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Tu as écrit trois nouvelles en rapport avec le temps : "Menuetto da capo al fine" traitant de voyage dans le temps et d'uchronie ; "Ders des ders" une superbe uchronie sur une autre Première Guerre mondiale (mais pas seulement) ; et "Force de vente" traitant du voyage dans le temps mais de manière très humoristique. A chaque fois on y trouve un sujet complètement différent, une sensibilité humaine et une réflexion douce-amère sur l'histoire, pourrais-tu revenir sur la création de chacune de ses nouvelles, de l'idée à l'écriture, le temps que cela t'as pris, ta technique d'écriture, et le regard que tu portes aujourd’hui sur chacune de ses variations temporelles ? Merci de tes compliments... Des nouvelles en rapport avec le temps, j'en ai d'ailleurs écrit d'autres, mais en matière de SF, s'intéresser à ce sujet n'est pas très original ! Il est toujours difficile de parler de textes que l'on écrit il y a longtemps. "Menuetto...", j'ai dû le commencer en 1989 ou 90, et le terminer à la fin de 1991 ; "Der des ders" a eu une gestation plus courte, un peu moins d'un an, quand même ; quant à "Force de vente", cela a été aussi long. En fait, je travaille un peu comme un ébéniste avec de la laque : par fines couches successives avec séchage, puis polissage ! Et des couches, il peut y en avoir des dizaines... Il faut bien que ça s'arrête un jour, mais je continuerais volontiers ainsi, sans fin. D'ailleurs, de ces trois textes, seul "Der des ders" trouve aujourd'hui complètement grâce à mes yeux. Au départ, il n'y a que rarement une histoire, souvent même pas de plan préétabli, mais une idée, parfois minuscule, et qui peut éventuellement presque disparaître dans le texte définitif. Pour "Menuetto", c'était : comment aurait réagi Mozart s'il avait pu écouter du Schuman, ou du Bill Evans ? La réponse, "ma" réponse, est : il ne l'aurait quasiment pas "entendu" ! Pour "Der des der", indépendamment du désir d'écrire une histoire à plusieurs voix, l'idée c'était : on ne peut pas changer l'histoire. C'est une idée parfaitement anti-uchronique, je l'accorde : j'y imagine, dans un contexte technique différent, une guerre de 14 considérablement raccourcie au profit de la France, mais, quelques décennies plus tard, un épisode final se déroulant à Lyon, alors occupée par les Allemands : plus ça change, et plus ça redevient plus ou moins pareil… |