Rosée de feu, de Xavier Mauméjean
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Rosée de feu, de Xavier Mauméjean
On en parle déjà ailleurs sur le forum, mais je pense qu'il ne serait pas mal de lui consacrer un fil dédié.
Je re-ouvre le feu (au canon de 20 mm). J'aurai d'autre chose à dire, mais il faut que je réfléchisse encore. Il y a d'autres détails qui...
Bon...
J’ai l’impression qu’il y a – au moins – deux façons d’apprécier Rosée de feu : en ne se posant pas beaucoup de questions, ou en se posant beaucoup de questions.
Adoptons un instant la première.
On se dira que, décidément, Xavier Mauméjean est un original qui aime s’imposer des défis farfelus. Là, pour épater le lecteur, il prouve qu’il est capable de le passionner et le tenir en haleine avec un roman sur la Seconde Guerre mondiale et singulièrement la Guerre du Pacifique, en remplaçant simplement (!) les avions japonais (ou plutôt asiatiques en général, le détail a son importance si on adopte la deuxième façon). Défi farfelu mais malin : l’amateur de Fantasy, par l’odeur du dragon alléché, va se trouver piégé (les mauvais esprits classeront cette astuce sous l’énigmatique nom de code « opération marketing »). L’amateur de Fantasy va être surpris. Les dragons en question sont proprement rationnalisés, crânement rangés dans le bestiaire officiel terrestre, au côté des tyrannosaures des dinosaures et autres ragondins. Bestioles conjecturales, mais zoologiquement et biologiquement correctes (« correct » employé ici un peu dans le même sens que pour l’expression « politiquement correct », si tant est que j’ai bien assimilé cette expression). Point de merveilleux. Encore que… mais nous sommes dans la première façon. L’amateur de Fantasy sera donc conquis (ou non) par des aspects autres que ceux inhérents à la Fantasy.
L’amateur de romans historiques et guerriers, intrigué, va se mettre à l’affut pour guetter le faux pas, la balourdise, le détail grotesque de trop qui va faire définitivement basculer dans le n’importe-quoi un récit dont la cohérence joue sciemment au funambule sur le fil d’un rasoir. Il trouvera comme allié dans cette veille cruelle l’amateur d’uchronie, souvent irrité par l’avalanche de fausses uchronies (des parachronies, peut-être ?) qu’auteurs et éditeurs lui infligent, sur le modèle élargi du « steampunk » (en gros, on prend une époque à peu près historique, et on y balance quelques éléments farfelus – technologie anachronique, magie qui fonctionne, divinités au chômage en goguette, extraterrestres, etc. Rosée de feu pourrait bien relever de ce secteur, riche d’une palanquée de livres médiocres, voire insipides, et d’une infime poignée de réussite. Coup de chance (chance fortement faussée par le fait que l’auteur s’appelle Xavier Mauméjean) : Rosée de feu se trouve dans la poignée, et peut-être même posé tout au-dessus de ce petit tas.
C’est que le récit est sans faiblesse. Tout ce qui peut être authentique est authentique, tout ce qui peut être à sa place est à sa place. On ne tique jamais. Le seul haussement de sourcil que l’on peut faire (haussement certes de taille), c’est sur l’absurdité même de la proposition de base, contraignant le lecteur à accepter qu’un monde où l’Asie élèverait des dragons comme des chevaux – point de divergence d’une intensité effarante pour l’uchroniste respectable - pourrait ressembler pareillement au nôtre, au point de voir s’y dérouler, décalquée au cadavre près (ou presque...) un guerre complexe. C’est insensé, fondamentalement. Mais si on laisse le fondamental, le pseudo-réel décrit fonctionne à la perfection, sans à-coup, sans grincement. Il ne manque pas un rivet de Hellcat, pas une écaille de dragon. C’est absurde, mais ça tient, c’est comme ça, c’est Mauméjean le Prestidigitateur, qui transforme les souris mécaniques en chauve-souris. Un artiste, vous dis-je !
A coup sûr, l’amateur de récit historique y trouvera son compte (mais si !). L’amateur d’uchronie, moins, mais il aurait tort, bien tort de ne pas achever la lecture (et pourquoi ne pas l’achever ? je ne vois aucune raison !), car il y a, à la clé, une sublime récompense à sa patience. L’amateur de Fantasy… je le vois mal lâcher le livre, lui non plus, même s’il ne va pas reconnaître ses mondes.
