Le
site Elbakin a mis en ligne une interview d'Arnaud Mousnier-Lompré.
C'est notamment le traducteur de Robin Hobb.
Extrait :
"Lorsque nous nous étions vus aux Utopiales 2008, tu avais évoqué tes efforts pour traduire des mots que Robin Hobb inventait. Pour donner un sens et une sonorité à tes traductions, tu faisais preuve de beaucoup d’imagination. Je me souviens de ta recherche pour obtenir le mot "marguet", qui désigne ces animaux proches d’un chat de combat dans L’Assassin royal. Tu avais également évoqué un fruit assez spécial (désolé je n’ai pas le nom en tête, et surtout je n’ai pas encore lu ce roman…) dans Le Soldat chamane. Est-ce que tu peux nous donner quelques explications ?
Arnaud Mousnier-Lompré : Bon, je vais essayer d’y répondre, mais le problème c’est que je ne me rappelle pas ce fruit dont tu parles (je ne relis jamais les bouquins que je traduis, j’ai trop peur d’être horrifié par la traduc !). En revanche, pour le "marguet", le terme anglais était "hunting cat", "chat de chasse" en français, pas très joli. Alors j’ai demandé d’abord à Robin comment elle imaginait le bestiau, puis j’ai cherché des noms de félins et je suis tombé sur "margay", petit félin d’Amérique du Sud ou des Caraïbes, je ne sais plus ; j’ai trouvé qu’en le francisant en "marguet", ça sonnait bien et j’ai gardé ce nom. De manière générale, je m’efforce de franciser les noms que Robin invente, qu’ils soient propres ou communs, en me fondant sur l’idée que le monde qu’elle décrit n’existe pas et qu’on n’y parle ni français, ni anglais, ni aucune de nos langues terriennes. En conséquence, quand elle parle par exemple du "colonel Haren", je tâche de rendre en français les harmoniques que ce nom évoque chez un lecteur anglophone; "hare" signifie "lièvre", d’où "Haren" = "Lièvrin".
Ce système n’a strictement rien d’un absolu, évidemment, et un autre traducteur aura une autre philosophie sur la chose. Mais c’est la mienne, et en plus je m’amuse bien à inventer ces équivalences !"