Minuscules flocons de neige... de David Calvo
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- Transhumain
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Minuscules flocons de neige... de David Calvo
Bonsoir,
J'ai lu le dernier Calvo il y a quelque temps déjà. Je constate que personne, ou presque, n'en parle. Injuste. Une critique paraîtra dans Galaxies, mais j'en propose sur mon blog une version enrichie. C'est ici : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -calv.html
Franchement, même si ce livre hors du commun n'est qu'à moitié réussi, il vaut la peine d'être lu. Ne croyez pas Arkady Knight qui, sur ActuSF, affirmait gratuitement que Minuscules flocons n'était pas "écrit pour être lu". Il y a de superbes pages dans Minuscules flocons. Et des idées. Et même, de l'émotion.
J'ai lu le dernier Calvo il y a quelque temps déjà. Je constate que personne, ou presque, n'en parle. Injuste. Une critique paraîtra dans Galaxies, mais j'en propose sur mon blog une version enrichie. C'est ici : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -calv.html
Franchement, même si ce livre hors du commun n'est qu'à moitié réussi, il vaut la peine d'être lu. Ne croyez pas Arkady Knight qui, sur ActuSF, affirmait gratuitement que Minuscules flocons n'était pas "écrit pour être lu". Il y a de superbes pages dans Minuscules flocons. Et des idées. Et même, de l'émotion.
J'ai essayé d'en parler ici mais ça n'a pas suscité de grandes réflexions lol
J'ai le même problème avec David Calvo.
Je m'explique :
La lecture de Minuscules flocons... m'a laissé perplexe. Si j'ai apprécié la recherche stylistique, la poésie troublante qui se dégage du récit, je ne parviens pas à me débarasser de l'impression que ce beau travail de plume cache un certain vide.
Le Cafard est enthousiaste, je suis perplexe. Existe-t-il de la part de l'auteur une volonté de trier son lectorat en lui offrant, en guise d'interface avec son univers, un exercice de style sans doute brillant mais souvent obscur ?
Est-ce une manière de se démarquer d'une SF classique toujours mal considérée en France, en lorgnant du côté de la littérature "blanche" contemporaine ?
Je me pose la question, d'autant qu'il me semble percevoir là derrière une vraie réflexion sur le réel, mais dont le développement est comme étouffé par une écriture pas facile.
J'espère avoir été clair. Very Happy
- Transhumain
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Salut Eric ! C'est vrai, ça fait un moment que je n'ai rien posté ici. Pas le temps !
Nico : oui, Minuscules flocons poursuit la veine d'Acide organique. Mais c'est un roman, avec des personnages et une trame aisément identifiables. Mais si tu n'as rien compris au recueil, lâche l'affaire.
Seb : je me souviens de ton intervention mais je ne l'avais pas retrouvée.
Tu dis toi-même avoir été troublé. Alors comment peux-tu soupçonner la prose de David Calvo de cacher "un certain vide" ? S'il nous touche, ne serait-ce que par moments, c'est qu'il met beaucoup de lui dans ses textes. Dans les commentaires de mon blog, Fabrice Colin a écrit : "[...] Et cette tristesse insupportable. David est certainement l'écrivain le plus impudique que je connaisse. Le courage qu'il a de s'exposer ainsi tient de l'inconscience et force le respect : c'est notre Pete Doherty à nous."
C'est exactement ça. Du vide ? Non ! Cependant, il n'est pas anodin que tu ais parlé de vide. David Calvo s'attaque précisément, dans ses nouvelles et dans Minuscules flocons, à un univers qui ne relève pas vraiment du Réel, ni même du virtuel. S'il est question de vide, ce n'est pas celui de l'écrivain, bien au contraire, mais celui dans lequel il se débat, désespérément seul, celui de l'époque, celui de notre civilisation, celui de la modernité désenchantée. Nous nous enfonçons dans une individualité absolue, que permettent justement l'Internet et la réalité virtuelle. Nous créons des univers individuels, mais réduisons notre univers collectif. Pour rester dans le domaine littéraire, c'est ce qu'a brillamment mis en scène Philippe Vasset dans Bandes alternées, petit roman paru chez Fayard (cf. mon article sur Ring et sur mon blog). Chez Calvo, c'est plus poétique, plus intuitif, ça m'évoque Burroughs, c'est une plongée dans sa tête, avec ses références, son imaginaire, ses mythes personnels, et ses angoisses. Rien à voir, évidemment, avec Christine Angot ! Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une pose. Je ne vois pas d'intention élitiste chez Calvo. Et puis, tu sais, un écrivain ne s'adresse jamais à l'ensemble de l'humanité, mais bien à ceux chez qui sa voix trouvera un écho...
