Yannick Rumpala, maître de conférences à l'Université de Nice est en interview sur le site du Bélial à propos de sa préface du livre de Thomas Day. On le connait bien chez Actusf puisqu'il a écrit
un article autour de Ian Banks.
Extrait de son
interview:
Dans la postface, vous revenez souvent sur le terme d'anthropocène. Quelle est son origine ?
Les scientifiques ont utilisé différents noms pour qualifier les ères géologiques. L’anthropocène serait la plus récente, celle dans laquelle l’espèce humaine serait entrée du fait de sa propre intervention dans la multiplicité des processus qui participent à l’évolution de la planète. Autrement dit, l’activité humaine se serait développée au point de devenir une force qu’on peut qualifier de « géologique », tant ses effets sont puissants.
Derrière le qualificatif, c’est une manière de désigner un enjeu central du monde vers lequel nous avançons : la manière dont l’espèce humaine traite son habitat global et la possibilité justement de maintenir des conditions d’habitabilité. C’est aussi une manière de dire que la planète dans son ensemble est entrée dans le champ des responsabilités collectives (même si toutes ne sont pas égales) et que toute une série d’actes ne pourront désormais plus être faits sans penser à leurs conséquences, écologiques spécialement.
De ce point de vue, l’idée sous-jacente de la postface, en écho aux nouvelles du recueil, était de dire qu’il va devenir difficile de faire de la science-fiction, au moins pour celle qui prétend se situer dans un futur terrestre, sans tenir compte de ces paramètres. La manière dont se construisent les imaginaires est importante, et compte tenu de sa présence croissante, bien au-delà de la littérature, la science-fiction pourrait devenir un des espaces centraux où va être représenté l’avenir écologique de la planète. Dans tout cela, il y a une part de politique, et loin d’être négligeable.
