Un article de Marc Atallah, directeur de la Maison d'Ailleurs, à retrouver
sur le site de l'Hebdo.
Il est évident qu'une fiction intéressante est une fiction qui provoque des émotions: on vibre, on rit, on pleure, on angoisse, on espère, on désire, on attend, on... Bref, on éprouve un récit - on ne le subit pas. Il y a une quête - remplie ou non - et c'est cette quête qui nous accroche et nous tient en haleine. Sans cette quête, le roman ou le film n'a aucun intérêt: le roman, selon le théoricien Lukacs, est "l'épopée d'un temps où [...] la vie est devenue problème, mais qui, néanmoins, n'a pas cessé de viser à la totalité". Autrement dit, le roman est la quête de l'individu moderne qui cherche la totalité (le savoir absolu, le pouvoir absolu, l'amour absolu, la richesse absolue, etc.) pour donner sens à sa vie, tout en sachant pertinemment que cette totalité est inacessible. D'où l'aspect tragique de la plupart des romans...