Nico : oui, Minuscules flocons poursuit la veine d'Acide organique. Mais c'est un roman, avec des personnages et une trame aisément identifiables. Mais si tu n'as rien compris au recueil, lâche l'affaire.
Seb : je me souviens de ton intervention mais je ne l'avais pas retrouvée.
Tu dis toi-même avoir été troublé. Alors comment peux-tu soupçonner la prose de David Calvo de cacher "un certain vide" ? S'il nous touche, ne serait-ce que par moments, c'est qu'il met beaucoup de lui dans ses textes. Dans les commentaires de mon blog, Fabrice Colin a écrit : "[...] Et cette tristesse insupportable. David est certainement l'écrivain le plus impudique que je connaisse. Le courage qu'il a de s'exposer ainsi tient de l'inconscience et force le respect : c'est notre Pete Doherty à nous."
C'est exactement ça. Du vide ? Non ! Cependant, il n'est pas anodin que tu ais parlé de vide. David Calvo s'attaque précisément, dans ses nouvelles et dans Minuscules flocons, à un univers qui ne relève pas vraiment du Réel, ni même du virtuel. S'il est question de vide, ce n'est pas celui de l'écrivain, bien au contraire, mais celui dans lequel il se débat, désespérément seul, celui de l'époque, celui de notre civilisation, celui de la modernité désenchantée. Nous nous enfonçons dans une individualité absolue, que permettent justement l'Internet et la réalité virtuelle. Nous créons des univers individuels, mais réduisons notre univers collectif. Pour rester dans le domaine littéraire, c'est ce qu'a brillamment mis en scène Philippe Vasset dans Bandes alternées, petit roman paru chez Fayard (cf. mon article sur Ring et sur mon blog). Chez Calvo, c'est plus poétique, plus intuitif, ça m'évoque Burroughs, c'est une plongée dans sa tête, avec ses références, son imaginaire, ses mythes personnels, et ses angoisses. Rien à voir, évidemment, avec Christine Angot ! Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une pose. Je ne vois pas d'intention élitiste chez Calvo. Et puis, tu sais, un écrivain ne s'adresse jamais à l'ensemble de l'humanité, mais bien à ceux chez qui sa voix trouvera un écho...
J'ai eu l'impression pendant de nombreuses pages que le récit n'allait nulle part mais peut-être as-tu raison et que cette sensatioon ne reflète que la volonté de David Calvo de mettre en relief le vide même de nos existences, faites de questionnements frustrants et d'attentes déçues. Les personnages semblent flotter dans un néant brumeux parcouru de visions fugitives, d'illusions éphémères.
D'où cette force indéniable dans le traitement du réel. Ne te trompe pas transhumain, j'ai beaucoup apprécié la lecture de Minuscules flocons... mais je ne peux m'empêcher de baigner moi aussi dans l'incertitude. Je cherche encore à comprendre, peut-être par réflexe, ce qui sous-tend le récit.
Mais peut-être n'est-ce que cette chose évidente et angoissante : pas plus que ce drôle de voyage halluciné et désenchanté nos vies n'ont de substance.
D'où cette force indéniable dans le traitement du réel. Ne te trompe pas transhumain, j'ai beaucoup apprécié la lecture de Minuscules flocons... mais je ne peux m'empêcher de baigner moi aussi dans l'incertitude. Je cherche encore à comprendre, peut-être par réflexe, ce qui sous-tend le récit.
Mais peut-être n'est-ce que cette chose évidente et angoissante : pas plus que ce drôle de voyage halluciné et désenchanté nos vies n'ont de substance.
