Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lensman
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Message par Lensman » sam. janv. 16, 2010 7:12 pm

Transhumain a écrit : Mes lectures de Beckett, Nabokov, Dick, Borges, Tolkien, Céline ou Kafka, ont constitué de pareils chocs, pour des raisons diverses.
Perso, je garde Borges et Dick. Céline, pas lisible pour moi, et Kafka m'a beaucoup ennuyé, même si sur le principe, j'aime bien. Tolkien, sympa, sans plus. Beckett? je ne connais (vaguement) que le théâtre, et Nabokov, jamais essayé (je doute que je m'y mette). Par contre, Asimov, Simak, Carsac, Sturgeon, Wul, Jeury, van Vogt, Herbert, Farmer, Curval, Banks, Egan, etc, etc... tout ça, j'en ai fait mal (beau lapsus! mal au lieu de ma) culture, et je ne suis pas le seul (ce n'est pas juste une liste "personnelle", c'est une liste qui a du sens pour beaucoup de gens). On peut se faire une culture avec des tas d'autres collections de textes, mais ce type de liste a une cohérence qui est comprise et partagée par beaucoup d'autres, qui s'y retrouvent. Et cela constitue un mouvement particulier, que l'on appelle science-fiction. Après, on peut aussi apprécier plein d'autres choses, mais ce qui me paraît passionnant, c'est la spécificité de ce mouvement, non pas juste en tant que constituer une liste, mais en tant que mouvement, avec sa dynamique propre, à suivre, à nourrir (pour les auteurs). Le fait que la littérature soit vaste et que tout le monde puisse y trouver son bonheur, c'est une excellente chose, par ailleurs.
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bormandg
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Message par bormandg » sam. janv. 16, 2010 7:53 pm

Bon, je n'essayerais pas de donner une liste complète de tous les auteurs qui m'ont fait réagir, apporté qqch de nouveau,... Il n'y a pas que des auteurs de SF, bien sûr, même s'ils sont en nombre important. La cohérence que je me fais est donc plus large que la SF, je dirais que c'est une liste de "fiction spéculative au sens large" (I.e. non limitée à l'extrapolation heinleinienne), dans laquelle trouvent leur place Hugo, Zweig, Camus, Tolkien, Perutz ou Borges (et nombre d'autres) à côté de Smith (Cordwainer), Bradbury, Heinlein, Herbert, Simmons (etc...).
Autant j'insisterai sans cesse sur le fait que la SF est une partie intégrante de la littérature et pas qqch de séparé, autant je crois néanmoins qu'elle possède des règles et des codes indispensables, que, à part les romans de pur divertissement (space operas basiques, novellisations de films), la plupart des oeuvres de SF ne sont pas accessibles sans acquisition préalable de ces codes. Comme certains de ces codes ont été utilisés aussi dans des oeuvres hors SF, on ne peut plus dire qu'ils soient caractéristiques; d'un autre côté une oeuvre de "non-SF" (c.a.d. un pillage d'idées SF mal utilisées par un (noms censurés)) se distinguera par l'absence de ces règles et codes, des habitudes d'écriture élaborées en 80 ans d'existence consciente du mouvement.
Peut-on pour autant dire que le déni porte sur ces règles et codes? Non, puisqu'il existe des oeuvres "mainstream" qui sont acceptées et les utilisent. Alors? :?:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Lensman
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Message par Lensman » sam. janv. 16, 2010 7:59 pm

bormandg a écrit : Peut-on pour autant dire que le déni porte sur ces règles et codes? Non, puisqu'il existe des oeuvres "mainstream" qui sont acceptées et les utilisent. Alors? :?:
Peut-être que le "rejet" serait lié au fait qu'en SF, décidément, ces caractéristiques sont trop "concentrées". De temps à autre, ça passe, mais au degré de la SF, qui constitue un corpus redoutable, c'est trop. Question de dosage?
Oncle Joe

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bormandg
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Message par bormandg » sam. janv. 16, 2010 8:02 pm

Lensman a écrit :
bormandg a écrit : Peut-on pour autant dire que le déni porte sur ces règles et codes? Non, puisqu'il existe des oeuvres "mainstream" qui sont acceptées et les utilisent. Alors? :?:
Peut-être que le "rejet" serait lié au fait qu'en SF, décidément, ces caractéristiques sont trop "concentrées". De temps à autre, ça passe, mais au degré de la SF, qui constitue un corpus redoutable, c'est trop. Question de dosage?
Oncle Joe
A verifier, mais je crois bien que le dosage n'est pas moindre quand il apparaît hors SF. encore faut-il que je constitue ma liste d'exemples....
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Aldaran
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Message par Aldaran » sam. janv. 16, 2010 8:08 pm

