Hier, je suis allée faire mon tour hebdomadaire dans la librairie près du magasin où je fais mes courses (détail très intéressant, je vous l'accorde) et qui a un rayon jeunesse assez bien fourni. J'avais dans l'idée de me procurer le dernier Johan Heliot dont on parle beaucoup ici. Mais pas moyen de le trouver. Par contre, le rayon était rempli (rempli (rempli)) de toutes les dernières sorties Blackmoon et associés (on aurait dit "La guerre des clones", c'était perturbant).
Je ne vais pas mentir, j'ai lu et apprécié quelques livres de bit-lit au début, avant que la chose n'ait un nom, suite aux conseils de ma bibliothécaire jeunesse (celle qui m'a vu grandir et qui maîtrise parfaitement mes goûts. C'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai découvert l'univers d'Harry Potter, que je regardais avec beaucoup de méfiance - et de dédain, il faut le dire). J'ai lu et apprécié Stephenie Meyer (oui, c'est mal écrit, l'idéologie est très douteuse, mais ça se laisse lire tout seul, c'est de la littérature facile et délassante, il en faut aussi parfois, et, surtout, c'étaient les premiers livres de ce style que je lisais - j'ai essayé de les relire depuis, juste pour voir, et je ne peux plus les supporter non plus). Puis je suis devenue prof, et j'ai commencé à essayer de lire ce que mes élèves aimaient, pour pouvoir leur en parler et éventuellement leur conseiller d'autres choses plus élaborées dans le genre. Mais là, je n'en peux plus. J'en ai ras-le-bol des "Gone", "Epouvanteur" et autres "Everworld".
J'ai justement rencontré ma bibliothécaire jeunesse dans ce rayon hier, et on a commencé à parler de ce dégoût que l'on ressentait pour ces titres. Elle comme moi avons des raisons et différentes et pourtant similaires de nous retrouver à devoir lire ce type de livres, mais moi j'ai encore le loisir de pouvoir dire "stop, c'est bon, je ne veux plus voir un livre de ce type avant, au moins, mes quarante ans on va dire". Et on se demandait si, à un certain moment, les lecteurs n'arriveraient pas à une forme de ras-le-bol eux aussi. Mais force est de constater, quand on fait le tour des blogs, que ces livres ne lassent pas. Au contraire, ils semblent devenir de plus en plus populaires et prennent la place d'autres livres jeunesse - et adultes grâce à Milady entre autres - qui auraient pu avoir une vie honnête sans eux. Je me demande par exemple si Marie-Aude Murail, la papesse du livre français pour jeunesse (que j'aime toujours autant alors que je la lis depuis mes 13 ans), va faire un chiffre d'affaire aussi important que d'habitude. Son dernier livre n'était qu'à trois exemplaires sur le présentoir et était noyé sous les "Journal d'un vampire" et autres "16 lunes" (dont mes élèves n'arrêtent pas de me parler, mais rien à faire, je n'ai plus le courage).
Qu'en pensez-vous, ressentez-vous aussi ce ras-le-bol envers ce pan de la littérature jeunesse qui dévore tout le reste et s'auto-alimente de telle manière que le phénomène semble ne plus avoir de fin? Au départ, je dois dire que je pensais que ça allait être une chance pour la littérature de genre d'être mieux reconnue mais maintenant, je ne sais plus. En tout cas, je peux vous dire que si je lis encore la description d'un jeune homme étrange (très) beau, aux pectoraux et à l'abdomen très dessinés, (très) riche, (très) cultivé mais un poil dédaigneux et obscur, je déchire le livre!
(c'était mon coup de gueule du samedi matin)
Cachou