Une trilogie parue en 1989 chez Fleuve noir (depuis réédité chez Eon, trés bonne initiative selon moi). Etant assez fasciné par le thème des civilisations préhistoriques (décalage avec mon imaginaire d'enfant hanté par les dinoasaures, sans doute), étant également attiré par les couvertures sublimes de Sanahujas (avec une réserve sur celle du troisième tome), l'achat était inévitable pour moi.
Je pensais lire un divertissement sympathique et bien ficelé, j'ai découvert quelque chose de bien plus subtil.
A voir l'argument (l'existence d'une civlisation préhumaine à l'époque carbonifère, il y a 300 millions d'années) on se doute qu'on a pas affaire à de la hard science. En vérité, on s'en découvre bien plus éloigné encore lorsqu'Alain Paris nous fait vivre une Pangée (le continent unique de l'époque) qui ferait hurler les paléontologues, ou les amphibiens, insectes géants et forêts de fougères sont remplacés par une faune et une flore anachroniques emprutant essentiellement à l'ère tertiaire ou même à notre époque. On voit qu'on est plus proche d'une fantasy sans magie (à l'exeption d'une touche fantastique dans le troisième tome) que d'une véritable science-fiction. Les amateurs frustrés de fantasy originale suivront mon regard.
Quid de l'intrigue ? La trilogie entremêle trois destins individuels, qui donneront chacun son titre à un tome (pas toujours avec pertinence amha) : le barbare Dal Refa'i, l'affable aritstocrate Joal ban Kluane et le guerrier Sassar.
Le tout est resseré sur trois tomes de 180 pages en moyenne. Pas besoin d'en faire plus, car il n'y a dans ce roman aucun enjeu tolkiennesque de salut mondial. Vous l'aurez deviné, c'est l'extinction de la civilisation préhumaine que va nous conter l'auteur de la Terre creuse, dans un déluge de sang et de fureur, entre cataclysmes naturels, désagrégation sociale, et la grande guerre dévastatrice dont Dal Refa'i sera le leader illuminé.
Comme vous vous en doutez, cela n'est pas gai. C'est même noir, très noir, d'une violence peu commune et d'un certain cynisme. Et l'interêt de cette noirceur est qu'elle ne tient pas seulement à une succession ennuyeuse de catastrophes (qui sont plutôt bien amenées, d'ailleurs) mais à des destins individuels, ceux des trois héros notamment recelant de véritables accents shakespeariens.
Le style d'Alain Paris ne fait pas forcément d'étincelles (il manque de fluidité et de naturel par moment ) mais le monsieur posséde néammoins un véritable talent de conteur pour nous faire vivre cette épopée à la fois furieuse et d'une poésie d'imagination trés wulienne.
Bref, Pangée c'est bon, mangez-en !
Soslan