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Le Crâne parfait de Lucien Bel, votre troisième roman, se déroule lors de la Commune de Paris. Pourquoi le choix de cette période historique entre toutes ? Le Crâne parfait de Lucien Bel traite un sujet qui me tient à cœur, celui du romantisme politique, c’est-à-dire des dangers d’un certain idéalisme et du rejet de la réalité. Au sortir des Jours étranges de Nostradamus, je voulais approfondir ma réflexion sur le thème de la réalité. Mais, là où mon Nostradamus choisissait un traitement très Dickien du sujet (un Philip Dick historique !), je voulais montrer avec Lucien Bel que les glissements de réalité pouvaient se trouver dans les pages très réelles de nos livres d’Histoire. La Commune de Paris est, pour moi, caractéristique de ce type de dérives. C’est une période chargée d’une imagerie politique très lourde et pour laquelle il est infiniment difficile de se représenter ce que pouvait être la vision « caméra à l’épaule » d’un Parisien de l’époque. En creusant mon sujet, dans la bibliographie, je me suis rendu compte que, sur le terrain même, à l’époque, les gens vivaient dans des réalités parallèles et que des décisions mortelles pour des milliers de personnes pouvaient être prises à partir d’images, de rêves, d’idéaux complètement déconnectés de la réalité des faits. Quand les premiers soldats versaillais sont entrés dans Paris pour débuter le plus grand massacre perpétué dans la capitale (30 000 morts), à l’Assemblée de la Commune on palabrait sur la séparation de l’église et de l’état… Le grand mythe du cortège des francs-maçons est un autre exemple fascinant : des grands discours, du grand théâtre, et toute l’hagiographie maçonnique pour seulement 3 minutes de négociations avec Adolphe Thiers… Et contrairement à ce qu’il peut sembler (…), je me suis, dans ce roman, abstenu de tout discours critique. J’y montre la réalité avec l’œil naïf de Lucien Bel. Un homme insensible aux mots et au grand théâtre et qui ne voit que des gens : de braves gens, pour l’essentiel, ceux qui essaient de survivre et ceux qui commettent le seul péché de rêver au lieu de réfléchir. En fait, l’une des morales du Crâne parfait de Lucien Bel (elles sont nombreuses !) pourrait être que l’enfer est pavé de bonnes intentions… |