Transhumain a écrit :Oh, le jazz, il faut en écouter beaucoup pour comprendre...
Oui, pour comprendre le jazz, il faut en écouter beaucoup. Attention, tu peux te prendre une "claque esthétique" avec une seule écoute d'un seul morceau et sans aucun préalable, ça ne veut pas dire que tu as compris le jazz. Et ça ne veut pas dire non plus que tu vas l'aimer. Tu peux aussi adorer le jazz et n'écouter que ça sans jamais chercher à le comprendre, en te contentant de te prendre des "claques esthétiques".
J'ai l'impression qu'on mélange des trucs qui n'ont rien à voir, là.
(On peut reprendre tout ça en changeant "jazz" par ce qu'on veut...)

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MF
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Message par MF » sam. janv. 16, 2010 10:31 pm

Shalmaneser a écrit :
MF a écrit :
Transhumain a écrit :
MF a écrit :Alors je vais la refaire.
Lorsque je sélectionne dans PROGRES. - A.Marche en avant, mouvement dans une direction définie. "Les progrès de la criminalité, de l'alcoolisme." , le noyau de la définition Marche en avant, mouvement dans une direction définie, y-a-t-il un verbe conjugué et un sujet de ce verbe ?
En avant vers quoi ? Dans le temps ? Le progrès, c'est juste le temps qui passe ? Sans direction, pas de sens. Les oeuvres s'accumulent, le corpus de la littérature s'étoffe, se complexifie, mais parler de progrès est extrêmement abusif.
Ah, mais ça je suis bien d'accord avec toi.
Si tu as une plainte à déposer sur le sujet, le bon guichet c'est S.
Je crois que tu n'as pas bien compris ma position, MF, ni peut-être celle de GK... Ce n'est pas grave.
Je crois bien que si.
Pour ce qui me concerne, je considère que l'on peut utiliser le terme de "progrès" lorsqu'une direction peut être définie par une observation de cette "marche en avant"
En gros, lorsque le mouvement n'est pas brownien.
Lorsqu'il est possible d'observer un accroissement (au moins local) de la complexité.
Lorsque l'entropie est battue en brèche.

Si tu as un autre avis, je suis preneur.
Et profites en pour m'expliquer les finalités de la criminalité et de l'alcoolisme.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » sam. janv. 16, 2010 10:43 pm

Qu’il est difficile de se faire comprendre même quand on fait de grands efforts pour utiliser des mots simples et une syntaxe classique? La prochaine fois, je vous écrirai ça en Lacanien, ce qui vous rendra peut-être plus attentif.

Shalmaneser:
Je n’ai jamais écrit qu’une œuvre d’art récente était supérieure à une plus ancienne. J’ai même pris la précaution, sachant le lecteur inattentif, de préciser que j’éprouvais un intérêt comparable pour la Vénus de Lespugue et pour un tableau tout récent, quelques quinze mille ans devant les séparer.
S’inquiéter d’une hiérarchie aussi absurde reviendrait à se demander lequel est le meilleur du texte fameux de Galilée sur la relativité du mouvement des corps sur un bateau en translation uniforme et de celui de Werner Heisenberg proposant le calcul matriciel pour noter les résultats des observations en microphysique. À mon avis, le texte de Galilée est le plus brillant. Mais ils sont d’égale importance novatrice.
Ce que j’ai écrit, c’est que l’univers, la sphère, l’ensemble culturel (employez le mot que vous voulez) et ses sous-ensembles dans l’art, la littérature, la philosophie, sont plus riches et plus complexes de nos jours qu’à l’époque de la Vénus ou de Platon, et qu’à ce titre, il y a progrès. Aucun être humain individuel ne peut percevoir de tels ensembles dans le champ de la culture, sauf loci très particuliers, si bien que pour la plupart des gens cela se ramène, bêtement, à la confrontation d’œuvres singulières.
Nous pouvons aujourd’hui confronter une immensité de points de vue, plus qu’hier et moins sans doute que demain, encore que l’avenir ne soit jamais sûr. C’est là que se situe, à mon aune, le progrès. Mais le percevoir, au moins dans le principe, demande une certaine intelligence. Et introduit du reste à de l’inquiétude.
(Accessoirement, Lalande ne me semble pas une référence prise très au sérieux par les philosophes que je connais; mais pour les pharisiens qui s’attachent au texte plus qu’à l’esprit, je suppose que cela leur suffit.)

