Du sense of wonder à la SF métaphysique

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bormandg
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Message par bormandg » sam. janv. 23, 2010 4:35 pm

Giangi a écrit :
bormandg a écrit :une fiction spéculative non SF
Bizarre, bizarre :shock:
bormandg a écrit :(ce qui veut dire, je le précise: sans utiliser les règles et l'étiquette de la SF
Je n'arrive décidément pas à me faire ces définitions d'autorité... :?
Et j'aimerais avoir une liste de ces "règles" et un manuel de cette "étiquette", alors que ce qui me semble quand même le plus important c'est le contenu, non ?
Je suis probablement en cause dans une confusion: j'employais le terme d'étiquette au sens commercial, pas au sens de code. Les règles auxquelles je fais allusion, ce sont celles de Campbell et des éditeurs de SF pour décider si une oeuvre a sa place dans leurs collections ou magazines, autrement dit pour lui accorder l'étiquette SF...
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

Giangi
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Message par Giangi » sam. janv. 23, 2010 4:43 pm

silramil a écrit :Le terme de "spéculation" convient bien pour décrire aussi bien la "science-fiction archaïque" (19e) que la "science-fiction moderne" (date d'origine à débattre). Il peut également être employé pour des auteurs tels que Borges. Parler à leur propos de "fiction spéculative" me paraît moins délicat que de remployer le terme de science-fiction.
D'une certaine manière, on en revient également à la notion de conjecture, chère à Versins, qui lui avait permis d'élargir son horizon à d'autres choses que la "science-fiction" au sens historique.
"Spéculation", autant que "conjecture" sont des termes qui me conviennent assez, en général, car ils s'accordent bien avec une inscription de la fiction dans ces "portions imaginaires mais potentielles de l'histoire de l'humanité", inscription qui me paraît fondatrice du domaine dont nous discutons.
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Sand
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Message par Sand » sam. janv. 23, 2010 4:56 pm

mais ça vaut pas les speculoos.

Giangi
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Message par Giangi » sam. janv. 23, 2010 4:58 pm

bormandg a écrit :Je suis probablement en cause dans une confusion: j'employais le terme d'étiquette au sens commercial, pas au sens de code. Les règles auxquelles je fais allusion, ce sont celles de Campbell et des éditeurs de SF pour décider si une oeuvre a sa place dans leurs collections ou magazines, autrement dit pour lui accorder l'étiquette SF...
C'est précisément cela que je mets en cause, et à propos de quoi j'écrivais :
Giangi a écrit :Je n'arrive décidément pas à me faire ces définitions d'autorité... (...) alors que ce qui me semble quand même le plus important c'est le contenu, non ?
Plus précisément : les caractéristiques du contenu.
J'ajoute : indépendamment des règles (d'autorité) édictées par tel ou tel éditeur ou qui que ce soit d'autre... Tout ça a un côté "texte sacré" qui me gêne beaucoup...
bormandg a écrit :A l'intérieur de ce mouvement cohabitent des oeuvres de fiction spéculative qui cherchent une reconnaissance comme partie intégrante de la littérature, et des oeuvres de pur divertissement qui ne cherchent que la satisfaction immédiate du lecteur "populaire"
Je ne suis pas sûr que cette distinction soit aussi fondatrice que le laisse entendre Georges. En tout cas, les deux catégories relèvent à mes yeux (dans ce cas, bien sûr) de la science-fiction (terminologie imparfaite mais compréhensible !)
Giangi

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bormandg
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Message par bormandg » sam. janv. 23, 2010 5:05 pm

