L'interview de Roland contre
Hadopi sur Ecran.fr (une extension de Libé)
Extrait :
En tant qu’auteur, éditeur ou traducteur, ou autre, vous êtes directement concernés par la problématique du droit d’auteur. A votre avis, c’est un système qui doit aujourd’hui évoluer ?
À mon sens, l’évolution est déjà en cours. Je pense notamment aux licences de libre diffusion, qui permettent de préciser sans ambiguïté ce que chacun a le droit de faire avec une œuvre donnée. Ainsi, j’ai choisi de mettre un certain nombre de mes textes en ligne sous licence Creative Commons by-nc-nd. Chacun est libre de les reproduire à condition de respecter les conditions suivantes : citer le nom de l’auteur, pas d’usage commercial, pas de modification. L’exemple de Cory Doctorow montre qu’une licence CC ne constitue pas un handicap pour une œuvre… et j’ajouterai bien au contraire : que mon roman Poupée aux yeux morts, actuellement épuisé, soit disponible depuis un moment en téléchargement gratuit n’a pas empêché la maison d’édition Les Moutons électriques de choisir de le rééditer à la fin de cette année. De même, Nine Inch Nails n’a pas hésité à mettre son dernier album sous une licence libre, et les ventes physiques ont été excellentes. Parce que le public n’est pas composé d’une horde de « pirates » irresponsables qui refusent absolument de verser le moindre centime aux artistes dont ils apprécient les œuvres.
De nouveau, je dirai qu’il ne faut pas avoir peur. Ni des évolutions des technologies, ni des nouvelles possibilités d’échange et de partage qu’elles offrent, ni de l’avenir dans son ensemble. Il faut au contraire aller de l’avant, se poser des questions, ne pas hésiter à se remettre en question. Et il faut penser global. Internet est le plus formidable outil de communication et d’échange culturel jamais inventé par l’espèce humaine. Et c’est un outil mondial, aux potentialités immenses.
La plus grande richesse de notre espèce, c’est sa culture. Le droit d’auteur a été inventé pour ceux qui créent cette culture, c’est pourquoi il faut le défendre. Or une loi comme Hadopi constitue un obstacle mental à la recherche de solutions innovantes pour la rémunération des créateurs.