D’ailleurs, si l’on n’aime pas trop se poser de question, rester dans le conevu littéraire de bon ton, il y a la postface de Xavier Mauméjean, qui explique sa démarche. Ah, c’était donc ça ! Tout est clair. Beau pari esthétique, relevé avec classe. Et l’on sort définitivement de La rosée de feu, heureux.
Mais ça, c’est la première façon.
Il est bien sûr impossible de s’en contenter. La mauméjeanesque explication consensuelle par l’esthétique, à d’autres ! Vous en connaissez beaucoup, des prestidigitateurs, qui vous révèlent réellement les dessous de leurs tours ? Il faut être bien naïf pour les croire. Il y a autre chose derrière ce tournoyant tour de passe-passe,
Je vais vous dire la vraie vérité. Et les éventuelles dénégations effarées de l’auteur n’y feront rien. Il y a bien autre chose dans ce roman qu’un pari esthétique (ou qu’une variation gratuite, sussureraient ses rares détracteurs).
Rosée de feu illustre la capitulation sans condition du merveilleux face à la puissance du réel.
Je m’explique.
Il faut pour cela s’intéresser au statut des dragons dans le monde du roman. Quelle place sont-ils sensés occuper, chez les Asiatiques (les Occidentaux en sont dépourvus) ? Celle des avions. Des créatures que nous voyons habituellement comme liées au surnaturel remplacent donc des mécaniques. Ces dragons sont également devenus des créatures biologiques, au sens purement matériel du terme (on admire d’ailleurs l’habileté des explications qui les rendent réalistes). Dans ces conditions, qui occupe la niche « surnaturelle », « légendaire », « mythologique » qui est celle des dragons dans notre monde ? Les dragons japonais mauméjeanesques paraissent tout de même occuper cette niche, mais de manière bien insatisfaisante, à tel point que des machines semblent leur voler la vedette. Un violent affrontement entre les dragons japonais et les redoutables bombardiers B29 surarmés font surnommer ces derniers, par les pilotes des premiers, des « Toryu », c’est-à-dire « tueurs de dragon ». Il y a là un très astucieux retournement, qui sera savouré par les nombreux lecteurs férus d’aviation japonaise de la Seconde Guerre mondiale. En effet, « Toryu » était au contraire le surnom donné par les Japonais eux-mêmes à leur propre chasseur bimoteur Kawasaki Ki-45 ! Dans notre monde, les B29, que les Kawasaki Ki-45 tentaient tant bien que mal d’intercepter, étaient considérés comme des dragons (malfaisants). Dans le roman, ce sont les B29 qui sont décrits comme tueurs des « vrais » dragons, ce qui leur confère, de fait, un statut quasi surnaturel de… dragons, en quelque sorte, tels que vus dans notre monde. Bref, les B29 sont assimilés à des dragons pour les Japonais de notre monde, mais ils sont des « dragons de dragons », dans le roman. (Tout le monde suit ?) Dans les deux cas, la mécanique a vaincu le surnaturel et le merveilleux. Elle en prend même la place, pire, elle les rend obsolète, elle les efface, littéralement : à quoi sert le surnaturel, le naturel fait beaucoup mieux ? Ou bien pire…
L’hypothèse du pire se confirme avec l’épisode du bombardement géant de Tokyo, du 9 au 10 mars 1945 (plus de 300 B29, une « tempête de feu », et plus de 100.000 morts). L’effroyable épisode subit dans le roman une transposition « fidèle » (quelle expression convenable employer ?), à un gros détail près (que je ne donne pas pour ne pas « spoiler » trop comme on dit ici). Ce gros détail pourrait faire penser d’une certaine manière, à retour en force du merveilleux (horrifiant), la créature mise en scène, et brièvement évoquée auparavant dans le récit, dégageant tout de même une forte aura surnaturelle, malgré son prétendu ancrage zoologique.
Mais le merveilleux (horrifiant) ne triomphe qu’un instant.