MF:
J’ai écrit que dans les domaines de la recension et de l’analyse lexicale et stylistique, de grands progrès (algorithmiques) avaient été faits et que certains, récents et à venir, promettaient même, paraît-il, de révolutionner l’histoire littéraire. On verra. En tout cas, je n’en doute pas et ma compétence en la matière est des plus limitées.
Le signifiant et le signifié, on connaît.
Mais la sémantique, c’est à dire le sens, la signification, c’est autre chose. Ni les psychologues ni les neurologues ni les philosophes ne savent ce que c’est que comprendre une proposition, ce qui fait que nous comprenons, pas toujours très bien comme on en a des exemples sur ce fil, ce qu’on nous dit. Ils n’ont même pas le début d’une idée sur la question. Saussure lui-même a tout juste évoqué la question du sémantique, sans s’y aventurer. Pour de très bonnes raisons. Ses élèves et successeurs ont beaucoup batifolé mais rien apporté sinon des questions sur le sens même de leur quête. Et n’insistons pas sur les précieuses ridicules de la stylistique et de l’”actuance” et autres fariboles plus ou moins structuralistes qui ont surtout perturbé des générations de collégiens
La question de la sémantique est directement liée à celles de l’intelligence et de la conscience. Dans l’état actuel des choses, pour ce que j’en sais, ce n’est pas algorithmable sauf peut-être en q-bits et encore. De très grands esprits, par ailleurs rationalistes, comme Roger Penrose, pensent que ça ne le sera jamais, et cela le conduit à proposer l’hypothèse audacieuse d’effets quantiques dans les microtubules neuronales. Ils le pensent, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une croyance, d’une conjecture, et que rien n’est prouvé ni dans un sens ni dans l’autre. S’il existait un algorithme authentiquement sémantique, le problème de Turing serait résolu. On simule assez bien un tel algorithme, pas exemple dans la robotique vocale mais on ne fait que susciter une illusion.
Turing s’est du reste amusé, avec son ironie perverse habituelle, à taquiner la question dans son célèbre article, et John Searle, je crois, lui a répondu avec le thème de la chambre chinoise. J’ai toute une bibliothèque de textes philosophiques sur la question, que j’ai plus ou moins lus.C’est un thème métaphysique.

Alors, certes, il doit y avoir une grande satisfaction à taxer de balourdise le Commandeur en statue et Dieu sur le net.
Ne t’en prive surtout pas.
Et c’est très mal de dénigrer en commettant un vulgaire contre-sens anachronique The Girl in the Golden Atom, de Ray Cummmings, (1919, publication de la première partie) qui reprend l’idée alors toute neuve du modèle planétaire de l’atome (Rutherford 1911, Bohr 1913). D’accord, Bohr y a renoncé en 1918 mais il ne devait y avoir que quelques milliers de personnes au plus dans le monde entier à en avoir jamais entendu parler.
Alors, devant Cummings qui passe pour avoir été un assistant et confident d’Edison, chapeau bas. C’est un écrivain exécrable, soit, mais personne n’est parfait.

Silmaril:
Je ne renoncerai pas facilement au terme de “progrès” pour qualifier ce qui s’est passé à la fois dans les sciences et dans les arts et lettres. Je sais évidemment combien le terme de progrès a un lourd passé. Mais beaucoup d’autres aussi, par exemple celui d’avenir. Chaque fois que j’entends le fameux mot d’Aragon: “la femme est l’avenir de l’homme”, j’hésite entre un rire hystérique et une terreur sacrée. Et je pense in petto: pauvres femmes. Encore heureux que Staline n’en ait pas été une, jusqu’où Aragon ne serait-il pas allé.

