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Pierre Assouline revendique le statut de « traducteur créateur » ou « traducteur coauteur » pour les œuvres traduites… Estimez-vous que le travail des traducteurs littéraires soit reconnu en France par le public et les médias en général ? Entre traducteurs, on a coutume de dire, « Quand un critique a apprécié un livre étranger publié en français, il souligne la qualité de l’écriture. Quand il ne l’a pas aimé, il dit qu’il est mal traduit. » Ça reste encore très vrai, malheureusement. Dans le même genre, un grand lecteur de science-fiction m’a dit un jour qu’il préférait lire des auteurs anglo-saxons (en français), car « ils écrivaient mieux que les Français. » Je lui ai dit alors qu’il devait cette impression au travail du traducteur, qui a souvent à cœur de gommer les défauts d’un texte original, sachant que dans le cas contraire, on ne manquera pas de le rendre responsable de ceux-ci… Ça a été comme une révélation pour lui. Depuis plusieurs années, les sites de vente en ligne référencent les ouvrages à la fois sous le nom de l’auteur et celui du traducteur, mais c’est loin d’être la règle dans la presse écrite, sans parler des blogs… J’ai parmi mes contacts Facebook un libraire spécialisé dans les littératures de l’imaginaire qui publie régulièrement sur son profil des fiches présentant les nouveautés dans ce domaine. À deux ou trois reprises, je lui ai gentiment fait remarquer qu’il oubliait systématiquement le nom du traducteur. Il m’a répondu qu’il scannait la quatrième de couverture, et comme le nom du traducteur n’apparaît généralement pas sur celle-ci… Il me semble que ça ne demande pas un gros effort d’ouvrir un livre à la page de garde pour se renseigner, mais bon… J’ai bien compris que je l’embêtais, alors j’ai cessé d’insister. Même les sites des éditeurs ont tendance à omettre le nom des traducteurs des livres qu’ils publient ! Pour ma part, j’avoue n’avoir ni le temps ni l’envie de traquer ces omissions. Certains confrères sont plus pugnaces… |