BD : Un article sur Bilal

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Claude Ecken vient de republier sur Génération SF nommé Les métamorphoses de Bilal.

Il date de 1983.

Voici le début :
Il y a une obsession de la transformation chez Bilal. On ne trouve pas seulement des mutations incontrôlées comme celles des militaires de La Croisière des Oubliés, Full-Sarma 2 démesurément agrandi, Orlaon multiplié à l'infini, mais aussi des changements physiques volontaires (les jambes factices de Théodule Bourdon, hybride d'humain et de robot). Dans les deux cas, si l'étonnement et la surprise sont au rendez-vous, la valence émotive n'est pas la même. Tant qu'elles demeurent apparentes, isolées et identifiables, ces transformations n'apparaissent que comme des aberrations dans un univers ordonné, quelles ne parviennent pas à réellement perturber. Elles n'affectent que des individualités défavorisées par la chance, suscitant pitié, horreur ou d'autres sentiments qui ne troublent pas la raison. Mais dès l'instant où les métamorphoses se multiplient ou deviennent subtiles au point de ne plus être décelables, l'univers bascule dans l'incertitude du conjectural. Dans Drame colonial (bis) s'il est encore possible de distinguer Théodule Bourdon de la mécanique, elle n'est plus possible dans Au Nom du fer, du fil, où il y a substitution entre l'homme et le robot. Cela va encore plus loin dans La Foire aux immortels où chacun sait n'avoir affaire qu'à des simulacres et tente de deviner ce qui se cache derrière les apparences : les anges n'en sont pas vraiment, pas plus que l'évêque ne lévite réellement, derrière la figure d'Alcide Nikopol se cache un dieu égyptien, etc. Le chat n'est pas un inoffensif félin, au pelage certes surprenant, mais un télépathe. Il pourrait aussi être l'incarnation animale de la déesse Bastet... La peur se mue en angoisse dés que la réalité des choses se dissimule derrière les apparences. La raison de Nikopol et celle de Choublanc n'y résisteront pas.
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