"Fictions anticipatrices à visée politique" est un article de Roger Bozzetto iniatialement paru dans la revue Eidôlon en 2006, dans le cadre du dossier "Fictions d'anticipation politique".
Il est désormais consultable sur le site des 42.
Les anticipations politiques ont un passé qui les a fait à leurs débuts confondre avec l'utopie, et donc figer en dehors de l'Histoire. On se souvient en effet qu'Utopus coupe le cordon ombilical d'avec la terre ferme, lieu de l'Histoire, pour se réfugier dans l'ailleurs imaginaire d'une supposée perfection. Mais dès l'époque des Lumières, le futur, comme le bonheur selon Saint-Just, devient une idée neuve en Europe. Il se présente alors différent de l'image ancienne, qui en niait l'existence avec l'Ecclésiaste, pour qui « il n'y a rien de nouveau sous le Soleil », ou bien y voyait un simple reflet dégradé du passé, constitué des âges d'or, d'argent et de fer — où l'on se situait alors. Le premier ouvrage qui prend en compte cette nouvelle orientation est sans doute l'An deux mille quatre cent quarante : rêve s'il en fût jamais de Louis Sébastien Mercier (1771 & 1786). Il pratique, l'un des premiers, l'anticipation politique.