Tout pareil, je ne regrette pas le temps passé dessus. Mais je suis passé un minimum à côté aussi. Je peux te reprendre, m'impliquer a été difficile. Il y avait des signes, des allusions quant à la vie de Charlotte qui la rendaient intéressante : sa façon de se considérer et d'avancer, la voie qu'elle choisissait pour se "dépasser". Seulement, on n'a pu suivre tout ça que de loin, à cause d'une structure un peu éclatée. Entre ces "épisodes", il y a de l'ellipse bien sûr. On perd la maîtrise sur le destin de ces personnages, ou au moins un droit de regard (je prendrai jamais assez de pincettes!) sur leur devenir. Ca finit par se reveiller vers la fin, au moins pour Charlotte, tandis que Vinh est plus opaque, à sa façon. Mais même pour lui, il y a des indices qui renseignent sur son évolution.
De ce point de vue là, dans le récit, c'est à la fois des portes qui s'ouvrent et se referment. Je ne nie pas que ce soit fait avec subtilité, mais c'est un point qui m'a un peu ennuyé.
De la même façon, si j'ai trouvé la narration plutôt efficace, il y a un moment où j'ai plus ou moins décroché sur les enquêtes, qui n'en révèlent pas tant sur les personnages que sur Cleer. Là où ça me pose problème, c'est qu'à osciller entre démonstration factuelle et absence de prise de position (même si là n'était pas l'intérêt, j'en conviens), la portée réelle du texte m'a petit à petit échappé. Une bonne idée mais qui n'a en tout cas pas reçu le traitement que j'aurais pu en attendre.
Voilà, disons que le livre ne m'a pas emballé tout du long. Finalement, il y a quelque chose d'un peu convenu dedans, dans l'idée d'un "rien de vraiment neuf à l'horizon".
J'ai la sensation que la fin donne une direction "attendue", mais que ça aura été un peu laborieux pour arriver à une telle conclusion.
Je situerais le côté bourrin non pas dans la narration, mais dans le développement de certaines situations, dans la dimension "thriller" souvent mise en avant. Pour moi, ce n'était pas l'objet d'intérêt principal.
Pour le glissement "vers la fantasy", je cherche encore ce qui pourrait s'en rapprocher. Ca ne me dérange pas du tout, je ne suis pas allé vers Cleer avec l'envie d'en trouver, mais j'ai pensé à du fantastique plus qu'autre chose. Quant à un éventuel, ultime point qui pourrait prêter à discussion à ce propos, je trouve l'allégorie au moins aussi parlante que peuvent l'être les faits relatés.
Finalement, j'aurais aimé que ce soit plus long, plus insidieux du point de vue des personnages. Même si je me doute que d'un autre point de vue, ne serait-ce qu'éditorial, ça aurait été une autre paire de manches. Quoique, je n'en sais absolument rien, en fin de compte.
Histoire de rendre ma soupe moins amère, je trouve quand même que l'auteur s'est attaqué à un truc pas évident. Question de traitement, de choix...?
markus