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Introduction : En remontant l'horloge parfaite de l'utopie... Avant toute chose, je remercie chaleureusement François Rosset et Marc Atallah pour leur invitation. Il m'ont communiqué la problématique de leur séminaire et le corpus de textes, impressionnant, sur lequel vous avez travaillé. Je vais donc partir du principe que vous savez tous ce qu'est l'utopie, formellement et substantiellement, que vous avez assimilé ses racines politiques et sa dualité étymologique, le « u » désignant tout à la fois « lieu-de-nulle-part » et le « lieu-de-bonheur ». De même, je ne souscrirai pas à la coutume, pourtant chère aux juristes, qui consiste à faire une longue introduction historique remontant jusqu'à La République de Platon, énumérant les cités idéales, et discernant, du point du vue littéraire et philosophique, les contours génériques de l'utopie qu'il faut distinguer de la satire et du conte, alors qu'elle intègre, en revanche, les contre-utopies et les uchronies, comme on va le voir. Toutefois, il y a tout de même une question qui me paraît digne d'intérêt, en amont de cette étude sur le temps et l'utopie : celle du lien étroit qui s'est établi entre l'utopie et l'Occident à une époque particulièrement riche en mutations et en contradictions, qui échappe à l'emprise féodale et à la théocratie pontificale, invente la liberté contractuelle et la lettre de change, la souveraineté royale et la balistique, tout en puisant les clefs de son renouveau culturel dans l'Antiquité ; je veux parler de la Renaissance, bien sûr. Pourquoi l'Occident et la Renaissance ont-ils été les parents spatio-temporels de l'utopie ? |