorologique est dangereux : non seulement la brume envahit de plus en plus les territoires humains, ne laissant que désolation derrière elle, mais elle transporte aussi une multitude de spores nocifs qui provoquent maladie et folie. L’humanité s’est donc retranchée derrière des murailles et des forts, aidée du feu bleu qui repousse les particules ainsi que les chimères qui peuplent l’Amertume.
Clervie est une jeune femme qui a vécu une dizaine d’années au guet de More, à servir messer Sénoc, un éminent mestre. Recueillie lorsqu’elle était enfant, elle a grandi entourée d’hommes et de criminels dans l’un de ces forts, garde-fou contre l’avancement de la brume et des chimères. Bien que forte, pleine de bonne volonté et pragmatique, Clervie se voit obligée d’être discrète : une femme dans un monde « masculin », c’est une présence qui dérange et qui démange. Par le biais de notre héroïne, Lena Mura questionne avec subtilité la place de la femme et les différentes attentes de la société. Clervie sera régulièrement confrontée à sa légitimité et devra prouver sa valeur. Elle en tirera une force insoupçonnée, l’amenant à évoluer tout au long du roman. Profondément humaine, la jeune femme verra également ses certitudes bousculées avec l’arrivée du chiméron, un être hybride, mi-humain, mi-chimère. Clervie devra faire face à des dilemmes moraux : suivre les ordres ou ses valeurs, accepter la différence ou la repousser ? Est-il une chance ou une menace ? Quand le guet tout entier décide d’en faire une menace, doit-elle voir une porte de salut pour l’humanité dans les dialogues silencieux du chiméron ? Clervie parviendra-t-elle à percer les mystères de l’hybride avant la grande marée toxique qui s’annonce ?
Mon âme était grise, elle aussi ; grise comme les brumes, elle l’avait toujours été.
Une plume fluide et juste, des personnages bien écrits et un monde brumeux… Un premier tome qui se lit avec plaisir et qui ne laisse pas indifférent par sa lourdeur et son âpreté, donnant envie de percer les secrets de l’Amertume et de ses chimères.