Interview Olivier Paquet

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Olivier Paquet inaugure une série d'interviews sur le blog de la librairie Critic. Il parle notamment de son prochaine roman, Le Melkine, à paraître en octobre chez L'Atalante. 

Extrait : 

Citation:
Tu publies bientôt aux éditions L'Atalante Le Melkine, premier volet d'une trilogie de space-opera dont nous avons pu lire un petit avant-goût dans l'anthologie Destination Univers, avec une belle nouvelle intitulée le Khan Mergen. Peux-tu nous présenter cet univers, les romans à venir ? 

Pour résumer le plus simplement possible l'univers de l'Expansion où se déroule le Melkine, je dirais que je décris une civilisation humaine interstellaire sur une trentaine d'années et que je m'intéresse au moment où la découverte de la communication instantanée va en saper les fondations et l'amener au bord de la destruction. Par rapport à la nouvelle parue dans Destination Univers et qui est une sorte de préquelle, on retrouve dans cet univers un jeu sur la culture, sur les cultures, que je manipule comme une matière et que je confronte à la technologie, au futur : mayas vivant sur des îlots suspendus dans le ciel, japonais traçant dans l'air leurs émotions, etc. Cette démarche (qu'on retrouve dès Structura Maxima) d'ancrage d'un monde dans une identité culturelle identifiable, elle est démultipliée avec le Melkine. 

L'autre élément, et c'est pour ça qu'il s'agit d'une trilogie, c'est que ma formation de science politique me conduit à m'intéresser au temps long, aux changements des sociétés qui ne sont pas le fait d'un gouvernant ou d'une autorité. Non seulement on suit quatre personnages principaux à 15, 30 et 45 ans, mais on suit aussi l'évolution des technologies et des mentalités. On navigue perpétuellement entre l'intime, l'individuel, et les bouleversements à l'échelle de l'humanité. D'une manière générale, le Melkine traduit les effets des technologies de la communication (comprendre : internet) sur nos schémas culturels. Nous sommes bombardés d'influences culturelles variées (hollywood, manga, pop coréenne) qui modifient nos manières de manger, de ressentir, de voir le monde beaucoup plus que les lois, et même les acteurs économiques sont parfois dépassés par ces échanges (voir l'échec de la lutte contre le piratage). Dans ce métissage, comment conserver sa voix ? Va-t-on vers un grand ensemble uniforme et uniformisé, où nous existerions débarrassés de toutes nos différences ou peut-on construire des communautés de particularismes qui interagissent et se recomposent selon les désirs de chacun ? Le Melkine parle de tout cela, évoque tout cela, mais en offrant un monde différent du nôtre, tout à la fois ludique (parce qu'on ne sait jamais totalement quand je m'appuie sur des faits culturels précis et quand j'invente) et épique (parce qu'on est dans l'espace et qu'on a les moyens d'en mettre plein la vue sans se restreindre).
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