En effet, second coup de théâtre, que je dévoile car, faisant cela, je « spoile » uniquement vis-à-vis des amateurs d’uchronie, et ceux-ci, par construction, ont un « spoil » dans la tête (si, si). Dans le roman, le bombardement de Tokyo entraîne la capitulation de Japon. Or, comme chacun sait, pas dans notre monde, où la capitulation sera précédée par deux bombardements atomiques. Pour mettre les points sur les i (ou pour tout compliquer encore davantage), Xavier Mauméjean site en exergue les paroles qu’Oppenheimer aurait prononcées en assistant à la première explosion atomique au Nouveau-Mexique, reprenant le Bhagavad Gita, vous savez, le fameux « plus brillant que mille soleils »… Sauf que la citation introduit, dans le roman, le bombardement de Tokyo, et non le bombardement d’Hiroshima : il n’y aura pas de bombardement d’Hiroshima dans le roman…
Autrement dit, le monde du roman est presque miséricordieux par rapport au monde réel. Il n’assiste pas au pire, le bombardement atomique, dont l’explosion sera réellement plus brillant que mille soleils.
Le merveilleux n’a plus qu’à tirer l’échelle. L’imagination humaine, qui le fabrique – et non pas en procède, comme on le croit parfois naïvement – finit toujours par faire mieux ou pire dans la réalité, quand elle passe aux travaux pratiques.
Que les amateurs de merveilleux se rassurent, cet enterrement de toute première classe sera suivi de bien des résurrections… et de bien d’autres enterrements. La duperie est terminé, mais pour le fun, on voudra bien faire semblant d’y croire, le temps d’un tour de prestidigitation.
Je crois que Xavier Mauméjean en a beaucoup dans son chapeau !
Il m’a bien plus, ce roman, quand j’y repense !
Oncle Joe
Je re-ouvre le feu (au canon de 20 mm). J'aurai d'autre chose à dire, mais il faut que je réfléchisse encore. Il y a d'autres détails qui...
Bon...
J’ai l’impression qu’il y a – au moins – deux façons d’apprécier Rosée de feu : en ne se posant pas beaucoup de questions, ou en se posant beaucoup de questions.
Adoptons un instant la première.
On se dira que, décidément, Xavier Mauméjean est un original qui aime s’imposer des défis farfelus. Là, pour épater le lecteur, il prouve qu’il est capable de le passionner et le tenir en haleine avec un roman sur la Seconde Guerre mondiale et singulièrement la Guerre du Pacifique, en remplaçant simplement (!) les avions japonais (ou plutôt asiatiques en général, le détail a son importance si on adopte la deuxième façon). Défi farfelu mais malin : l’amateur de Fantasy, par l’odeur du dragon alléché, va se trouver piégé (les mauvais esprits classeront cette astuce sous l’énigmatique nom de code « opération marketing »). L’amateur de Fantasy va être surpris. Les dragons en question sont proprement rationnalisés, crânement rangés dans le bestiaire officiel terrestre, au côté des tyrannosaures des dinosaures et autres ragondins. Bestioles conjecturales, mais zoologiquement et biologiquement correctes (« correct » employé ici un peu dans le même sens que pour l’expression « politiquement correct », si tant est que j’ai bien assimilé cette expression). Point de merveilleux. Encore que… mais nous sommes dans la première façon. L’amateur de Fantasy sera donc conquis (ou non) par des aspects autres que ceux inhérents à la Fantasy.
L’amateur de romans historiques et guerriers, intrigué, va se mettre à l’affut pour guetter le faux pas, la balourdise, le détail grotesque de trop qui va faire définitivement basculer dans le n’importe-quoi un récit dont la cohérence joue sciemment au funambule sur le fil d’un rasoir. Il trouvera comme allié dans cette veille cruelle l’amateur d’uchronie, souvent irrité par l’avalanche de fausses uchronies (des parachronies, peut-être ?) qu’auteurs et éditeurs lui infligent, sur le modèle élargi du « steampunk » (en gros, on prend une époque à peu près historique, et on y balance quelques éléments farfelus – technologie anachronique, magie qui fonctionne, divinités au chômage en goguette, extraterrestres, etc. Rosée de feu pourrait bien relever de ce secteur, riche d’une palanquée de livres médiocres, voire insipides, et d’une infime poignée de réussite. Coup de chance (chance fortement faussée par le fait que l’auteur s’appelle Xavier Mauméjean) : Rosée de feu se trouve dans la poignée, et peut-être même posé tout au-dessus de ce petit tas.