Giangi a écrit :
bormandg a écrit :Je suis probablement en cause dans une confusion: j'employais le terme d'étiquette au sens commercial, pas au sens de code. Les règles auxquelles je fais allusion, ce sont celles de Campbell et des éditeurs de SF pour décider si une oeuvre a sa place dans leurs collections ou magazines, autrement dit pour lui accorder l'étiquette SF...
C'est précisément cela que je mets en cause, et à propos de quoi j'écrivais :
Giangi a écrit :Je n'arrive décidément pas à me faire ces définitions d'autorité... (...) alors que ce qui me semble quand même le plus important c'est le contenu, non ?
Plus précisément : les caractéristiques du contenu.
J'ajoute : indépendamment des règles (d'autorité) édictées par tel ou tel éditeur ou qui que ce soit d'autre... Tout ça a un côté "texte sacré" qui me gêne beaucoup...
1 Si l'oeuvre est publiée, c'est bien qu'elle a satisfait aux règles de l'éditeur, non? Rien à voir avec un côté "texte sacré", dont je n'aurais rien à F...
Giangi a écrit :
bormandg a écrit :A l'intérieur de ce mouvement cohabitent des oeuvres de fiction spéculative qui cherchent une reconnaissance comme partie intégrante de la littérature, et des oeuvres de pur divertissement qui ne cherchent que la satisfaction immédiate du lecteur "populaire"
Je ne suis pas sûr que cette distinction soit aussi fondatrice que le laisse entendre Georges. En tout cas, les deux catégories relèvent à mes yeux (dans ce cas, bien sûr) de la science-fiction (terminologie imparfaite mais compréhensible !)
2 Où as-tu vu une distinction "fondatrice"? Il s'agit simplement d'un classement a posteriori, qui séparera Dhalgren de Star wars (cas limites). De temps à autres et même assez souvent on trouvera des oeuvres qui jouent sur les deux registres.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Lensman
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Message par Lensman » sam. janv. 23, 2010 5:15 pm

Lem a écrit :Etrangement, le principal résultat de ce fil en ce qui me concerne aura été (outre l'extinction de mon désir de théoriser), de faire de moi un de ces types qui, quand on leur demande si ce qu'ils écrivent est de la science-fiction, répondent "non".
Tu peux faire comme Ballard, et je ne peux que te souhaiter autant de succès…
Que veux-tu que je réponde d'autre à une balourdise pareille, dite sur le ton Calimero?
Oncle Joe

Giangi
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Message par Giangi » sam. janv. 23, 2010 5:32 pm

Giangi a écrit : J'ajoute : indépendamment des règles (d'autorité) édictées par tel ou tel éditeur ou qui que ce soit d'autre... Tout ça a un côté "texte sacré" qui me gêne beaucoup...
bormandg a écrit : 1 Si l'oeuvre est publiée, c'est bien qu'elle a satisfait aux règles de l'éditeur, non? Rien à voir avec un côté "texte sacré", dont je n'aurais rien à F...
Oui, j'ai été un peu vite. Je voulais dire "règles sacrées", permettant ou pas d'adouber un texte...
bormandg a écrit :
Giangi a écrit :
bormandg a écrit :A l'intérieur de ce mouvement cohabitent des oeuvres de fiction spéculative qui cherchent une reconnaissance comme partie intégrante de la littérature, et des oeuvres de pur divertissement qui ne cherchent que la satisfaction immédiate du lecteur "populaire"
Je ne suis pas sûr que cette distinction soit aussi fondatrice que le laisse entendre Georges. En tout cas, les deux catégories relèvent à mes yeux (dans ce cas, bien sûr) de la science-fiction (terminologie imparfaite mais compréhensible !)
2 Où as-tu vu une distinction "fondatrice"? Il s'agit simplement d'un classement a posteriori, qui séparera Dhalgren de Star wars (cas limites). De temps à autres et même assez souvent on trouvera des oeuvres qui jouent sur les deux registres.
Là, c'est que j'avais mal compris... :?
bormandg a écrit : le seul usage incontestable et à mes yeux correct de l'expression "science-fiction" est le placement dans le cadre d'un mouvement artistique, historiquement et culturellement défini par le respect de certaines règles d'écriture et de publication et l'apposition d'une étiquette.
Alors là, ce que tu mets sous ce terme en général ressemble, plutôt qu'à un domaine ou une catégorie littéraire, à une "école", au sens "La Pléiade", le Symbolisme, le Surréalisme, etc. Et ça, je peux l'admettre.
Mais est-ce bien de cela que nous discutons ? La catégorie littéraire "science-fiction" n'est-elle pas plus large que ce mouvement historiquement et géographiquement défini ?
Giangi

