Frédéric Jaccaud est en
interview sur le site du Cafard Cosmique. Il y parle de son premier roman Monstre.
"Reprenons. Monstre est votre premier roman, mais vous n’êtes pas exactement un novice. On sent notamment une véritable maturation du texte. Monstre remonte à quand ?
Frédéric Jaccaud : Novice : je ne sais pas si le terme convient ou non – débutant, nouveau, profane, peut-être est-il plus juste de me décrire comme quelqu’un d’inexpérimenté qui cherche, qui tente, poursuit, écrit – quoi qu’il en soit, Monstre constitue mon acte de naissance en tant qu’auteur. Il m’a demandé trois ans de travail. Initialement j’avais projeté d’écrire la folie, la violence de la découverte du monde ; cela s’est naturellement coulé dans le regard de l’enfant, par un double intérêt pathologique – tout d’abord, la pathologie du souvenir idéal de l’enfance, que l’on reconstitue après coup, sous l’effet du pragmatisme adulte et de la résilience, avec le désir de mettre à jour les zones d’ombre que nous refoulons ou assumons plus ou moins bien ; ensuite, la pathologie de la prépondérance des univers imaginaires, de plus en plus présents, de plus en plus matérialisés dans notre culture de masse, et qui contaminent notre quotidien. Il y avait là, je crois, un beau matériel pour travailler sur la conception du réel, de notre emprise sur ce qui nous entoure. Divers éléments se sont ensuite agrégés autour du projet, en cours de route, grossissant toujours plus la densité du roman. Au final, le Monstre a vu le jour après un processus d’écriture fastidieux, hésitant, éreintant ; à son image."