C’est que le récit est sans faiblesse. Tout ce qui peut être authentique est authentique, tout ce qui peut être à sa place est à sa place. On ne tique jamais. Le seul haussement de sourcil que l’on peut faire (haussement certes de taille), c’est sur l’absurdité même de la proposition de base, contraignant le lecteur à accepter qu’un monde où l’Asie élèverait des dragons comme des chevaux – point de divergence d’une intensité effarante pour l’uchroniste respectable - pourrait ressembler pareillement au nôtre, au point de voir s’y dérouler, décalquée au cadavre près (ou presque...) un guerre complexe. C’est insensé, fondamentalement. Mais si on laisse le fondamental, le pseudo-réel décrit fonctionne à la perfection, sans à-coup, sans grincement. Il ne manque pas un rivet de Hellcat, pas une écaille de dragon. C’est absurde, mais ça tient, c’est comme ça, c’est Mauméjean le Prestidigitateur, qui transforme les souris mécaniques en chauve-souris. Un artiste, vous dis-je !
A coup sûr, l’amateur de récit historique y trouvera son compte (mais si !). L’amateur d’uchronie, moins, mais il aurait tort, bien tort de ne pas achever la lecture (et pourquoi ne pas l’achever ? je ne vois aucune raison !), car il y a, à la clé, une sublime récompense à sa patience. L’amateur de Fantasy… je le vois mal lâcher le livre, lui non plus, même s’il ne va pas reconnaître ses mondes.
D’ailleurs, si l’on n’aime pas trop se poser de question, rester dans le conevu littéraire de bon ton, il y a la postface de Xavier Mauméjean, qui explique sa démarche. Ah, c’était donc ça ! Tout est clair. Beau pari esthétique, relevé avec classe. Et l’on sort définitivement de La rosée de feu, heureux.
Mais ça, c’est la première façon.
Il est bien sûr impossible de s’en contenter. La mauméjeanesque explication consensuelle par l’esthétique, à d’autres ! Vous en connaissez beaucoup, des prestidigitateurs, qui vous révèlent réellement les dessous de leurs tours ? Il faut être bien naïf pour les croire. Il y a autre chose derrière ce tournoyant tour de passe-passe,
Je vais vous dire la vraie vérité. Et les éventuelles dénégations effarées de l’auteur n’y feront rien. Il y a bien autre chose dans ce roman qu’un pari esthétique (ou qu’une variation gratuite, sussureraient ses rares détracteurs).
Rosée de feu illustre la capitulation sans condition du merveilleux face à la puissance du réel.
Je m’explique.
Il faut pour cela s’intéresser au statut des dragons dans le monde du roman. Quelle place sont-ils sensés occuper, chez les Asiatiques (les Occidentaux en sont dépourvus) ? Celle des avions. Des créatures que nous voyons habituellement comme liées au surnaturel remplacent donc des mécaniques. Ces dragons sont également devenus des créatures biologiques, au sens purement matériel du terme (on admire d’ailleurs l’habileté des explications qui les rendent réalistes). Dans ces conditions, qui occupe la niche « surnaturelle », « légendaire », « mythologique » qui est celle des dragons dans notre monde ? Les dragons japonais mauméjeanesques paraissent tout de même occuper cette niche, mais de manière bien insatisfaisante, à tel point que des machines semblent leur voler la vedette. Un violent affrontement entre les dragons japonais et les redoutables bombardiers B29 surarmés font surnommer ces derniers, par les pilotes des premiers, des « Toryu », c’est-à-dire « tueurs de dragon ». Il y a là un très astucieux retournement, qui sera savouré par les nombreux lecteurs férus d’aviation japonaise de la Seconde Guerre mondiale. En effet, « Toryu » était au contraire le surnom donné par les Japonais eux-mêmes à leur propre chasseur bimoteur Kawasaki Ki-45 ! Dans notre monde, les B29, que les Kawasaki Ki-45 tentaient tant bien que mal d’intercepter, étaient considérés comme des dragons (malfaisants). Dans le roman, ce sont les B29 qui sont décrits comme tueurs des « vrais » dragons, ce qui leur confère, de fait, un statut quasi surnaturel de… dragons, en quelque sorte, tels que vus dans notre monde. Bref, les B29 sont assimilés à des dragons pour les Japonais de notre monde, mais ils sont des « dragons de dragons », dans le roman. (Tout le monde suit ?) Dans les deux cas, la mécanique a vaincu le surnaturel et le merveilleux. Elle en prend même la place, pire, elle les rend obsolète, elle les efface, littéralement : à quoi sert le surnaturel, le naturel fait beaucoup mieux ? Ou bien pire…
