Michel Drufranne et Dracula

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 Le site graphivore propose une interview de Michel Dufranne, scénariste de bande dessinée qui vient de s'attaquer à une adaptation BD de Dracula. 

Extrait : 
"Quelle a été votre marge de manœuvre créative pour l’adaptation de ce roman ? 
Dufranne : Je pense que lorsque l’on fait une adaptation, la marge de manœuvre que l’on a c’est celle que l’on se donne. 
Ici, je n’ai pas eu de contraintes extérieures. Le dessinateur Piotr Kowalski, le coloriste Svalt et moi nous sommes imposé nos propres limites. Donc, pour la touche personnelle, je dirais qu’elle apparait au moment ou l’on « passe » un roman de six cent pages dans un philtre pour un faire une série de BD de trois fois quarante-six pages. Nous avons eu des discussions sur la mise en scène des personnages. Sur le physique de certains, qui ne sont pas décrit dans le livre. Je pense que c’est là que notre travail créatif se manifeste. 
Par contre, je me suis interdit de faire autre chose que ce que le romancier avait fait ! Parce que si on s’amuse à tout détricoter- ce qui est possible dans certaines œuvres – cela devient un peu dangereux. Il faut savoir que Dacre Stoker a une approche de l’œuvre originale qui tente de retransmettre une certaine atmosphère dans Dracula l’Immortel. Lorsque Bram Stoker écrivait le roman de Dracula, il avait introduit les codes du roman épistolaire de son temps. Dacre Stoker a lui une écriture qui correspond aux codes actuels. C'est-à-dire qu’il a une écriture plus cinématographique. On passe dans des scènes d’exposition très rapides. Des séquences avec une mise en scène éclatée, etc. Il voulait vraiment ancrée cette histoire dans notre temps, tout en respectant l’œuvre originelle. C’est pour cela que l’histoire se passe 25 ans après. Avec un personnage qui ne vieillit pas. Un autre qui est hanté par ses démons. Voir la vie des héros après les événements de l’histoire originelle, etc. Il a aussi voulu faire le lien entre le roman policier et le style fantastique en introduisant des éléments propres à la mythologie de Jack l’Eventreur. 
Avec tout ce foisonnement là, il est difficile de modifier profondément le matériau de base. 
Une autre question qui s’est posée, c’est le faite de garder la chronologie de narration du romancier, qui est éclatée, ou bien de proposer une narration plus linéaire. Finalement, j’ai gardé le rythme du roman parce que sinon en BD, certains personnages importants ne seraient jamais apparu dans le tome un mais juste dans le tome deux." 

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