Conférence sur La Sf Arabe à la convention de la SF française
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Conférence sur La Sf Arabe : 20/08/09
Compte rendu aimablement complété notamment pour les noms d'auteurs, par Kawthar
Kawthar Ayed, universitaire tunisienne, présente au public des éléments de sa thèse sur la SF Arabe
2009, nous dit-elle, est une année faste pour la SF Arabe: - en avril ont eu lieu des journées de travail pour les auteurs de SF organisées par l’ALECSO (L’Organisation Arabe pour l’Éducation, la culture et la science). -La même organisation (l’ALECSO) lance un prix de 10.000 dollars pour le meilleur roman SF. La remise des prix est prévue pour le mois de décembre 2009 - Il existe une revue de SF arabe : A Damas (un exemplaire a circulé dans la salle) - Un club de SF est en projet en Tunisie (un tel club a existé en 1996 en Algérie mais a disparu au bout de 2ans) - Le théâtre n'est pas en reste : une pièce d'anticipation est mise en scène à Tunis, une autre en Algérie et qui est une adaptation de Fahrenheit 451
Il existe donc bel et bien une SF arabe.
Les éditeurs se méfient un peu de l’étiquette SF qui constitue à leurs yeux une occidentalisation de la littérature arabe. Dans les années 50-60, quand émerge la SF arabe, l’étiquette n’existait pas. On parlera de « nouveau genre », sans le nommer. Dans les années 60-70 apparaît en Égypte le terme « roman scientifique » sur les couvertures des romans de Nihad Sherif, qui est d’ailleurs considéré comme le pionnier de la SF arabe. Mais on ne parlera de Science-fiction qu’à partir de la fin des années 70. Après les années 80 c’est le foisonnement de textes SF : on en retrouve au Kuweit comme en Arabie Saoudite, en Tunisie comme en Syrie. Évidement ce n’est pas le même rythme de production ni le même contexte éditorial car l’Égypte et la Syrie demeurent les pays où la production SF est la plus importante.
Le terme en arabe (khayal ilmy) traduit littéralement renvoie plutôt à « fiction scientifique » qu’à science fiction.
Il s'agit essentiellement de textes d'anticipation. Très rares sont les uchronies. Beaucoup de dystopies, peu d’utopies.
Un auteur égyptien, Nabil Farouk, s’est spécialisé dans les utopies militaires (plus de 150 volumes) depuis la fin des années 80. Alors qu’à la même époque en Syrie s’est développé un autre courant SF anti-militaire et humaniste mené par Taleb Umran. « Utopie militaire » interpelle le public qui veut en savoir plus : il s’agit de récits se déroulant en Égypte, désormais pays très développé mais qui s’engage dans des guerres défensives, le bonheur assuré pour tous est défendu par la guerre contre les Extra-terrestres, les américains, les israéliens, etc. L’ennemi est extérieur. Pas de dissident intérieur, pas de remise en cause du système.
Kawthar Ayed rappelle qu’il existe également des auteurs de SF arabe femmes et en cite deux qui sont également des scientifiques et écrivent des textes à tendance féministe sur le clonage et la génétique : par exemple, une société où la femme s’auto-reproduit sans hommes malgré l’opposition des quelques couples survivants.
Kawthar cite les critiques faites au genre, notamment par Najib Mahfouz, un célèbre écrivain égyptien, qui explique l’urgence qu’il y a à critiquer le présent et à s’y cramponner plutôt que s’intéresser au futur. Mais un auteur SF marocain explique dans la préface de son roman (Le Déluge Bleu), que les textes de SF contribuent à la vulgarisation de la science et transportent des idéaux humanistes.
L’intervenante déplore cependant que les auteurs de SF arabe se trouvent relativement isolés et se croient seuls à écrire dans ce genre. Beaucoup d’auteurs de SF le sont de fait. Ils écrivent des textes qui relèvent de la SF sans même connaître l’étiquette. Néanmoins, elle espère que la création récente d’une convention SF arabe par Taleb Umran et soutenue par l’ALECSO peut créer un échange certes nécessaire entre les différents auteurs arabes. Ketty
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