Donc, progrès. Le terme, subtil, de raffinement ne me convient pas parce qu’il me semble supposer une progressivité (bizarre retour du refoulé) continue.
Sur les techniques artistiques, localement, cela s’observe en effet, comme il est rappelé. On peut bien parler là de raffinement, comme en techniques et en mathématiques, du reste.
Mais en art, comme en littérature, en philosophie et en sciences, il y a aussi des ruptures. par exemple celle signalée entre les esthétiques du Moyen-âge européen et de la Renaissance, rupture qui n’est pas étrangère à des innovations techniques et mathématiques comme la camera oscura et la formalisation de la perspective. Plus tard, Cézanne représente pour moi une rupture artistique tout à fait comparable par son intensité et ses effets à celle de la physique quantique.
Donc le terme de progrès me permet de rapprocher, comme le font du reste plusieurs scientifiques éminents, ce qui se passe dans l’ordre des technosciences et dans celui des arts au sens le plus général (j’y inclus la philosophie et pourquoi pas la religion qui est un art conceptuel développé sur le très long terme (j’entends déjà des dents grincer)).
Les deux ordres ont même propos, interpréter et même tenter de comprendre le monde qui nous est donné, dans un sens qui nous permettrait de nous rapprocher du réel. Bien entendu, comme j’y ai insisté, les circonstances, les effets, les procédures de validation, les moyens d’observations (instruments dans un cas, subjectivités dans l’autre), les perceptions des résultats ne portent pas sur les mêmes champs exactement et ne sont pas rigoureusement superposables (ce qui se retrouve du reste entre des sciences dites exactes ou dures).
Mais le mouvement général me semble comparable, voire identique. Le moteur est le même et les processus psychiques profonds ne sont pas si éloignés, voire communs.
Si bien que parler de progrès dans un cas et de raffinement (terme que j’ai dénoncé comme réducteur) dans l’autre me semble introniser et perpétuer une opposition, voire un antagonisme, qui certes n’est pas nouveau mais qui devrait être enfin dépassé, non dans le confusionnisme (ce n’est pas mon genre) mais dans l’esprit de penser autrement le processus de la culture. Que cela ait à voir avec ce que j’ai appelé “subjectivités collectives” ne fait pas de doute.

Je te trouve bien optimiste par ailleurs, Silramil, quand tu avances que n’importe qui (ou même certain) peut lire sans introduction préalable des textes de science-fiction comme les Egan et autres. Il ne faut surtout pas confondre ici l’individuel et le collectif, le psychologique et le sociologique. la question ici posée, celle du déni ou du rejet par les élites médiatocratiques, est une question sociologique et c’est bien ainsi que Lem l’a formulée. Que certains, comme Ramanujan en théorie des nombres (c’est la tuberculose qui l’a tué, Oncle, pas le thé, encore que le Service…), puissent s’y mettre tout seul, personne n’en doute. Fort heureusement,des lecteurs jeunes et novices, voire novices mais pas jeunes, tombent dedans et ne s’en remettent pas. Pourquoi ceux-là, c’est une considérable énigme
Il paraît qu’à six ans je lisais avec passion la Vie de Saint-Louis, de Joinville, ce que personne dans ma famille n’a jamais compris, et moi non plus. Heureusement que je n’ai pas persévéré, sinon j’aurais risqué de tomber dans la fantasy et d’y demeurer empêtré. Donc tout se rencontre dans la vie. Certes.
Mais j’entends des gens, par ailleurs très intelligents et cultivés mais côté lettres, ou réputés tels, dire de Egan ou d’autres auteurs, “je ne peux pas, ça prend la tête”.
Et c’est là qu’on retrouve, par un raccourci assez abrupt, l’antagonisme entre les deux cultures. Je ne connais pas de scientifique éminent qui dise de Proust ou de l’écrivain que vous voudrez “je ne peux pas, ça prend la tête”. Ils diront éventuellement que ça ne les intéresse pas beaucoup ou qu’ils n’ont pas le temps (c’est mon cas en ce qui concerne Proust, commencé dix fois, abandonné onze) mais ils ne mépriseront pas. Beaucoup de ces scientifiques ont une culture littéraire, artistique et philosophique enviable. De l’autre côté je ne rencontre en général, au delà même de la pure ignorance, qu’une incuriosité invincible. Je renvoie ici à mon long post sur le scientifique comme cause du déni.

Bon, tout ça me prend du temps, je ne poursuis pas mon feuilleton et je ne parviens même plus à lire la thèse de Sil.
N’ayant que deux yeux, je ne peux pas lire plus de deux textes en même temps.
Mon immortalité est provisoire.

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MF
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Message par MF » sam. janv. 16, 2010 11:24 pm