Lem

Message par Lem » sam. janv. 23, 2010 5:32 pm

silramil a écrit :Est-ce que ce deuil n'est pas nécessaire, et libérateur ?
On verra à l'usage.
écris-tu encore de la science-fiction?
Oncle ne le croira pas mais c'est sans importance : des nouvelles comme Le gouffre aux chimères ou Superscience, un scénario comme la Brigade chimérique ont été écrits sans douter un instant qu'ils soient de la science-fiction. C'est aussi une façon de répondre à "qu'importe le flacon…". Hormis des expériences d'équilibrisme transgenre comme Le haut-lieu (le texte, pas le recueil), je ne me suis jamais soucié des étiquettes pour écrire parce que je pensais que la SF était assez large pour accueillir ce que je faisais, même s'il n'y avait pas de science ou de futur dedans, même si ça impliquait un monde injustifiable par rapport au nôtre. Je n'ai jamais perçu, en fait, le sens restreint.

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Message par Lensman » sam. janv. 23, 2010 5:39 pm

Lem a écrit :
silramil a écrit :Est-ce que ce deuil n'est pas nécessaire, et libérateur ?
On verra à l'usage.
écris-tu encore de la science-fiction?
Oncle ne le croira pas mais c'est sans importance : des nouvelles comme Le gouffre aux chimères ou Superscience, un scénario comme la Brigade chimérique ont été écrits sans douter un instant qu'ils soient de la science-fiction. C'est aussi une façon de répondre à "qu'importe le flacon…". Hormis des expériences d'équilibrisme transgenre comme Le haut-lieu (le texte, pas le recueil), je ne me suis jamais soucié des étiquettes pour écrire parce que je pensais que la SF était assez large pour accueillir ce que je faisais, même s'il n'y avait pas de science ou de futur dedans, même si ça impliquait un monde injustifiable par rapport au nôtre. Je n'ai jamais perçu, en fait, le sens restreint.
Et d'après toi, parce que tu as trouvé des contradicteurs dans ta théorie sur la SF, c'est que tu n'en écris pas? On en revient à la vieille théorie, très discutable, qui consiste à dire que n'est de la SF qu'une oeuvre que son auteur considère comme de la SF… on n'avance pas… hé hé hé!
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Message par Lensman » sam. janv. 23, 2010 5:43 pm

Lem a écrit :
silramil a écrit :Est-ce que ce deuil n'est pas nécessaire, et libérateur ?
On verra à l'usage.
.
Et ça ne s'use que si l'on s'en sert…
Oncle Joe

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Message par Erion » sam. janv. 23, 2010 5:43 pm

Lem a écrit : Oncle ne le croira pas mais c'est sans importance : des nouvelles comme Le gouffre aux chimères ou Superscience, un scénario comme la Brigade chimérique ont été écrits sans douter un instant qu'ils soient de la science-fiction. C'est aussi une façon de répondre à "qu'importe le flacon…". Hormis des expériences d'équilibrisme transgenre comme Le haut-lieu (le texte, pas le recueil), je ne me suis jamais soucié des étiquettes pour écrire parce que je pensais que la SF était assez large pour accueillir ce que je faisais, même s'il n'y avait pas de science ou de futur dedans, même si ça impliquait un monde injustifiable par rapport au nôtre. Je n'ai jamais perçu, en fait, le sens restreint.
Hm, là, tu te méprends.
Ce que nous n'avons pas cessé de dire, c'est qu'il existe une définition centrale de la SF (qui repose sur la science et le futur), mais central n'a jamais voulu dire exclusif. Il y a une zone floue, qui existe et se développe sous l'étiquette SF, parce qu'on lui y laisse une place (pour tout un ensemble de raisons X ou Y, mais en tout cas, pas une seule et unique).
Le fait de s'intéresser à la marge du centre, ça ne signifie pas faire de la marge le centre.
D'autre part, ton erreur, à mon avis, est d'avoir voulu associer ça (qui était déjà pas facile à avaler) avec les causes du déni, tout en disant que ce déni était terminé (Sur cette question du déni, je t'invite à relire ta préface à Escales sur l'Horizon, en passant.).