L’hypothèse du pire se confirme avec l’épisode du bombardement géant de Tokyo, du 9 au 10 mars 1945 (plus de 300 B29, une « tempête de feu », et plus de 100.000 morts). L’effroyable épisode subit dans le roman une transposition « fidèle » (quelle expression convenable employer ?), à un gros détail près (que je ne donne pas pour ne pas « spoiler » trop comme on dit ici). Ce gros détail pourrait faire penser d’une certaine manière, à retour en force du merveilleux (horrifiant), la créature mise en scène, et brièvement évoquée auparavant dans le récit, dégageant tout de même une forte aura surnaturelle, malgré son prétendu ancrage zoologique.
Mais le merveilleux (horrifiant) ne triomphe qu’un instant.
En effet, second coup de théâtre, que je dévoile car, faisant cela, je « spoile » uniquement vis-à-vis des amateurs d’uchronie, et ceux-ci, par construction, ont un « spoil » dans la tête (si, si). Dans le roman, le bombardement de Tokyo entraîne la capitulation de Japon. Or, comme chacun sait, pas dans notre monde, où la capitulation sera précédée par deux bombardements atomiques. Pour mettre les points sur les i (ou pour tout compliquer encore davantage), Xavier Mauméjean site en exergue les paroles qu’Oppenheimer aurait prononcées en assistant à la première explosion atomique au Nouveau-Mexique, reprenant le Bhagavad Gita, vous savez, le fameux « plus brillant que mille soleils »… Sauf que la citation introduit, dans le roman, le bombardement de Tokyo, et non le bombardement d’Hiroshima : il n’y aura pas de bombardement d’Hiroshima dans le roman…
Autrement dit, le monde du roman est presque miséricordieux par rapport au monde réel. Il n’assiste pas au pire, le bombardement atomique, dont l’explosion sera réellement plus brillant que mille soleils.
Le merveilleux n’a plus qu’à tirer l’échelle. L’imagination humaine, qui le fabrique – et non pas en procède, comme on le croit parfois naïvement – finit toujours par faire mieux ou pire dans la réalité, quand elle passe aux travaux pratiques.
Que les amateurs de merveilleux se rassurent, cet enterrement de toute première classe sera suivi de bien des résurrections… et de bien d’autres enterrements. La duperie est terminé, mais pour le fun, on voudra bien faire semblant d’y croire, le temps d’un tour de prestidigitation.
Je crois que Xavier Mauméjean en a beaucoup dans son chapeau !
Il m’a bien plus, ce roman, quand j’y repense !
Oncle Joe
Tant que j'y suis, même si ce n'est pas pour toutes les sensibilités (d'habitude, les filles sont un peu réticentes)...
Xavier Mauméjean a accompagné son roman d’une belle bibliographie. Pas mal de ces titres me rappellent des souvenirs de lecture… Je me permets de l’enrichir un peu.
Bernard Millot est cité pour L’Epopée kamikaze. Pour ceux qui voudraient se renseigner sur l’histoire des chasseurs américains qui affrontèrent les « dragons » japonais, je recommande vivement du même auteur Les chasseurs américains de la guerre du Pacifique (deux volumes, Docavia). On y trouvera entre autres un compte rendu détaillé de l’interception de l’avion de l’amiral Yamamoto, extraordinaire exploit de la chasse américaine.
Du même auteur, La bataille aéronavale de Leyte (Docavia), la plus grande bataille navale de tous les temps, sur une étendue gigantesque… la fin de la marine japonaise, en tant que force armée cohérente.