Gérard Klein a écrit :MF:
J’ai écrit que dans les domaines de la recension et de l’analyse lexicale et stylistique, de grands progrès (algorithmiques) avaient été faits et que certains, récents et à venir, promettaient même, paraît-il, de révolutionner l’histoire littéraire. On verra. En tout cas, je n’en doute pas et ma compétence en la matière est des plus limitées.
Le signifiant et le signifié, on connaît.
Mais la sémantique, c’est à dire le sens, la signification, c’est autre chose. Ni les psychologues ni les neurologues ni les philosophes ne savent ce que c’est que comprendre une proposition, ce qui fait que nous comprenons, pas toujours très bien comme on en a des exemples sur ce fil, ce qu’on nous dit. Ils n’ont même pas le début d’une idée sur la question. Saussure lui-même a tout juste évoqué la question du sémantique, sans s’y aventurer. Pour de très bonnes raisons. Ses élèves et successeurs ont beaucoup batifolé mais rien apporté sinon des questions sur le sens même de leur quête. Et n’insistons pas sur les précieuses ridicules de la stylistique et de l’”actuance” et autres fariboles plus ou moins structuralistes qui ont surtout perturbé des générations de collégiens
La question de la sémantique est directement liée à celles de l’intelligence et de la conscience. Dans l’état actuel des choses, pour ce que j’en sais, ce n’est pas algorithmable sauf peut-être en q-bits et encore. De très grands esprits, par ailleurs rationalistes, comme Roger Penrose, pensent que ça ne le sera jamais, et cela le conduit à proposer l’hypothèse audacieuse d’effets quantiques dans les microtubules neuronales. Ils le pensent, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une croyance, d’une conjecture, et que rien n’est prouvé ni dans un sens ni dans l’autre. S’il existait un algorithme authentiquement sémantique, le problème de Turing serait résolu. On simule assez bien un tel algorithme, pas exemple dans la robotique vocale mais on ne fait que susciter une illusion.
Turing s’est du reste amusé, avec son ironie perverse habituelle, à taquiner la question dans son célèbre article, et John Searle, je crois, lui a répondu avec le thème de la chambre chinoise. J’ai toute une bibliothèque de textes philosophiques sur la question, que j’ai plus ou moins lus.C’est un thème métaphysique.

Alors, certes, il doit y avoir une grande satisfaction à taxer de balourdise le Commandeur en statue et Dieu sur le net.
Ne t’en prive surtout pas.
Et c’est très mal de dénigrer en commettant un vulgaire contre-sens anachronique The Girl in the Golden Atom, de Ray Cummmings, (1919, publication de la première partie) qui reprend l’idée alors toute neuve du modèle planétaire de l’atome (Rutherford 1911, Bohr 1913). D’accord, Bohr y a renoncé en 1918 mais il ne devait y avoir que quelques milliers de personnes au plus dans le monde entier à en avoir jamais entendu parler.
Alors, devant Cummings qui passe pour avoir été un assistant et confident d’Edison, chapeau bas. C’est un écrivain exécrable, soit, mais personne n’est parfait.
Je vois que tu es en pleine forme.
En conséquence, je t'invite à reculer de 7 pages et à regarder à qui s'adressait balourdise (je renvois Transhu lire ton exposé)

Pour mon désaccord ledit exposé, il porte sur deux points, si ridicules que je ne souhaitais même pas en débattre. Baste, débattons :
Eh bien le progrès résulte soit de l’introduction d’un inédit (en technosciences, on parlerait d’une innovation, en marketing, d’une nouveauté), soit de l’augmentation de la complexité d’une chose ou d’un système.
En règle général, il est considéré que l'apparition d'un inédit (au sens générique du terme) est une augmentation (au moins locale) de la complexité. C'est un des moyens de l'arithmétique de la complexité. C'est le "soit..., soit..." qui me fait pinailler.

Algorithmique est mon deuxième point de désaccord, si minime que j'ose à peine en parler.
Comme tu le précises d'ailleurs dans ce dernier message, il n'y a pas (en ces temps et en ces lieux) d'approche algorithmique pertinente dans le domaine de la sémantique. Parce que nous ne disposons pas d'estimateur fiable du contenu d'information algorithmique dans ce domaine (savoir si il en existe est une question ouverte). C'est pour cela que je me limite, dans ce domaine, à approche arithmétique de la complexité.

Je t'avoue que pour ce qu'il en est des aventures de Ray Cummings, j'ai bien du mal à relier ton propos aux épisodes précédents. Sans doute l'apparition d'un inédit ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par Transhumain » dim. janv. 17, 2010 12:26 am

Lensman a écrit :On peut se faire une culture avec des tas d'autres collections de textes, mais ce type de liste a une cohérence qui est comprise et partagée par beaucoup d'autres, qui s'y retrouvent. Et cela constitue un mouvement particulier, que l'on appelle science-fiction. Après, on peut aussi apprécier plein d'autres choses, mais ce qui me paraît passionnant, c'est la spécificité de ce mouvement, non pas juste en tant que constituer une liste, mais en tant que mouvement, avec sa dynamique propre, à suivre, à nourrir (pour les auteurs). Oncle Joe
Mais ça, personne ne le réfute, mon oncle. Mais lire de la SF ne demande pas une connaissance du genre, une culture, mais seulement d'accepter des codes que nous ne maîtrisons pas.

