Lunatique 77

[Patrice]

Salut,

En ces temps de fin de rédaction de thèse, j'ai du mal à lire au long terme, et donc plus question pour moi de lire un roman... Alors des nouvelles.
J'avoue être allé vers le n°77 de Lunatique à reculons, du fait de la couverture: un pompage de Sillage (à moins qu'il ne s'agisse d'un hommage, mais dans ce cas, il aurait fallu le signaler).
Mais j'ai déjà assez râlé ici sur les couvertures de SF pour m'arrêter à ça.
Commençons par le mauvais, il y en peu. Pas de chance, c'est le banc d'essai, rubrique reprise de Fiction (celle qui a vu éclore Daniel Walther, objet d'un Lunatique spécial). Le texte de Coralie Berhault est d'un mièvre au service d'un histoire fantastique rebattue. Ni neuf, ni bien écrit.
Passons alors au moyen, avec deux textes francophones, celui de Vincent Gessler, qui à mon sens n'est pas abouti: on dirait un fragment de roman prélevé tel quel. Il est impossible d'entrer dans un tel texte qui n'approfondit pas assez son contexte. Même remarque pour Mathieu Baumier. Ici, le récit est bien achevé, mais trop décousu. Mathieu Baumier aurait du prendre son temps, développer son sujet pour le rendre plus abordable.

Alors finissons par le bon, voire l'excellent, et là, c'est le gros du morceau.
Deux nouvelles francophones sortent en effet du lot. Celle de Gabriel Deblander, qui n'est pas une nouveauté, mais une reprise de sa toute première nouvelle publiée, dans Mercury, il y a bien des années. Et ma foi, quel texte! Il donne tout son esprit à cette catégorie bâtarde qui existait là encore dans Fiction: l'Insolite. Ni fantastique, ni réel, quelque chose entre les deux. C'est court et c'est bon. Il faut rééditer Gabriel Deblander.
Plus surprenant est le texte de Frédéric Gaillard, qui nous peint un Alien au pays des souris. Le texte est parfois un peu bancal, avec un changement de rythme déstabilisant, mais ça vaut le détour. Ces souris sont-elles bien des souris?

Et puisqu'il faut parler de l'excellent, ce sera avec les trois dernières nouvelles, que la rédaction aurait pu assembler dans un dossier puisque leur thème est similaire: celles de Zdravka Evtimova, Alberto Cola et Kim Newman. Dans les trois il est question de résurrection des morts, une résurrection due à la science, et de ses conséquences. Trois points de vue différents, tous négatifs, et avec comme résultat trois textes pourtant très complémentaires. Evtimova nous parle d'une société deshumanisée, où la résurrection aisée des corps sert de prétexte pour ne pas améliorer l'environnement, voire le laisser se dégrader, et plus incidieusement, pour mettre en place un monde figé, sans perspective d'évolution. J'avoue que ce texte m'a secoué.
Cola, lui, envisage la résurrection de personnes célèbre et s'intéresse à Mishima. Cette nouvelle a uun fin bien attendue, mais c'est dans le récit que Cola surprend, avec une poésie qui envahit petit à petit le texte.
Quant à Kim Newman, il se contente, en quelques lignes, de montrer jusqu'où irait la perversité humaine si on pouvait faire revivre sans cesse les gens (du moment que leur tête est intacte). Torture volontaire, assassinat en guise de cadeau, etc. Sade est considéré ici comme démodé, bien trop en dessous de ce qui est devenu possible.

Allez, plus de détails un de ces jours dans Présence d'Esprit, parce que là, franchement, cette revue vaut le détour, et il faut que je me fende d'une critique en bonne et due forme.

A+

Patrice

[Eons]

Pompage de Sillage ?
Je connais les deux premiers tomes, et je n'ai vu aucun lien.

On a pris cette image parce qu'elle était dispo et qu'elle nous plaisait bien, c'est tout.

[Patrice]

Salut,

Une nenette avec des nattes à n'en plus finir, qui fait des acrobaties, et qui a des bandes blanches sur la peau... Tu avoueras que c'est quand même beaucoup de coïncidences.

Mais peu importe: le contenu de ce Lunatique est largement au dessus de cette petite critique. Et les trois nouvelles que j'ai isolées à la fin de mon post méritent à elles-seules l'achat. Tu pourras féliciter Jean-Pierre Fontana pour sa sélection.

Et puis Selene Verri, aussi, qui poste souvent ici. Son choix du texte de Cola, malgré la retenue première qu'elle exprime en commentaire, est un très très bon choix.

A+

Patrice