Ayant mis la patte sur l'intriguant guide de lecture que Francis Berthelot consacre aux transfictions, je sors fort réjoui de ce premier survol. Tout comme le coquet Panorama du Fantastique et du Merveilleux des Moutons Eclectiques, cette cartograghie littéraire me semble porter de fort jolis fruits, cueillis indifférement dans tous les rayons des librairies. La Bibliothèque de l'Entre-monde regroupe, en tout cas, un large pannel des bouquins qui m'excitent, en blanche comme en genres.
Pour ceux d'entre vous qui se sentent d'attaque, j'aimerais qu'on essaye de lister ici quelques oeuvres transfictives absentes du corpus berthelotesque. Ceci afin de compléter, affiner ou digresser sa première sélection, bien évidemment partielle.
Livres inclassables, transgressions littéraires, aventures aux marges...
Avec, de préférence, des trucs qui vous ont plu et qui pourraient plaire à d'autres.
J'ouvre le bal avec :
Le Voyage d'Anna Blume de Paul Auster (1989).

Auster est cité aussi bien par les Moutons que par Berthelot, pour Mr. Vertigo dans le premier, et Le Livre des Illusions dans le second.
Il me semble pourtant que In the country of last things est son roman le plus déglingué, et de loin. Le plus étrange aussi dans sa bibliographie réaliste.
Ballade onirique, appartenant pleinement au genre du merveilleux craspec, Le Voyage est le récit d'une impossible quête dans une cité irréelle. Le registre est fantastique, mais difficilement indetifiable comme tel à cause de l'ambiguité narrative : la promenade au pays des dernières chose est contée par Anna Blume elle-même, dont l'honnêteté - et la santé mentale - est copieusement remise en question.
Reste qu'il y a beaucoup de belles images dans cette étrange aventure, inspirées par les grandes cités d'Europe de l'Est, par une New York mythifiée, par des souvenirs d'immenses bilbliothèques désertes et les traumatismes totalitaires du XXè siècle.
D'innombrables références étayent à peine ce décor déglingué, de la Bible à Don Quichotte, en passant par le dada cinglé Kurt Schwitters, qui créa l'héroïne du récit dans son poème An Anna Blume.
Cette étrange virée est sans doute le livre le plus inattendu d'Auster, coincé chronologiquement entre ses très typés Trilogie New-Yorkaise et Moon Palace.