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Message par Transhumain » dim. janv. 17, 2010 12:31 am

Gérard Klein a écrit :Mais j’entends des gens, par ailleurs très intelligents et cultivés mais côté lettres, ou réputés tels, dire de Egan ou d’autres auteurs, “je ne peux pas, ça prend la tête”.
Et c’est là qu’on retrouve, par un raccourci assez abrupt, l’antagonisme entre les deux cultures. Je ne connais pas de scientifique éminent qui dise de Proust ou de l’écrivain que vous voudrez “je ne peux pas, ça prend la tête”. Ils diront éventuellement que ça ne les intéresse pas beaucoup ou qu’ils n’ont pas le temps (c’est mon cas en ce qui concerne Proust, commencé dix fois, abandonné onze) mais ils ne mépriseront pas. Beaucoup de ces scientifiques ont une culture littéraire, artistique et philosophique enviable. De l’autre côté je ne rencontre en général, au delà même de la pure ignorance, qu’une incuriosité invincible. Je renvoie ici à mon long post sur le scientifique comme cause du déni.
Et bien sûr, la différence entre ces deux réactions n'a rien à voir avec le fait que Proust est un symbole de la culture légitime.

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Message par Lensman » dim. janv. 17, 2010 1:22 am

Transhumain a écrit :
Lensman a écrit :On peut se faire une culture avec des tas d'autres collections de textes, mais ce type de liste a une cohérence qui est comprise et partagée par beaucoup d'autres, qui s'y retrouvent. Et cela constitue un mouvement particulier, que l'on appelle science-fiction. Après, on peut aussi apprécier plein d'autres choses, mais ce qui me paraît passionnant, c'est la spécificité de ce mouvement, non pas juste en tant que constituer une liste, mais en tant que mouvement, avec sa dynamique propre, à suivre, à nourrir (pour les auteurs). Oncle Joe
Mais ça, personne ne le réfute, mon oncle. Mais lire de la SF ne demande pas une connaissance du genre, une culture, mais seulement d'accepter des codes que nous ne maîtrisons pas.
Accepter les codes, ça s'acquiert au cours de la lecture des textes de SF et ça prend du temps (il faut que ça plaise aussi: c'est un travail que l'on fait par plaisir, si l'on éprouve une attirance pour le genre tel qu'on le repère).. J'appelle ça une connaissance du genre, au bout d'un certain temps, mais je veux bien appeler ça un apprentissage du genre, pour être plus précis. Les collections y participent, en proposant d'autres textes dans la même lignée. Et des auteurs vont écrire dans cette lignée, en ayant acquis cette familiarisation avec le genre, etc. Tout le monde peut en lire, mais il y aura constitution d'un public relativement spécifique qui, lui, aura tendance à retourner à ce type de textes. Et ça entretient le mouvement, notamment, cela veut dire, phénomène passionnant, qu'il développe une critique interne. dont les critères pourront ne pas toujours recouper ceux d'une critique généraliste. Et c'est extrêmement utile, du point de vue de l'enrichissement culturel (qu'on soit attiré, ou pas, par le mouvement).
Accepter les codes, ça s'acquiert au cours de la lecture des textes de SF et ça prend du temps (il faut que ça plaise aussi: c'est un travail que l'on fait par plaisir, si l'on éprouve une attirance pour le genre tel qu'on le repère).. J'appelle ça une connaissance du genre, au bout d'un certain temps, mais je veux bien appeler ça un apprentissage du genre, pour être plus précis. Les collections y participent, en proposant d'autres textes dans la même lignée. Et des auteurs vont écrire dans cette lignée, en ayant acquis cette familiarisation avec le genre, etc. Tout le monde peut en lire, mais il y aura constitution d'un public relativement spécifique qui, lui, aura tendance à retourner à ce type de textes. Et ça entretient le mouvement, notamment, cela veut dire, phénomène passionnant, qu'il développe une critique interne. dont les critères pourront ne pas toujours recouper ceux d'une critique généraliste. Et c'est extrêmement utile, du point de vue de l'enrichissement culturel (qu'on soit attiré, ou pas, par le mouvement). Cela crée un courant.
Sans doute ne faut-il pas exagérer cette caractérisation, son accès n'est pas si hermétique. Mais il nécessite de l'enthousiasme, mais ça marche , même s'il y a des hauts et bas quant à la situation éditoriale. Et apparemment un déni (c'est ce qui préoccupe dans cette discussion). S'il n'y en a pas, tant mieux, hein!
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Message par Transhumain » dim. janv. 17, 2010 12:58 pm