- Transhumain
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Nico : Atomic Bomb, ça déchire ça race, comme dit l'autre. Et c'est complètement barré. La partie des extraterrestres en forme de poire, surtout, est magnifique de déjante et d'émotion. Si tu accroches, tu peux quand même tenter Minuscules flocons...
Seb : bah, Christine Angot est sans importance. Elle n'est pas dénuée de talent, seulement elle n'a strictement rien à dire, alors elle nous raconte sa vie, qui, évidemment, est inintéressante. Big problem, is'nt it ? Franchement, elle devrait ouvrir un blog, et arrêter de VENDRE son néant.
Seb : bah, Christine Angot est sans importance. Elle n'est pas dénuée de talent, seulement elle n'a strictement rien à dire, alors elle nous raconte sa vie, qui, évidemment, est inintéressante. Big problem, is'nt it ? Franchement, elle devrait ouvrir un blog, et arrêter de VENDRE son néant.
- Eric
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Pourquoi se priver, tant qu'elle est soutenue par une frange non négligeable parisaniste. Je pense à l'infâme Beigbeder lui remettant son prix après lui avoir dégueulé dessus pendant des années par posture.Transhumain a écrit :Christine Angot est sans importance. Elle n'est pas dénuée de talent, seulement elle n'a strictement rien à dire, alors elle nous raconte sa vie, qui, évidemment, est inintéressante. Big problem, is'nt it ? Franchement, elle devrait ouvrir un blog, et arrêter de VENDRE son néant.
Fin de la digression.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Re: Minuscules flocons de neige... de David Calvo
je te laisse à tes propres incohérences :Transhumain a écrit :Ne croyez pas Arkady Knight qui, sur ActuSF, affirmait gratuitement que Minuscules flocons n'était pas "écrit pour être lu".
A.K.Transhumain a écrit :l’auteur perd parfois son lecteur en route.
Contains strong violence, pervasive language,
sexual content/nudity and drug use.
sexual content/nudity and drug use.
Charmant non-débat :
Malgré tout, les scènes, prises indépendament, sont extraordinaires.
Un excellent faux-roman.
Je me permets néanmoins de relever certaines incohérences dans ton propos, Transhumain, si tu n'y vois pas d'inconvénients:
Tu peux m'expliquer ce paradoxe, s'il te plaît ?
Il me semble, bien au contraire, que Calvo évoque des thématiques assez larges...
Walt Disney ? Tron ? L'émergence de la nanotechnologie ? L'enfance et l'éveil sexuel/social ? Ça ne te parle pas ?
Peut-être dois-on y voir un rapport avec un certain comportement autiste du public (pro-)sf (non?).
Dois-je encore cité la pression urbaine (symbolisée par la grille, L.A. comme apex absolu de l'urbanité) ?
Godzilla ne concerne-t-il que l'auteur ?
Problème générationnel ? Problème culturel ? Pourtant, il me semble que le mythe du Gojira n'est pas tout neuf...
Ta tête serait moins permissive que celle de David Calvo, à tout hasard ?
Tu sous-entends que ce roman a trouvé un écho chez toi, alors que tu viens justemment de dire que Calvo traite de thématiques qui lui sont personnelles (ce que je considère comme faux, bien sûr).
Si tu me le permets, je vais reformuler ta phrase:
"Un écrivain essaie de s'adresser à tout le monde avec un message particulier, basé sur des stimuli qu'il aura interprété d'une certaine manière. À cet écrivain, ensuite, de rendre ce message intelligible. Cela peut passer par une lecture premier degré ou un ensemble de sensations provoquées par la lecture".
David Calvo mélange, sans stopper aux frontières de la cohérence. C'est ce qui rend son propos si intéressant.
Je note enfin que tu parles presque plus de ton "blog" que du roman de David Calvo. Ton "blog" recherche-t-il, lui, aussi, de l'affection dans un monde où la réalité ne veut plus rien dire ? A-t-il peur de l'avenir ?
PS: on remarquera que j'ai été sage, pour une fois. J'ai arrêté la caféine, les autres drogues aussi, le punk et l'UMP.
