La quatrième saison de la série Black Mirror est disponible depuis décembre dernier sur Netflix. Black Mirror (en références aux écrans d'ordinateurs, smartphone...) est une anthologie télévisée créée par Charlie Brooker . Chaque épisode, indépendant les uns des autres, abordent une facette d'une nouvelle technologie et extrapolent sur les conséquences et les abus possibles qui pourraient en découler ans un futur proche.
D'abord diffusée sur la chaîne anglaise sur Channel 4 de 2011 à 2014 en deux saisons de trois épisodes chacune, elle est produite par Netflix depuis 2016 pour ses saison 3 et 4 qui compte .désormais 6 épisodes.
La saison 3 avait reçu un avis mitigé : qu'en est -il de cette saison 4 ? On commence avec l'avis autant synthétique qu'enthousiaste d'Anthony S. :
La saison 4 de Black Mirror nous offre six nouveaux épisodes d’anticipation et de dystopie avec pour toile de fond les avancées technologiques et leurs dérives. Six épisodes indépendants, comme à l’accoutumée dans Black Mirror. Un jeu vidéo aux airs de Star Trek plus vrai que nature (USS Callister), un système de surveillance infantile encore plus performant (Archangel), une enquête dans la mémoire des témoins qui dérape (Crocodile), une application pour trouver le grand amour (Pendez le DJ), un monde post-apocalyptique où les humains sont traqués (Tête de métal) , un musée des horreurs criminelles en déclin (Black Museum)… Une fois encore, cette dernière saison de la série crée par Charlie Brooker saura vous glacer le sang autant qu’elle vous fera prendre conscience des dérives liées à la technologie et à son utilisation. Avec des épilogues toujours surprenants, une photographie variée et adaptée aux thématiques abordées, toujours au service de l’ambiance. Le casting est lui aussi encore une fois une réussite.
Vous pourrez entre autres, y retrouver Jesse Plemons, que vous aurez peut-être croisé dans la saison 2 de Fargo aux côtés de Kirsten Dunst, qui elle aussi fait une apparition dans ce même épisode. Ou encore Joe Cole, pour un rôle étonnant, à contre-emploi de celui qu’il a dans la famille des Peaky Blinders. Vous l’aurez donc compris, cette dernière saison de Black Mirror confirme les promesses de cette série descience-fiction incontournable.
Bienvenue dans notre futur probable !
Un avis tout aussi enthousiaste, celui de Bertrand Campeis (Guide de l'uchronie) :
Black Mirror, c'est tout d'abord une série britannique sans concession. Adepte d'un ton noir et d'un cynisme que l'on pourrait qualifier de typiquement britannique. Netflix rachète la série et décide de lancer des saisons composés de 6 épisodes, chacun nous montrant un travers de notre société moderne. Une sorte de Twilight Zone moderne. Après une saison 3 comportant quelques épisodes faibles d'un point de vue scénaristique et juste intéressants visuellement (Playtest, Tuer sans état d'âme, Haine virtuelle), la série réussissait à nous surprendre avec d'autres qui marquaient : que ce soit le premier épisode, Chute Libre, jouant sur l'importance que l'on se donne (et la mise en perspective d'un système Facebook dans la vraie vie où toutes vos actions sont notées et vous donnent accès à certains privilèges). La série m'a personnellement retourné avec deux épisodes : Tais-toi et danse, qu'on regarde jusqu'à la conclusion sans sourciller tellement on est pris par le pitch et San Jupitero, pur épisode de SF et magnifique histoire d'amour avant tout. Après cette première saison, Netflix allait-il réussir à transformer l'essai ou en ferait-il un pétard mouillé ?
Dire que le premier épisode, USS Callister, a mis tout le monde d'accord est un pléonasme : d'un point de vue scénaristique il est brillant, bluffant et extrêmement bien foutu. En dire trop sur lui le desservirait, et il faut que vous vous rendiez compte au fur et à mesure que vous avancez dedans à quel point il est juste fantastique.
Le deuxième épisode, Arkangel, est réalisé par Jodie Foster (perso mon cerveau a juste dit mazette puis a demandé à ma mâchoire de revenir à sa position initiale). Et si vous pouviez surveillez votre enfant en voyant à travers ses yeux ? Afin de mieux la surveiller, de la retrouver plus rapidement si elle se perd. Partant d'une peur typiquement parentale, l'épisode nous montre à quel point vouloir régenter la vie d'une personne, fût-ce votre propre fille, fût-ce "pour son bien" n'est qu'une piètre justification pour pouvoir expliquer un comportement par trop moralisateur. Je le fais parce que je peux le faire. Et je sais ce qui est bien. L'enfer est toujours pavé de bonnes intentions n'est-ce pas ?
Crocodile, révèle un certain nombre de charmes mais s'avère très facile d'un point de vue scénaristique : un jeune couple revient bourré et défoncé d'un concert. Lors du voyage, le conducteur renverse et tue sur le coup un cycliste. Paniqué et voulant à tout prix éviter la prison, il convainc sa petite amie de l'aider à faire disparaître le corps. Des années plus tard, alors que chacun a fait sa vie, il recontacte son ex et lui avoue qu'il souhaite avouer. ça vous plairait de voir Machin, qui tient votre vie entre ses mains avec cette déclaration, se lamenter sur la connerie qu'il vous a forcée à camoufler et qui risque de vous envoyer en taule pour perpét ? Et bien pas l'héroïne. L'épisode repose sur deux idées très bien mises en scène : tout d'abord un appareil, qui ressemble à un mini-ordinateur qu'on croirait issu des années 70 et qui fait très Apple pour le coup. Il permet de transposer vos souvenirs en images sur l'écran (cela m'a rappelé la croyance qu'on pouvait photographier la dernière image directement dans la pupille d'un mort, fin XIXème siècle). Enfin il montre l'enchaînement des circonstances où un tueur est persuadé qu'il contrôle la situation jusqu'au bout...
Pendez le DJ est très beau et nous interroge sur notre relation à l'amour, sur les algorithmes des sites de rencontre pour nous aider à trouver chaussure à notre pied. Et se révèle attachant et juste de bout en bout.
Tête de métal s'avère être le plus éprouvant et le plus touchant : filmé en noir et blanc, raccourci à un format de 40 minutes (au lieu d'une heure) nous suivons la traque impitoyable d'un drone à l’encontre d'un petit groupe de survivants. Nous sommes dans un monde post-apo où la civilisation humaine s'est manifestement effondrée et où les machines de guerre (impossible de ne pas penser à un chien, ou un chat en regardant le drone) se sont retournées contre l'être humain. On vibre, on peste, on survit aux côtés des protagonistes. Et la fin vous retourne définitivement les tripes.
Le dernier épisode (Black Museum) se devait de boucler la boucle de manière parfaite. Il y réussit en fusionnant plusieurs idées et en partant dans une surenchère d'effets pyrotechniques qui le font terminer en véritable feu d'artifice. Point besoin de trop en dire, disons que vous allez visiter un musée des horreurs bien particulier. Et que le guide a plus d'une histoire sordide à vous raconter.
Au final c'est peu dire que cette saison s'avère être une véritable réussite. Un excellent cru qui fera que j'attends pour ma part celui de 2018 avec gourmandise. Alors oui, on pourrait conclure sur des mots tous faits : dystopie technologique montrant bien les travers de notre société actuelle. Sauf que tout le monde le dit. Je préfère conclure sur ses mots : Série montrant que quoi qu'il advienne, la technologie n'est qu'un moyen, un outil au service de l'être humain. c'est lui qui décide ce qu'il en fait.