Alain Damasio et le discours qui accompagne l'oeuvre

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Lem a écrit:
Alain Damasio a écrit:
je peux tenir un discours sur l'engagement et y croire, sans me forcer. Ce qui m'inquète, par contre, c'est le passage de cette réception, de cette émotion/compréhension de la révolte à l'acte même, à la révolte même. On croit souvent subvertir et on ne fait que divertir, au final, très très souvent.

Je ne parlais pas du discours tenu dans les œuvres. Les œuvres sont les œuvres. Elles vont et viennent, elles vivent leur vie dont on ne sait pas grand chose, c'est très bien comme ça. Je ne vois pas de raison de ne pas produire d'œuvres, aujourd'hui, au contraire. C'est la tenue d'un discours militant public comme justification/point d'ancrage de l'œuvre dans le réel qui me paraît problématique. Que l'éponge se saisisse des œuvres et les fasse circuler comme marchandises ne pose aucun problème et n'empêche rien, surtout pas le contact poétique avec quelqu'un d'autre qui met le nez dedans. Ce que je trouve presque impossible, c'est le fait d'accompagner cette circulation par un discours engagé. Même après sa circulation, l'œuvre est intacte, elle peut encore être reçue dans le silence et parler d'elle-même. Alors que le discours autour est pratiquement condamné à disparaître dans le bruit blanc (à moins d'être posé dès le départ comme promotion évidemment). Faute de mieux, ne rien dire d'important quand on a une œuvre à défendre me paraît être une solution pratique mais ce n'est pas très enthousiasmant…


Re-salut Serge,

Oui, ce que tu dis est très juste. Le discours qui accompagne l'oeuvre est sans doute inutile ou simplement producteur d'un énième bruit saturant le bruit blanc. Je plains infiniment les critiques : comment amener quelqu'un à un livre aujourd'hui ? Comment rendre quelque chose visible dans la saturation des phares ?
Le discours engagé s'est démonétisé parce qu'il reste un discours et prétend à l'acte. C'est très ennuyeux ! Crying or Very sad

Et pourtant, il y a une vraie attente autour de l'engagement… je ne sais pas.
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