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Dominique Douay a écrit en 1978 « Michel Jeury a dit un jour : « la moitié des auteurs de SF sont paranos, les autres sont mégalos, et moi ils m’en veulent tous parce que je suis le meilleur. » Boutade bien sûr – mais n’est-ce que cela ? La vérité oblige à reconnaître que, de par ses structures, nées au cours des années de vache maigre, à présent pérennisées par les Conventions, le « milieu SF » présente le terreau le plus favorable qui soit à l’éclosion de la paranoïa. Les signes – sinon les preuves – de cet état de fait sont à rechercher, par exemple, au fil des numéros de Fiction, dans les règlements de compte qui émaillent les chroniques et traduisent le plus souvent des conflits de pouvoir. Pouvoir sur qui, pouvoir sur quoi ? Dans la SF française, les papes sont légions, et leurs ambitions ne sont pas forcément identiques : pour un tel, il s’agira de s’instituer porte-parole de toute la SF française, pour tel autre de s’ériger en guide et censeur de l’un de ses courants. Tout ceci n’a à l’évidence aucune incidence sur le marché de la SF et ne présente pour le lecteur aucun intérêt autre qu’anecdotique. » (Dominique Douay, « Le New Look de la SF française : prêt à porter ou confection ? », Fiction 289, janvier-février 1978, p. 166) |