Les monades urbaines - Silverberg

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sophie
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Les monades urbaines - Silverberg

Message par sophie » sam. août 18, 2007 7:18 pm

La chronique du site : http://www.actusf.com/spip/?article2300
(pour ne pas refaire le résumé de l'histoire... :D )

Je viens de finir ce bouquin, que j'ai trouvé excellent.
La première chose que j'ai apprécié, c'est un "détail" ou quelque chose qui pourrait sembler secondaire : c'est la concision de ce livre. Il fait 250 pages à tout casser, et tout est dit. Pas besoin de plus.
Je trouve toujours ça admirable les auteurs qui arrivent à faire passer énormément de choses de façon concise.

Après, j'ai trouvé la description de l'univers futuriste assez fabuleuse, au niveau du souci du détail, et de la psychologie des personnages. C'est très simple et très pertinent en même temps.
On se représente tout à fait les monades, la vie des gens dedans, ce qu'ils peuvent ressentir.
Le récit est vraiment très bien construit et maîtrisé, j'ai trouvé ça assez impressionnant.

Et puis il y a bien sur toute la thématique abordée : la privation de liberté (ou de certaines libertés tout au moins, puisque la liberté sexuelle par contre est exacerbée... à tel point que de liberté on passe subtilement à obligation, c'est très fort la manière dont c'est décrit) ; les gens qui pètent un cable de vivre entassés avec 800 000 autres, et ceux (la majorité) qui au contraire sont bien contents de ne jamais avoir à prendre de risques, jamais sortir de leur environnement confortable et confiné ; la question du bien collectif / bien individuel et de comment une société éradique ceux qui pourraient remettre en cause l'ordre établi....

Ce que j'ai trouvé le plus intéressant c'est que Silverberg est très fin dans sa description et son analyse. Il ne chausse pas des gros sabots pour dire "tel système est liberticide, c'est pas bien". Il ne porte aucun jugement sur ce qu'il décrit, jusque dans les pensées qu'il prête à ses personnages.
Par exemple le personnage de l'électronicien qui veut quitter la monade n'est pas "tranché" pour autant. Il sait reconnaitre que la monade est son cocon, qu'il est conditionné comme un "monadial", même s'il aspire aussi à autre chose. Il ne rejette pas brutalement pour épouser un autre système.
Et il en est de même de plusieurs personnages : ils sont en questionnement, ils doutent, ils cherchent. Mais ils ne trouvent pas vraiment de solution au final.

Et cette absence de solution enrichit encore plus le livre, en l'éclairant sur la fin d'une lueur supplémentaire. Ca n'est pas si simple. Tout ça c'est des questions de descriptions du monde, de qu'est-ce qu'on fait primer sur quoi, de quelle liberté est la plus importante à nos yeux.
Mais aucune description n'est plus "valable" ou miraculeuse qu'une autre.
La seule chose à peu près certaine qui semble émerger du livre, et qui laisse un goût amer d'ailleurs en finissant la lecture, c'est que peu importe le type de société choisie, l'humain organisé selon un certain mode de vie éradique brutalement tout ce qui ne vit pas comme lui. Ca renvoie à une certaine fixité de la perception, qui consiste à dire : on a trouvé un bon truc, surtout, surtout, ne changeons pas, jamais au grand jamais.

Bref... un bouquin excellent donc, qui propose pas mal de pistes de réflexion.

Papageno
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Message par Papageno » sam. août 18, 2007 8:29 pm

Merci Sophie pour cette belle analyse

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Eric
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Message par Eric » dim. août 19, 2007 9:23 am

Oui mais c'est normal...

Silverbob rules !
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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dortmunder
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Message par dortmunder » jeu. sept. 13, 2007 7:56 pm

Tout ça donne bien envie de le relire. Merci Sophie.

Pour la concision du roman, on peut dire que c'est un phénomène de la sf que l'accroissement impressionnant du nombre de pages, une augmentation à laquelle poussent semble-t-il les éditeurs us, et à laquelle Silverberg n'est pas resté insensible. Pour preuve, la série des Majipoor. Je songe aussi à la série de la Tour sombre de King, entre Le pistolero et les suivants.

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