L’héritage du dernier homme sur Terre est une série d'articles de Simon Bréan sur Génération Science Fiction.
Voici le début :
"L’héritage du dernier homme sur Terre
Lire et relire l'avenir en science-fiction
Dans les années quatre-vingts, le journal Libération a reçu des articles écrits par une étrange collaboratrice : Jill Bioskop, une jeune journaliste, a raconté en détail les circonstances qui l’ont mise en rapport avec un ancien président français et une divinité égyptienne d’origine extraterrestre. Elle consignait ses états d’âmes en même temps que les événements dont elle était témoin, et plus d’un lecteur a pu compatir devant les épreuves qu’elle a traversées. Aucun, pourtant, n’aurait été en mesure de la consoler, puisqu’elle envoyait ses papiers depuis un futur proche. Ces textes plaçaient dans une position paradoxale leurs lecteurs, soudain en mesure de se souvenir de l’avenir. À côté de ceux glanés dans la même édition de Libération, de tels souvenirs, fondés sur des faits invérifiables, étaient-ils pour eux d’une nature différente ? Qu’avaient-ils appris et retenu, en découvrant ce qui serait, plutôt que ce qui avait été ?
Dans notre réalité, Libération n’a jamais publié de tels articles. Ils ne sont que la source fictionnelle d’une bande dessinée, La Femme piège (1). En faisant de Jill Bioskop l’origine de son récit, Enki Bilal indique au lecteur ce qui se produit réellement à la lecture de son œuvre. Au fur et à mesure qu’il progresse dans le récit, le lecteur devient capable de se souvenir de ce qu’il a lu, en accumulant et en classant les informations qu’il tire de la fiction. Ces souvenirs ne se rapportent à rien de réel, même si les pages elles-mêmes le sont, avec l’encre et les signes qui les couvrent. En outre, La Femme piège est un récit de science-fiction : les informations obtenues au fil du texte ne sont pas de simples qualités caractérisant des objets facilement reconnaissables. Le lecteur comprend rapidement qu’il doit créer pour lui-même de nouvelles catégories correspondant aux objets présentés par l’histoire. S’il ne se prête pas à ce jeu cognitif, il ne pourra comprendre la suite des événements (2)."
C'est à
lire ici