Tout ça dans une seule préface, à destination de tout le public (et pas seulement la poignée d'acharnés connaisseurs et capillotracteurs), ça fait beaucoup, beaucoup trop.
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Message par Lensman » sam. janv. 23, 2010 5:50 pm

Porter les deux casquettes, théoricien, et créateur, en même temps, je ne dis pas que c'est impossible, mais c'est lourd, très lourd. Et il me semble que, même lorsqu'on y arrive, l'un a tendance à bouffer l'autre. L'équilibre est très difficile.
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Message par silramil » sam. janv. 23, 2010 5:57 pm

Oh, la brigade chimérique, c'est de la science-fiction (à partir de récits qui, selon mes délimitations ayatollesques, n'en sont pas).
pour gloser à la fois sur ma question et sur ta réponse, je dirais que ton écriture excède (ce qui n'est ni positif ni négatif) le cadre de la science-fiction au sens restreint, ce qui n'apparaissait pas encore dans tes premiers romans du Fleuve, ou dans bon nombre de tes nouvelles (je ne prétendrai pas les connaître toutes), jusqu'à au moins l'époque de Aucune étoile aussi lointaine. Dans ce dernier roman, les cadres de la SF craquent déjà nettement : c'est à mes yeux un roman sur la science-fiction en même temps qu'un roman de science-fiction. Le récit cadre du Livre des ombres étend encore cette dimension de métatextualité et met en évidence l'impulsion qui traversait déjà tes textes antérieurs. Tu as simplement cessé de te plier aux contraintes de la SF au sens restreint, pour suivre ta voie personnelle.

Et je répète que tes intuitions et théories apportent beaucoup à la compréhension de la SF.

Lem

Message par Lem » sam. janv. 23, 2010 6:00 pm

Lensman a écrit :parce que tu as trouvé des contradicteurs dans ta théorie sur la SF, c'est que tu n'en écris pas?
Non.
Selon les critères objets/sujets de mes contradicteurs, les textes cités ne sont pas de la SF. Si je prends la contradiction au sérieux – et que signifie d'autre ce fil de 400 pages ? – l'issue logique est la fiction spéculative.
Et en ce qui concerne la théorie, c'est la même chose. Je sais très bien d'où vient cette pulsion. Je l'avais déjà au collège, bien avant d'écrire, quand j'essayais de convaincre mes profs de français que la SF n'était pas le truc grotesque qu'ils croyaient. Je l'ai dit très souvent : le domaine a été pour moi quelque chose d'identitaire, jamais un simple métier ou un genre, et je n'ai jamais accepté le fait qu'il soit jugé incompatible avec la culture française par des gens qui ne le connaissaient pas. Théoriser, historiciser, définir, c'était une réponse à ça. "Fiction spéculative" éteint à peu près cette nécessité. Le terme n'est pas connu en France, hormis des fans. Il n'est pas connoté. Se placer sous ce registre, ce n'est pas s'inscrire dans un genre mais utiliser un adjectif pour dire qu'on fait un truc un peu différent de la littérature réaliste. Et l'effet identitaire s'estompe presque instantanément. Donc…

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Message par Lensman » sam. janv. 23, 2010 6:04 pm

silramil a écrit :Oh, la brigade chimérique, c'est de la science-fiction (à partir de récits qui, selon mes délimitations ayatollesques, n'en sont pas).
pour gloser à la fois sur ma question et sur ta réponse, je dirais que ton écriture excède (ce qui n'est ni positif ni négatif) le cadre de la science-fiction au sens restreint, ce qui n'apparaissait pas encore dans tes premiers romans du Fleuve, ou dans bon nombre de tes nouvelles (je ne prétendrai pas les connaître toutes), jusqu'à au moins l'époque de Aucune étoile aussi lointaine. Dans ce dernier roman, les cadres de la SF craquent déjà nettement : c'est à mes yeux un roman sur la science-fiction en même temps qu'un roman de science-fiction. Le récit cadre du Livre des ombres étend encore cette dimension de métatextualité et met en évidence l'impulsion qui traversait déjà tes textes antérieurs. Tu as simplement cessé de te plier aux contraintes de la SF au sens restreint, pour suivre ta voie personnelle.

Et je répète que tes intuitions et théories apportent beaucoup à la compréhension de la SF.
Ce n'est pas le même cheminement qu'avec Ballard, a priori. Mais il y a bien le syndrome "méta", que chaque écrivain gère à sa manière; ce n'est pas facile.
Oncle Joe

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