Le véritable défaut de ce roman est justement sa forme de roman, totalement inepte et artificielle.Transhumain a écrit :Nico : oui, Minuscules flocons poursuit la veine d'Acide organique. Mais c'est un roman, avec des personnages et une trame aisément identifiables. Mais si tu n'as rien compris au recueil, lâche l'affaire.
Malgré tout, les scènes, prises indépendament, sont extraordinaires.
Un excellent faux-roman.
Je me permets néanmoins de relever certaines incohérences dans ton propos, Transhumain, si tu n'y vois pas d'inconvénients:
Hmm. Étrange. Internet briserait les liens entre les gens, mais nous permettrait de dialoguer sur ce forum, en cet instant précis (ma notion "d'instant" est très imprécise, mais j'aurai peur d'invoquer un "momentum" que je maîtrise encore moins) ?Transhumain a écrit :Nous nous enfonçons dans une individualité absolue, que permettent justement l'Internet et la réalité virtuelle.
Tu peux m'expliquer ce paradoxe, s'il te plaît ?
Excuse-moi, mais avons-nous lu le même livre ?Transhumain a écrit :Chez Calvo, c'est plus poétique, plus intuitif, ça m'évoque Burroughs, c'est une plongée dans sa tête, avec ses références, son imaginaire, ses mythes personnels, et ses angoisses.
Il me semble, bien au contraire, que Calvo évoque des thématiques assez larges...
Walt Disney ? Tron ? L'émergence de la nanotechnologie ? L'enfance et l'éveil sexuel/social ? Ça ne te parle pas ?
Peut-être dois-on y voir un rapport avec un certain comportement autiste du public (pro-)sf (non?).
Dois-je encore cité la pression urbaine (symbolisée par la grille, L.A. comme apex absolu de l'urbanité) ?
Godzilla ne concerne-t-il que l'auteur ?
Problème générationnel ? Problème culturel ? Pourtant, il me semble que le mythe du Gojira n'est pas tout neuf...
Ta tête serait moins permissive que celle de David Calvo, à tout hasard ?
Hé bien, là, je me gratte la tête. Je sais, ce n'est pas très poli. Je me gratte la tête, car je reste dubitatif sur cette dernière contradiction:Transhumain a écrit :Et puis, tu sais, un écrivain ne s'adresse jamais à l'ensemble de l'humanité, mais bien à ceux chez qui sa voix trouvera un écho...
Tu sous-entends que ce roman a trouvé un écho chez toi, alors que tu viens justemment de dire que Calvo traite de thématiques qui lui sont personnelles (ce que je considère comme faux, bien sûr).
Si tu me le permets, je vais reformuler ta phrase:
"Un écrivain essaie de s'adresser à tout le monde avec un message particulier, basé sur des stimuli qu'il aura interprété d'une certaine manière. À cet écrivain, ensuite, de rendre ce message intelligible. Cela peut passer par une lecture premier degré ou un ensemble de sensations provoquées par la lecture".
David Calvo mélange, sans stopper aux frontières de la cohérence. C'est ce qui rend son propos si intéressant.
Je note enfin que tu parles presque plus de ton "blog" que du roman de David Calvo. Ton "blog" recherche-t-il, lui, aussi, de l'affection dans un monde où la réalité ne veut plus rien dire ? A-t-il peur de l'avenir ?
PS: on remarquera que j'ai été sage, pour une fois. J'ai arrêté la caféine, les autres drogues aussi, le punk et l'UMP.
Il y a une liberté de structure et d'idées chez Calvo qui ne peut que forcer l'admiration.
J'ai beaucoup aimé "minuscules flocons".
"Sunk" qui est assez décrié m'a également beaucoup plus, surtout la fin que j'ai trouvé très si ce n'est vraiment réussie, au minimum très originale et très intéressante.
Vive Calvo !!
LC
J'ai beaucoup aimé "minuscules flocons".
"Sunk" qui est assez décrié m'a également beaucoup plus, surtout la fin que j'ai trouvé très si ce n'est vraiment réussie, au minimum très originale et très intéressante.
Vive Calvo !!
LC