Toujours de Bernard Millot, Les chasseurs japonais de la deuxième guerre mondiale (Docavia). Les « vrais » dragons japonais, quoi, le seul élément frustrant du roman de Xavier…
Toujours pour combattre cette frustration, quand on lit l’anglais, on doit impérativement se procurer Japanese Aircraft of the Pacific War, de René J. Francillon (Putnam). Ce livre est une merveille, c’est tout.
Japanese Warships of World War II de Anthony .J. Watt (Ian Allan, Londres) est également indispensable.
Si vous trouvez The Japanese Navy at the End of WW2, par Lt.Com. Shizuo Fukui (WE inc, USA), vous êtes bénis de dieux de la bibliographie navale. Quelle beauté ! Tout est dessiné à la main par Shizuo Fukui (rédigé en anglais, un travail détaillé, à la japonaise, terminé en 1947) qui était aux premières loges. Tout y est, tout ce qui restait de la marine impériale au moment de la capitulation. Emouvant !
D’autres bricoles plus tard, si j’ai le courage de bouger quelques piles… ma mémoire flanche un peu.
Oncle Joe
Xavier Mauméjean a accompagné son roman d’une belle bibliographie. Pas mal de ces titres me rappellent des souvenirs de lecture… Je me permets de l’enrichir un peu.
Bernard Millot est cité pour L’Epopée kamikaze. Pour ceux qui voudraient se renseigner sur l’histoire des chasseurs américains qui affrontèrent les « dragons » japonais, je recommande vivement du même auteur Les chasseurs américains de la guerre du Pacifique (deux volumes, Docavia). On y trouvera entre autres un compte rendu détaillé de l’interception de l’avion de l’amiral Yamamoto, extraordinaire exploit de la chasse américaine.
Du même auteur, La bataille aéronavale de Leyte (Docavia), la plus grande bataille navale de tous les temps, sur une étendue gigantesque… la fin de la marine japonaise, en tant que force armée cohérente.
Toujours de Bernard Millot, Les chasseurs japonais de la deuxième guerre mondiale (Docavia). Les « vrais » dragons japonais, quoi, le seul élément frustrant du roman de Xavier…
Toujours pour combattre cette frustration, quand on lit l’anglais, on doit impérativement se procurer Japanese Aircraft of the Pacific War, de René J. Francillon (Putnam). Ce livre est une merveille, c’est tout.
Japanese Warships of World War II de Anthony .J. Watt (Ian Allan, Londres) est également indispensable.
Si vous trouvez The Japanese Navy at the End of WW2, par Lt.Com. Shizuo Fukui (WE inc, USA), vous êtes bénis de dieux de la bibliographie navale. Quelle beauté ! Tout est dessiné à la main par Shizuo Fukui (rédigé en anglais, un travail détaillé, à la japonaise, terminé en 1947) qui était aux premières loges. Tout y est, tout ce qui restait de la marine impériale au moment de la capitulation. Emouvant !
D’autres bricoles plus tard, si j’ai le courage de bouger quelques piles… ma mémoire flanche un peu.
Oncle Joe
- Eons
- Messages : 6338
- Enregistré le : sam. févr. 17, 2007 6:49 pm
- Localisation : Le cœur de Flandre
- Contact :
Moi qui suis amateur de hard-uchronie (celles qui ont un point de divergence vraisemblable), j'en ai appris assez à la lecture de la critique de Joseph pour comprendre qu'il s'agit là de pure fantasy-uchronie. Donc pas pour moi. 

Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
Ce n'est effectivement pas du tout de la pure uchronie (je pense d'ailleurs que le concept de "pure uchronie" est plus que problématique, voir même fondamentalement dépourvu du sens "rationnel" que l'on veut lui donner, même si je le défends). Par contre, le texte de Mauméjean ne contient pas de "fantasy" au sens truc surnaturel, créatures surnaturelles, dieux, magie véritable (si j'ose dire), et tout ça. On peut parler de "fantasy-uchronie", si l'on veut, mais en ayant un conception de la fantasy qui accepte les textes sans surnaturel. La "capitulation du merveilleux" dont je parle se comprend en ce que l'image du dragon est symboliquement chargé de merveilleux, pour nous, et renvoie en principe à un monde surnaturel. Mais c'est au niveau de l'interpétation que cela se passe, car au niveau factuel (si l'on peut dire), les dragons de Mauméjean sont entièrement matériel et justifié dans leur existence (ils ne sont pas juste posés comme ça). Mauméjean n'a pas pris des oiseaux géants, ce n'est évidemment pas par hasard, la charche symbolique aurait été beaucoup moins forte, à plusieurs niveaux.Eons a écrit :Moi qui suis amateur de hard-uchronie (celles qui ont un point de divergence vraisemblable), j'en ai appris assez à la lecture de la critique de Joseph pour comprendre qu'il s'agit là de pure fantasy-uchronie. Donc pas pour moi.
Je serais cependant curieux de savoir quels critères précis permettent d'ajouter le qualification de "pure" à "fantasy-uchronie"; Quand est-ce qu'une "fantasy-uchronie" le serait moins, "pure"? Quelles sont les gradations possibles?
Justement, je la sens fort peu "pure",celle de Rosée de feu, compte tenu (notamment mais pas seulement) des efforts considérables de "réalisme" et des attaches puissantes au monde réel qu'elle montre. Je pense même que certains s'exclameront: "Mais... ce n'est pas de la fantasy !", et que leur opinion sera tout à fait défendable.
Oncle Joe
- erispoe
- Messages : 397
- Enregistré le : ven. août 11, 2006 4:19 pm
- Localisation : Chartres de Bretagne, près de Rennes
Bon, on a déjà dit ici ou là que ce roman de Mauméjean est une sacrée réussite.
Par contre, parler de "fantasy-uchronie" me semble un peu problématique.
Mauméjean présente toujours ses dragons comme des animaux réels avec une biologie particulière (l'utilisation de l'hydrogène et les restrictions qu'elle entraîne sur le temps de vol par exemple)... A partir du moment où les dragons existent et sont crédibles, cela suffit-il pour en faire une oeuvre de fantasy...?
A mon avis, Eons, tu devrais le lire (si les dragons existent bien sûr...).
Par contre, parler de "fantasy-uchronie" me semble un peu problématique.
Mauméjean présente toujours ses dragons comme des animaux réels avec une biologie particulière (l'utilisation de l'hydrogène et les restrictions qu'elle entraîne sur le temps de vol par exemple)... A partir du moment où les dragons existent et sont crédibles, cela suffit-il pour en faire une oeuvre de fantasy...?
A mon avis, Eons, tu devrais le lire (si les dragons existent bien sûr...).
Et puis bon, à l'émission du 2 octobre, on a quand même entendu les sons d'un dragon, recueillis par la réalisatrice de l'émission.
Au péril de sa vie.
Non, je ne dirai pas où était le dragon.
Au péril de sa vie.
Non, je ne dirai pas où était le dragon.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
http://melkine.wordpress.com/
Tout simplement parce que c'est une figure légendaire et mythologique, comme la sirène, l'elfe, le faune, le sphinx (etc, ce n'est pas ce qui manque), et donc qu'il est souvent mis en scène dans des récits reprenant plus ou moins ces mythologies, récits que l'on qualifie globalement de fantasy...Travis a écrit :Pourquoi Dragon = fantasy?A partir du moment où les dragons existent et sont crédibles, cela suffit-il pour en faire une oeuvre de fantasy...?
Mauméjean joue sur les deux tableaux: il le rationnalise, en fait un animal "normal", avec sa biologie, voire son histoire évolutive (il le rapproche d'autres branches animales existantes), mais il conserve tout de même sa valeur mythique.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. oct. 07, 2010 1:04 pm, modifié 1 fois.
Avec ce cri du coeur d'un viel amateur, je crois que plus personne ne va hésiter...Papageno a écrit :Je suis en plein dedans aussi (à la moitié environ) et je me régale. Les dragons de Xavier, j’y crois dure comme fer – alors que dans la Fantasy les dragons, je n’y crois pas – Donc, pour moi, rien a voir avec la Fantasy
Bon, maintenant j'y replonge ! (et après ce sera le Jeury)
Oncle Joe