Je dois être fatigué, j'ai toujours du mal à comprendre. Si un livre d'histoire affirme que Napoléon a remporté la campagne de Russie, soit ce n'est pas un livre d'histoire, soit il administre des preuves de ce qu'il avance, auquel cas il y aura une controverse sur ce qui a pu se passer qui va effectivement transformer la réalité, notre façon de (re)vivre le passé et de (re)définir le présent.Si dans un roman l'auteur dit que Napoléon a conquis la Russie en 1812 puis est devenu Empereur du monde en 1835, c'est vrai pour le monde du roman -le fait de l'écrire instaure cette réalité.
Si dans un livre d'histoire on trouve les mêmes affirmations, cela n'aura aucun effet sur le monde de référence du livre d'histoire, le nôtre. Napoléon continuera à avoir perdu la campagne de Russie;
Pour en venir à la notion de réalité, ou de "monde de référence" que tu ne définis pas vraiment dans le livre - il me semble que ce n'est pas quelque chose de "posée". On ne peut pas dire, comme Lensman, que "la réalité est la réalité", c'est purement tautologique (comme l'est la définition du terme dans n'importe quel dico)
À mon sens, La réalité est une construction, c'est un effort perpétuel fourni par les humains pour stabiliser le monde dans lequel il vive (monde au sens de Wittgenstein : "tout ce qui arrive" ou "tout ce qui peut arriver", donc le monde est contingence). L'État moderne, la science, la bureaucratie, ce sont des constructions qui permettent de stabiliser les choses, les contingences du monde.
Et je pense que tous ces textes que tu dis "soumis à vérification" (que ce soit des journaux intimes ou des articles qui traitent de la controverse sur le nucléaire, par exemple) modifient notre réalité. Quand on lit ces choses, ça peut impacter directement sur notre façon de vivre les choses. Et évidemment, les cas de performativité dont tu prends exemple, changent la réalité également.
Mais effectivement, peut-être que je lis trop littéralement ce que tu dis.