La chronique "Mauvaise foi" de Beigbeder de ce mois-ci dans le Lire est interpellante. Elle parle de la publication de brouillons et du rôle que peut avoir l'éditeur... A lire
ici (page 8 - cliquer pour agrandir).
Cachou
Il soulève effectivement un point crucial - et je suis également de son avis pour Raymond Carver. Mais là, on met le doigt sur les limites du truc : Carver n'aimait pas ses textes édités, il y voyait un détournement de son projet. Son éditeur agissait au nom de l'idée qu'il se faisait de la littérature, Carver au nom de l'idée qu'il se faisait de lui-même en tant qu'écrivain. Les deux étant irréconciliables, il y a eu rapport de force. Carver a fait la carrière que l'on sait.
Le numérique est censé permettre à l'écrivain de s'affranchir de ce rapport de force. Il y aura des fois où ce sera salutaire. Certains lecteurs préféreront sans doute le Carver d'origine. Mais la conclusion de Beigbeder est glaçante, et sans doute juste. Sans éditeurs pour conduire nos livres jusqu'au bout d'eux-mêmes, on ne nous lira plus.
Jean-Claude Dunyach