Lensman a écrit :Accepter les codes, ça s'acquiert au cours de la lecture des textes de SF et ça prend du temps (il faut que ça plaise aussi: c'est un travail que l'on fait par plaisir, si l'on éprouve une attirance pour le genre tel qu'on le repère).. J'appelle ça une connaissance du genre, au bout d'un certain temps, mais je veux bien appeler ça un apprentissage du genre, pour être plus précis. Les collections y participent, en proposant d'autres textes dans la même lignée. Et des auteurs vont écrire dans cette lignée, en ayant acquis cette familiarisation avec le genre, etc. Tout le monde peut en lire, mais il y aura constitution d'un public relativement spécifique qui, lui, aura tendance à retourner à ce type de textes. Et ça entretient le mouvement, notamment, cela veut dire, phénomène passionnant, qu'il développe une critique interne. dont les critères pourront ne pas toujours recouper ceux d'une critique généraliste. Et c'est extrêmement utile, du point de vue de l'enrichissement culturel (qu'on soit attiré, ou pas, par le mouvement).
Accepter les codes, ça s'acquiert au cours de la lecture des textes de SF et ça prend du temps (il faut que ça plaise aussi: c'est un travail que l'on fait par plaisir, si l'on éprouve une attirance pour le genre tel qu'on le repère).. J'appelle ça une connaissance du genre, au bout d'un certain temps, mais je veux bien appeler ça un apprentissage du genre, pour être plus précis. Les collections y participent, en proposant d'autres textes dans la même lignée. Et des auteurs vont écrire dans cette lignée, en ayant acquis cette familiarisation avec le genre, etc. Tout le monde peut en lire, mais il y aura constitution d'un public relativement spécifique qui, lui, aura tendance à retourner à ce type de textes. Et ça entretient le mouvement, notamment, cela veut dire, phénomène passionnant, qu'il développe une critique interne. dont les critères pourront ne pas toujours recouper ceux d'une critique généraliste. Et c'est extrêmement utile, du point de vue de l'enrichissement culturel (qu'on soit attiré, ou pas, par le mouvement). Cela crée un courant.
Sans doute ne faut-il pas exagérer cette caractérisation, son accès n'est pas si hermétique. Mais il nécessite de l'enthousiasme, mais ça marche , même s'il y a des hauts et bas quant à la situation éditoriale. Et apparemment un déni (c'est ce qui préoccupe dans cette discussion). S'il n'y en a pas, tant mieux, hein!
Tu n'as pas complètement tort. Mais voilà ce que j'écrivais l'autre jour sur mon blog ( http://findepartie.hautetfort.com/archi ... bfd1c.html ) :
Le sense of wonder, c'est tout simplement le réenchantement du rationnel, de la Technique, la complexification infinie du fait, qui contraste alors avec sa description, forcément plus simple bien qu'elle se complexifie progressivement. Le sense of wonder équivaut à postuler l'existence de Dieu en dernier recours. Et plus l'écart se creuse entre ce fait infiniment complexe (Dieu) et sa description, plus la science-fiction remplit ce que nous appellerons sa « fonction W » (W pour Wonder / M de Métaphysique inversé). Voilà pourquoi 2001 : A Space Odyssey, le film de Stanley Kubrick qui n'est pourtant pas son plus abouti (Shining par exemple lui est supérieur à plus d'un titre), nous fascine autant : le monolithe est approché, apporte la connaissance, mais jamais son mystère n'est percé, bien au contraire. La « quincaillerie » du genre (fusées, lasers, etc.), le respect tacite de ses codes, participent pleinement du charme de la science-fiction, mais celui-ci est à double tranchant : en favorisant la reconnaissance immédiate, la quincaillerie simplifie la description pour l'amateur, mais la complexifie encore pour le néophyte : le problème de la SF est que sa fonction W n'est guère opérante chez le non-initié, aux yeux duquel la description est si complexe que le fait ou l'événement décrit est relégué au second plan. Ne soyons pas surpris par la reconnaissance par les élites de la littérature fantastique, qui pourrait être définie comme la littérature du surgissement d'un événement infiniment complexe dans un monde aisément descriptible - le nôtre -, et par le rejet massif de la science-fiction, dont les codes eux-mêmes, quand ils ne phagocytent pas toute quête métaphysique, la dissimulent à la vue du commun des mortels, pour ne se donner qu'aux plus méritants.
La "difficulté" pointée par plusieurs personnes ici, ne vient pas d'un problème de compréhension. Je maintiens qu'il n'est nul besoin d'avoir lu beaucoup de SF pour comprendre ou apprécier Egan, ou tel ou tel concept. Mais le lecteur non familier du genre est confronté lors de ses premiers contacts avec certains livres, écrits pour le fandom, à une profusion de termes et concepts qu'il comprendra certes sans peine, mais qui brouilleront peut-être sa vision d'ensemble. Ca tient moins à une spécificité du genre, qu'à son caractère générique lui-même. je l'écrivais d'ailleurs l'autre jour sur mon blog :

