Quand la politique se mêle à la SFF, ça ne donne rien de bon.
Le monde de la SF vient de prendre un coup avec l'élan de contestation qui agite le Prix Hugo 2015 et ses nominés.
Le prix Hugo, qui récompense d'une année sur l'autre les meilleurs romans de SF et de fantasy américains suit normalement une pratique réglée comme une horloge.
Les nominés sont dévoilés à tous les membres des World Cons de 2014 qui ont réglé 40 dollars pour avoir droit à leur scrutin pour l'année 2015.
Mais cette année, il semblerait que le vote ait été sujet à une campagne de lobbying de la part d'un groupe d'auteurs conservateurs, mené par Brad R. Torgersen (lauréat du prix Hugo et Nebula mais pas traduit en France) et Larry Correia (série
Chroniques du Grimnoir) dont l'idée est de combattre le « déclin » de la science-fiction et fantasy américaine tel que Torgersen l'explique sur son
blog.
Même s'il est totalement idéaliste d'envisager un jury parfaitement impartial lors des remises de prix, il semblerait que ces auteurs aient oeuvré massivement pour influencer l'issue du scrutin, en mettant en avant un maximum d'ouvrages et d'auteurs dont les idées correspondent à leur vision politique.
Ce qui a pour résultat de soulever une vague de contestation sans précédent dans le milieu de la SF.
Même si ce genre de pratique est assez connue et plutôt familière des prix, cette démarche perturbe par son ampleur et par la force d'organisation de ce lobbying. L'auteur Arthur Chu compare même cette stratégie aux campagnes de déstabilisation mises en place par les activistes réactionnaires.
Cette comparaison est peut-être à peine exagérée puisque la campagne se dote d'un nom, les "Sad Puppies", et présente plusieurs points communs, en tout cas de filiation, avec le partie républicain le plus conservateur.
Un tel cataclysme est en marche que George Martin se demande si le Prix Hugo pourra encore perdurer en l'état.