Entretien avec Roger Blondel (et B. R. Russ)

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Dans le dernier numéro de Galaxies, on peut lire un dossier sur Roger Blondel (et B. R. Russ) à l'intérieur duquel on retrouve une ancienne interview réalisée par Jean-Pierre Andrevon en 1973. 

Extrait : 

Citation:
J.-P. Andrevon : (...) Je voudrais plutôt revenir en arrière au sujet de votre réflexion sur le fait que la science-fiction n'est pas près d'apporter des réponses : est-ce que vous croyez qu'elle, au moins, porter des avertissements Est-ce qu'elle a une fonction sociale ? 

Roger Blondel : Toute littérature, depuis que la littérature existe - et ça ne date pas d'aujourd'hui - a une fonction sociale, économique, religieuse... La science-fiction a une fonction considérable : elle intéresse surtout les jeunes, et c'est une bonne chose. Qu'est-ce qu'elle leur apporte ? Elle leur apporte une vue absolument nouvelle sur l'avenir et les possibilités de l'espace humaine. Nous vivons dans une période extrêmement mouvante, troublé, dangereuse, pénible pour beaucoup de jeunes qui envisagent l'avenir avec inquiétude, qui sont plus souvent angoissés que révoltés, et révoltés parce que angoissés. L'angoisse n'est pas un bon sentiment pour envisager l'avenir, ils ne voient pas d'issue, d'ouverture. Les vieilles croyances ont changé, et tout ce qu'il est advenu au cours du siècle dernier a changé non seulement le panorama intérieur des individus, la façon qu'ils ont de s'interroger, d'interroger le monde. Et personne ne leur donne de réponse ! Que leur apporte la science-fiction ? Une évasion, un paysage mental différent de celui qui nous entoure mais plus que cela : elle leur apporte des ouvertures sur l'univers. Un écrivain que je tiens pour un des plus grands de la langue française, Paul Valéry, a écrit avant la guerre : "le temps du monde fini commence". Il voulait dire par là que notre planète était maintenant un tout fini, où il n'y avait plus de tache blanche sur la carte, que notre monde était rapetissé... Depuis, il s'est passé beaucoup de choses, la principale étant l'amorce de la conquête de l'espace. (...) Mais le fait qu'il ait commencé à prendre le pied, d'une façon symbolique bien que tout à fait réelle, hors de son domaine natal, permet d'espérer qu'il ira beaucoup plus loin, qu'il ira où va déjà la science-fiction. Et ce qu'ele apporte, c'est une vision de l'infini.
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