Lensman a écrit :Nébal a écrit :Moi j'aimerais toujours qu'on m'explique ce que la Singularité a de singulier.
Justement, rien... La situation de se trouver,
ou de croire se trouver confronté à des problèmes trop complexes pour être appréhendés est un motif habituel, on peut même dire banal, de la SF depuis... depuis... Après, on voit si la manière dont c'est amené tient debout et, surtout, est intéressante, et ce que l'auteur en fait....
Oncle Joe
Rien… Non. La Singularité a déjà été évoquée dans les années 1940, de façon particulièrement explicite mais évidemment sans employer le terme, par Fredric Brown dans sa très courte nouvelle, la Question qui s'achève comme on sait sur la réponse du Superordinateur: "Maintenant, il y en a un." (Un Dieu). Et comme le disait en substance Michel Jeury, "ce qui arriva ensuite ne peut pas être dit avec des mots humains.
J'ai un peu de mal à percer le snobisme de Nébal sous son aveu prétendu d'ignorance. Comme chacun sait, la Singularité est un concept extrêmement simple: dans un avenir proche, la capacité de logique et de calcul des ordinateurs dépasse celle des humains. À partir de là, ils s'auto-développent à une vitesse foudroyante, et strictement rien ne put être prévu de leurs possibilités et comportements notamment à l'endroit de leurs créateurs involontaires, les humains. Typique d'une évolution non linéaire dont les conditions initiales sont insaisissables et dont le cours ne peut pas être prédit à partir de ce point, la Singularité.
C'est donc une idée précise, intéressante et hautement problématique quant à notre avenir. Je ne crois absolument pas à la vraisemblance de sa réalisation pour des raisons très profondes que j'ai exposées ailleurs et qui tiennent à notre échec total en matière d'intelligence artificielle.
Mais rien ne l'empêche d'être évoquée, voire utilisée, par des écrivains de science-fiction, ainsi Charles Stross et tout récemment Robert J. Sawyer dans sa trilogie Éveil, Veille et merveille, en cours de publication dans Ailleurs et demain, où il décrit l'émergence, dans des conditions très particulières, voire singulières, d'une Intelligence sur le net..
La Singularité ne pourrait donc pas être un épisode comme un autre dans l'histoire humaine comme le croit (ou fait semblant de le croire) naïvement Nébal: elle signifierait tout simplement la fin de la suprématie humaine et probablement de l'humanité, ce qui serait au moins pour nous un accident d'une certaine ampleur. En particulier, la seule limite au développement de l'I.A. étant ses besoins énergétiques du fait de l'incontournable second principe de la thermodynamique, il en résulterait une compétition féroce entre elle et l'humanité pour le contrôle des sources d'énergie.
Sawyer imagine, dans son optimisme foncier que certains qualifieront de béat, une issue moins sombre, fondée sur une collaboration.
Mon immortalité est provisoire.