Sarmate a écrit :Je savais bien que j'aurais mieux fait de fermer ma margoulette. Nous voici empêtrés dans un quiproquo qui ressemble à une bataille à front retourné…

Je dirais que ça tombe très bien car nous avions déjà amorcé cette conversation au Salon de Sèvres (même si à ce moment plus portée sur la littérature de l'Imaginaire en général) lorsque je suis venu avec la ferme intention de lire
Gagner la Guerre.
Il est vrai que dans Gagner la Guerre, j'ai voulu secouer cette inertie stylistique et, dans une moindre mesure, narrative. Toutefois, je n'irais pas jusqu'à parler d'un renouvellement des formes, plutôt d'une translation. J'ai appliqué dans un récit fantasy des recettes déjà usées ailleurs. Et oui, c'est vrai, il y a au moins une métaphore : les patriciens ciudaliens, je les ai conçus comme les comparants de nos nouveaux oligarques. Mais là encore, plus qu'une innovation, il s'agit de la transposition fantasy d'une analogie historique avec les banquiers et les politiciens florentins.
Donc on peut très bien inclure l'analogie historique/métaphore des nouveaux oligarques dans la Fantasy dont la fonction majeure reste l'évasion, le merveilleux. Pour moi c'est loin d'être incompatible. Même si je place la question du style au-dessus des stratégies narratives, des thématiques abordeés dans un texte, ou encore du sujet.
Ceci dit, le Vieux Royaume, c'est aussi un jeu avec les clichés les plus éculés de la fantasy canonique. Il y a quelques années, j'ai proposé à différentes maisons d'édition un manuscrit qui bousculait vraiment les canons de la narration fantasy, en ayant recours à une écriture en éclats. Ca, ça n'a pas passé du tout. Je ne m'en plains pas, du reste : il est vrai que ce texte comportait des erreurs de jeunesse… et pour cette raison-là, c'est très bien qu'il ait fini au fond d'un tiroir. Mais l'expérience me confirme dans l'idée que l'édition de la fantasy, et peut-être le public de la fantasy, habitués à des codes narratifs bien huilés, risquent d'être rétifs à de vraies innovations littéraires.
D'un point de vue théorique, je dirais qu'originalité et le respect des codes sont une seule et même chose ...
Je ne connais pas bien le milieu de l'édition mais en tout cas, ça ne les a pas empêché de publier la
Horde du Contrevent et Justine Niogret. Le roman de Damasio, pour ne citer que celui-ci, propose tout de même une certaine innovation.
Pour ce qui est des lecteurs, oui c'est vrai, moi ça m'amuse quand il cherche du "fun" en Fantasy. Alors que cherche-t-il dans d'autres genres ?:D
La Fantasy est un genre fort sous-estimé et c'est bien dommage car il offre une multitude de possiblités, des pistes inexploitées. En tout cas, les récentes publications de fantasy novatrice, c'est tout à fait ça, sont encourageantes.