Tim Rey, entre polar préhistorique et steampunk fantastique

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Auteur rare, nouvelliste de talent (on lui doit notamment les recueils Des nouvelles du Tibbar et Dans la forêt des astres), Timothée Rey a signé en 2014 son premier roman, un polar préhistorique qui suit un chaman-détective : Les Souffles ne laissent pas de traces.
 
Quel est ton bilan de 2014 ? 
En tant qu’humain : encore une année où j’ai eu très chaud. Il ne neige vraiment pas assez à Mayotte. 
 
En tant que jardinier : j’ai enfin réussi à faire pousser une igname (cette fois, à partir d’un tubercule de 9 kg qui ressemblait à une maxi-mandragore). Le souci est que du tubercule sort une liane qui pousse de 15-20 cm par jour, et cette liane, porteuse de feuilles, ne doit jamais toucher terre sous peine d’être grillée par le soleil. Il faut donc planter des tuteurs – des bambous géants. Or, vu la perpétuelle touffeur ambiante, y compris nocturne, et les averses torrentielles, creuser des trous étroits et profonds, faire tenir ces sortes de poteaux creux, etc., c’est pas rien. Souvent, la plante allait plus vite que moi ! Respect pour les agriculteurs des zones tropicales.
 
En tant qu’enseignant : je suis heureux d’avoir pu mener à bien mon projet de faire jouer une version comorienne de Macbeth à 87 élèves de CAP – en fait, quasiment tous mes élèves de l’année scolaire 2014-15 –, pièce représentée dans mon lycée le 6 juin 2014 ; une partie en est visible sur Youtube.
 
En tant qu’auteur (quand même) : j’ai publié le premier volume des aventures de N’a-Qu’un-Œil, chamane-détective, chez les Moutons Électriques, un polar préhistorique titré Les Souffles ne laissent pas de traces.
Autres parutions en 2014 : une novella de SF policière surréalistoïde, en gros sur le thème « Harry Dickson meets André Breton » dans une anthologie des Moutons, Détectives rétro. Un recueil en numérique de six nouvelles de SF, Cosmos à moelle, chez ActuSF. Et quelques nouvelles. Dont une composée de 666 alexandrins (dans l’antho de Jeanne-A Debats, Vampires à contre-emploi, parue en février chez Mnémos). D’autres textes publiés cette année : un dans Fiction n° 18 (Mayotte comme aurait pu la voir Jack Vance), un dans Galaxie n°30 (délire zelaznien façon « Ambre revue par Arno Schmidt », sur Jules Verne et Little Nemo) et aussi un truc épooouvantablement misogyne, dans Les Vagabonds du Rêve, web-revue remise sur pieds par Sybille Marchetto.
J’ai également contribué de façon, disons, un peu diserte (300 ks), au Dico des créatures oubliées, le tome 4 du Dico imaginaire, chez les Moutons.
En revanche, malgré des envois répétés – et qui plus est sous forme de tapuscrits sur papier, les éditeurs de poésie étant ce qu’ils sont^^ –, impossible pour moi de placer un gros recueil de poèmes (enfin, gros pour de la poésie, ça compte 220 pages) titré Ici pas ailleurs. Mais je m’obstinerai durant l’année qui s’ouvre.
Enfin, je ne suis pas trop mécontent de quelques-uns des textes envoyés à la Microphéméride 2014. Du reste, j’ai signé pour une nouvelle année.
 
 
 
Sur quoi travailles-tu ? Quels sont tes projets ?  
Sous ma casquette « prof », mon projet pour cette année scolaire sera de réaliser quelques épisodes d’une web-série avec un super-héros mahorais. On a commencé à y travailler avec les gamins. (Enfin, en ce moment, je fais surtout de l’éducation civique... je distribue et fais commenter des caricatures issues d’un hebdomadaire satirique qui vient d’augmenter considérablement son tirage – ça ne pose d’ailleurs aucun problème avec les élèves. En revanche, certains collègues n’apprécient pas du tout du tout les mêmes dessins affichés en salle des profs. De vrais démocrates). Y a aussi la fabrication d’un cadran solaire géant et d’une clepsydre qui donne réellement l’heure et tient donc compte des problème de pression – je suis toujours autant obsédé par ces histoires de comptage du temps (voir les calendriers biscornus dont je parsème certains de mes textes).
 
Sous ma casquette « auteur », je suis toujours sur le tome 2 des aventures de N’a-Qu’un-Œil, intitulé La Mère des ondes et des crues. J’en ai bouclé à peu près les trois cinquièmes, et je continue de suer dessus (je le trouve plus difficile à écrire que le premier). En plus, j’ai eu des soucis de caractérisation de personnages... Et puis, il y avait « trop de monde sur scène » en quelque sorte – et ça, ce n’est pas bon, ça embrouille le lecteur. Alors, je dois reprendre pas mal de choses avant de finaliser le récit. Ça paraîtra toutefois cette année, normalement. Aux Moutons, bien sûr.
 
Derrière, deux choses. 
Primo, Humide et blême, le recueil de fantastique steampunk promis depuis des années à Philippe Gindre de la Clef d’Argent. Là, ça n’a que trop duré et je dois concrétiser, nom de Dick ! J’ai le pitch des textes et parfois même les titres. Ne reste plus qu’à les écrire. Hum. Ne reste plus.
Secundo, Vains jouets du vent, le planet op en chantier depuis... depuis... oulah ! Celui-là, ce sera pour les Moutons. Mais, vu l’engin, je ne suis pas sûr de l’avoir fini en 2015.
J’ai quelques commandes de nouvelles, et aussi deux ou trois textes courts qui devraient paraître cette année. Plus les micronouvelles pour la Microphéméride 2015, que je rédige à mesure, quand les dates qui m’ont été attribuées approchent dangereusement.
Enfin, de temps à autre, pour me détendre on va dire, je jette sur les papiers de petits bouts d’un roman de fantasy légumière, avec trois lignes narratives qui se rejoindront. Ambiance un peu Tibbar, mais pas tout à fait non plus (et ça ne se passe pas dans le Tibbar). Ce ne sera pas pour tout de suite, ça.
J’ai des tas d’autres engins dans mes cartons. Qui attendront. Forcément.
 
 
Et quelles sont tes prochaines dédicaces et apparitions à venir ? 
Je vais rester invisible en métropole, dans la mesure où je serai toujours à Mayotte, et ce, pour un an et demi encore. Mon principal regret : je ne pourrai du coup pas être présent pour « Nice Fiction », le festival de la nouvelle organisé par les Marchetto mère et fille (and C°), à Nice, du 17 au 19 avril... ce qui me fait bien rager, faut dire (quoique haut-savoyard, j’ai été niçois de longue date avant d’être mahorais, et j’aurais adoré animer un ou des ateliers d’écriture de nouvelles pour cette occasion). 
 
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