Alain Damasio et la fin de ses romans

Commenter

Aurélien. a écrit:
Wow... Sacré message. D'un autre coté, un échange Systar/Damasio, à quoi d'autre s'attendre ?

Je serais un peu moins philosophique, et désolé si tu as déja répondu 50 fois à cette question, mais voila :
Je me demandais, quand tu rédiges un livre, sais-tu déja comment tu vas dérouler l'intrigue jusqu'au bout ou s'impose-t-elle en cours de rédaction ?
Plus spécifiquement, je me demandais si tu avais décidé de la fin de la Horde (et du fait que... haha non, pas de spoiler) dès le début du roman, ou si tu t'es soudain dit "Bon sang mais bien sûr, ça finira comme ça !"?

Admirativement,
Aurélien


Salut Aurélien, me voici de retour ce jeudi !

Mes romans sont écrits en plusieurs années, trois ans pour la zone et la horde, et avec des périodes de maturation longues avant d'écrire la première ligne. Mais je suis avant tout un batisseur d'univers et assez peu un narrateur si bien que je décide rarement dès le départ comment sera la fin. Pour la Horde, la fin a flotté assez longtemps et j'ai échaffaudé plusieurs hypothèses, fantastiques, oniriques, déceptives, etc avant de sentir que la seule fin possible, si je tenais à montrer que le but de la Horde compte moins que son chemin, que tout est déjà là, quand ils marchent, l'horizon de l'extrême-amont n'étant qu'un alibi, était… enfin, celle que tu sais. Ce n'est d'ailleurs pas que je trouve cette fin excellente, ni la meilleure, mais c'est la fin qui porte le clairement les valeurs que je souhaitais faire passer, à savoir que le but ne doit jamais être extérieur à la façon de l'atteindre, jamais transcendant au plan d'action, mais au contraire en découler, en sortir. C'est notre façon d'agir, de parler, de marcher, de conduire nos vies qui vaut, pas l'hypothétique but qui est, qu'on le veuille ou non, la mort au bout. La fin de la horde a été choisie pour ça : dire que la beauté, la joie, le lien intestin des hordiers, leur combat, vaut pour lui-même, par lui-même indépendamment de ce qu'ils atteignent.

Ainsi pour Golgoth : le but n'était pas d'atteindre la traceuse, de la rattraper : le but était de remonder, d'affronter le vent, chaque jour — et de la traceuse suffit le froufrou des pales et la trace imaginaire dans l'espace, pas l'obtention ou la conquête.
Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?