Or certaines oeuvres, qui ne cherchent pas forcément à s'inscrire dans l'histoire du genre, font l'économie de la quincaillerie, pour se concentrer sur autre chose. Ces oeuvres, je ne crois pas qu'elles soient difficiles, et je ne crois pas qu'elles fassent l'objet d'un déni particulier (2001 et Star Trek n'ont pas le même statut auprès de la critique). Elles récoltent seulement ce qu'ont semé des oeuvres plus kitsch pour happy few (auxquelles certains voudraient ici restreindre la SF).

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Message par Transhumain » dim. janv. 17, 2010 1:03 pm

Aldaran a écrit :
Transhumain a écrit :Oh, le jazz, il faut en écouter beaucoup pour comprendre...
Oui, pour comprendre le jazz, il faut en écouter beaucoup. Attention, tu peux te prendre une "claque esthétique" avec une seule écoute d'un seul morceau et sans aucun préalable, ça ne veut pas dire que tu as compris le jazz. Et ça ne veut pas dire non plus que tu vas l'aimer. Tu peux aussi adorer le jazz et n'écouter que ça sans jamais chercher à le comprendre, en te contentant de te prendre des "claques esthétiques".
J'ai l'impression qu'on mélange des trucs qui n'ont rien à voir, là.
(On peut reprendre tout ça en changeant "jazz" par ce qu'on veut...)
La musique, la littérature, ne sont pas faites - du point de vue de l'auditeur et du lecteur - pour être "comprises", mais pour être vécues.

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Message par Roland C. Wagner » dim. janv. 17, 2010 1:10 pm

Transhumain a écrit :La musique, la littérature, ne sont pas faites - du point de vue de l'auditeur et du lecteur - pour être "comprises", mais pour être vécues.
C'est quand même mieux quand on comprend.

Tiens, histoire de détendre l'atmosphère.
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Message par Shalmaneser » dim. janv. 17, 2010 1:14 pm

Gérard Klein a écrit : Ce que j’ai écrit, c’est que l’univers, la sphère, l’ensemble culturel (employez le mot que vous voulez) et ses sous-ensembles dans l’art, la littérature, la philosophie, sont plus riches et plus complexes de nos jours qu’à l’époque de la Vénus ou de Platon, et qu’à ce titre, il y a progrès. Aucun être humain individuel ne peut percevoir de tels ensembles dans le champ de la culture, sauf loci très particuliers, si bien que pour la plupart des gens cela se ramène, bêtement, à la confrontation d’œuvres singulières.
J'avais effectivement déformé ton propos, mais c'est de bonne guerre, puisque j'avais moi-même été réduit à un créationniste dans ton précédent message...
Donc, le progrès, c'est simplement une complexification des productions humaines, liée au passage du temps ? La définition du progrès a peut-être changé, et Lalande n'est peut-être pas une source très fiable, mais enfin, l'idée de finalité, je l'ai retrouvée dans toutes les définitions que j'ai croisées. Ce qui ne fait pas non plus de moi un "pharisien" ; il faut simplement qu'on s'entende sur les termes ; si chacun a sa conception très particulière du progrès, excluant par là celle de l'autre, alors à chacun sa langue, et il ne nous reste plus grand chose en commun...

EDIT : et puisque nous en sommes là, autant rappeler, à toutes fins utiles, l'étymologie latine de progrès (dans pro-gredior, la préposition pro évoque dans chacune de ses acceptions un mouvement vers, et le verbe gradior, qui signifie principalement "avancer", fait écho à gradus, le degré, la marche d'un escalier)... Etymologiquement, comme pour les fondateurs du positivisme conquérant du XIXe siècle, "progrès" ne se résume donc pas à une complexification dénuée de finalité, simplement associée au passage du temps - à un sens purement quantitatif, en fin de compte. Il me semble un peu hasardeux de modifier le sens des mots à ce point, comme si leur origine et leur histoire n'avaient qu'une importance très relative...
Modifié en dernier par Shalmaneser le dim. janv. 17, 2010 4:27 pm, modifié 7 fois.

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