Guy Gavriel Kay Le Fleuve céleste

Restaurons la gloire passée de la Kitai,
Reprenons nos fleuves et nos montagnes
Et offrons-les en tribut loyal à notre auguste empereur.
Voici l’histoire de Ren Daiyan, le fils d’un obscur archiviste d’une lointaine province de la Kitai. Il rêve de victoires et d’exploits ; il rêve de restituer à l’empire les Quatorze Préfectures tombées aux mains des barbares. Un long cheminement l’attend, mais vers quel destin ?
Car la glorieuse Kitai d’antan n’est plus et les cavaliers des steppes du Nord menacent son intégrité, sous le gouvernement de l’empereur Wenzong, mélancolique esthète, et d’une cour déchirée par des factions en conflit permanent que seule unit la crainte d’un coup d’État militaire.
C’est aussi l’histoire de Lin Shan, l’enfant unique d’un gentilhomme de la cour, cultivée plus qu’il n’est convenable à une femme. Si elle scandalise les bien-pensants, elle charme l’empereur par ses talents de poétesse. Farouchement indépendante mais bridée par sa condition, elle est l’image même d’une civilisation suprêmement raffinée mais en crise.
Je ne puis empêcher les feuilles de tomber.
Car c’est enfin l’histoire d’un monde qui s’apprête à basculer sous les étoiles du Fleuve céleste.
Après la Chine des Tang dans Les Chevaux célestes, c’est de la fin des Song du Nord, trois siècles et demi plus tard, que s’inspire Guy Gavriel Kay dans Le Fleuve céleste.
Andreas Eschbach Des milliards de tapis de cheveux

Nœud après nœud, jour après jour, toute une vie durant, ses mains répétaient les mêmes gestes, nouant et renouant sans cesse les fins cheveux, comme son père et le père de son père l’avaient fait avant lui...
N’est-ce pas étrange qu’un monde entier s’adonne ainsi au tissage de tapis de cheveux ? l’objet en est, dit-on, d’orner le Palais des Étoiles, la demeure de l’Empereur. Mais qu’en est-il de l’Empereur lui-même ? N’entend-on pas qu’il aurait abdiqué ? Qu’il serait mort, abattu par des rebelles ?
Comment cela serait-il possible ? Le soleil brillerait-il sans lui ? Les étoiles brilleraient-elles encore au firmament ?
L’Empereur, les rebelles, des milliards de tapis de cheveux ; il est long le chemin qui mène à la vérité, de la cité de Yahannochia au Palais des Étoiles, et jusqu’au Palais des Larmes sur un monde oublié...
Ursula K. Le Guin Lavinia

Comme Hélène de Sparte j’ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui la voulaient ; la mienne, en refusant d’être donnée, d’être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L’homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre.
Dans l’Énéide, Virgile ne la cite qu’une fois. Jamais il ne lui donne la parole. Prise dans les filets du poète qui n’écrira l’épopée des origines de Rome que des siècles plus tard et sans avoir le temps de l’achever avant sa mort, Lavinia transforme sa condition en destin. De ce qui sera écrit elle fait une vie de son choix. Et cela dans la douceur amère et la passion maîtrisée que suscite son improbable position : elle se veut libre mais tout est dit.