Bon, dans ActuSF il y a "SF", et dans Le Fond du ciel aussi, si on regarde bien.
Car au fond du ciel, il y a les étoiles passées, les projets futurs, et peut-être, au-delà, l'image définitive d'un univers saisi à l'instant de sa plus haute joie.
Lovecraft, Sturgeon, Bradbury, Vonnegut, Dick, ils sont tous là, en chair, en os, et sous un faux nom, pour une histoire parallèle et légèrement uchronique de la science-fiction, qui fait la part belle à l'humour et l'émotion. Si vous n'aimez pas, qui le fera ?
Le Fond du ciel, de Rodrigo Fresan
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Pas encore lu mais Mantra, du même auteur, est tout simplement splendide.
On y trouve en particulier ce passage, extrait d'une Note pour une théorie de la science-fiction :
On y trouve en particulier ce passage, extrait d'une Note pour une théorie de la science-fiction :
Maintenant, nous vivons dans le futur, nous avons traversé sans nous presser cette année 2001 tant anticipée pour devenir les personnages plus ou moins passifs d'un roman de science-fiction. Ce n'est pas la mort du futur ou la naissance d'un nouvel avenir encore trop lointain pour nous inquiéter qui a provoqué l'arrivée de la Grande Année. La menace extraterrestre bourrée d'effet spéciaux qu'on exploitait pour faire peur dans les films triomphalistes nord-américains est restée très loin derrière nous. Qui se soucie de savoir si ET est rentré chez lui ? L'étude de l'un d'entre nous peut-elle encore intéresser les habitants de Trafalmadore ? La science non-fiction – contrairement à la science-fiction, qui s'est gargarisée pendant des années de voyages interplanétaires et de communion planétaire – a décidé de ne plus sortir de chez elle et de se retirer de la carrière spatiale (sauf à l'étaler dans des brochures touristiques et lucratives). Elle a enfin donné son congé à l'équipage de l'Enterprise afin de remplacer l'espace extérieur par l'espace intérieur, et l'année-lumière pour l'ombre virtuelle. Une fois le génome acculé – vainqueurs et vaincus –, les seuls remèdes et distractions qui nous restent consistent à explorer nos entrailles : nous partons à notre propre découverte, devenons nos propres aliens et finissons par comprendre que nous sommes plus isolés, plus perdus que jamais. Nous ne comprenons pas que le vaisseau spatial du shock du futur s'est transformé en os du crack du présent.
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Lem a écrit :On y trouve en particulier ce passage, extrait d'une Note pour une théorie de la science-fiction :
Marrant, je lisais la nouvelle de McDonald pour l'anthologie ActuSF quand j'ai vu ton post, et il y a comme... un écho :
Je suis un scientifique. De première classe. J'ai la médaille, donnée par
le camarade Kossygune lui-même. Je sais, je sais. Ce n'est pas la bonne
science. Voyager dans l'espace. Les étoiles, les galaxies, les planètes. Les
missions pour Mars. De la vieille science. Pas la bonne. Pas le genre dont
on peut tirer de l'argent. Pas de la technologie, des ordinateurs. [...]
— Tout ce temps, toutes ces recherches, tous ces efforts et cet argent
pour envoyer des gens sur Mars, et combien ont pu le faire ? Quatre
hommes. Après tout cet argent et ce temps et ces efforts. Et les étoiles ?
Impossible ! L'univers est trop grand pour nous. Explorons l'espace intérieur
à la place. Le cyberspace. Tout le monde peut y aller. Tout ce dont on a besoin,
c'est d'un ordinateur. et voyez les merveilles qu'on y trouve ! Toutes ces
belles choses qu'on peut acheter, à condition d'en avoir les moyens. Toutes
ces belles femmes qui veulent que tu les regardes faire l'amour avec des
ânes ou boire mutuellement leur pisse. Tous les gens célèbres. Tu peux
connaître leur vie, leurs vêtements, ce qu'ils mangent et comment ils font
l'amour, mais tu ne pourras jamais, jamais être comme eux. Atteindre les
étoiles ? Impossible.