Je parierai pourtant que tu hululerais de plaisir en lisant la nouvelle de Joëlle, abstraction même du cul si tu veux. C'est toute la SF que tu aimes, Roland.Roland C. Wagner a écrit :Pardon pour les âmes sensibles et puritaines à qui les gros mots font peur, mais en matière d'écriture le cul ça me fait chier.MF a écrit :Deux anthos "cul et imaginaire" en même temps. Qu'est que tu veux de plus ?Roland C. Wagner a écrit :Il y a aussi plus de fun, mais j'ai cru comprendre que la notion de plaisir n'est pas très à la mode en ce moment.
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Ça veut surtout dite que le plat de cacahuètes a été parfaitement nettoyé en premier.Lensman a écrit :De fait, ça couronnait la vacuité de cette histoire: la métaphysique n'existe que quand on ne la regarde pas.Lem a écrit :C'est parce qu'on est déjà arrivés, Erion. Page 14, avec la citation de McDonald amenée par Pascal en guise de coda. Depuis, on ne fait que récupérer des fragments de noix de cajou au fond du plat.Erion a écrit :J'arrive toujours pas à voir où tout cela veut en venir. A part que ça tourne en rond.
Oncle Joe
Parce qu'on est nombreux ici à travailler pour des cacahuètes...

Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
Salut,
Bon, eh bien au final, voilà la lecture pour ce soir: ressortir de ma chère bibliothèque ce fameux numéro d'Europe, le 55 de 1977, consacré à la SF. Et surtout ce fameux article de Gérard Klein, que tout le monde appelle généralement "Le procès en dissolution de la SF", mais dont le titre complet est "Le procès en dissolution de la SF, intenté par les tenants de la culture dominante".
Article fondateur s'il en est, qui montre déjà pas mal de choses, notamment le fameux argument du type "la SF est partout, pourquoi donc continuer à en écrire en tant que telle".
Pour notre cher Dieu, à l'époque, il s'agissait des gens extérieurs, voire hostiles, au genre qui tenaient ce type de propos.
Maintenant c'est à l'intérieur et c'est toute la nouveauté. 32 ans finalement pour en arriver là. C'est long, comme vitesse d'évolution.
A+
Patrice
Bon, eh bien au final, voilà la lecture pour ce soir: ressortir de ma chère bibliothèque ce fameux numéro d'Europe, le 55 de 1977, consacré à la SF. Et surtout ce fameux article de Gérard Klein, que tout le monde appelle généralement "Le procès en dissolution de la SF", mais dont le titre complet est "Le procès en dissolution de la SF, intenté par les tenants de la culture dominante".
Article fondateur s'il en est, qui montre déjà pas mal de choses, notamment le fameux argument du type "la SF est partout, pourquoi donc continuer à en écrire en tant que telle".
Pour notre cher Dieu, à l'époque, il s'agissait des gens extérieurs, voire hostiles, au genre qui tenaient ce type de propos.
Maintenant c'est à l'intérieur et c'est toute la nouveauté. 32 ans finalement pour en arriver là. C'est long, comme vitesse d'évolution.
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Patrice
Tu parles d'une nouveauté! On entend ça depuis une éternité, le fameux débat de l'étiquette qui nuit au genre, qu'il faudrait que les œuvres de SF soient considérées comme des œuvres normales, et pas comme spécifiquement SF, à tel point que ça serait bien mieux s'il n'était pas repérable... Je me souviens que, du temps de l'excellente collection "Dimension SF" (années 70- début 80) du regretté Robert Louit, certains regrettaient la présence du "SF" au bout du titre "Dimension SF", parce que ça pouvait nuire au sérieux... ce discours a toujours été sous-jacent, et ressort de temps à autre. A vrai dire, j'ai l'impression qu'il participe à l'identité même du genre...Patrice a écrit :
Maintenant c'est à l'intérieur et c'est toute la nouveauté. 32 ans finalement pour en arriver là. C'est long, comme vitesse d'évolution.
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Patrice
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Il a un fonctionnement auto-immun, alors.Lensman a écrit : ce discours a toujours été sous-jacent, et ressort de temps à autre. A vrai dire, j'ai l'impression qu'il participe à l'identité même du genre...
Oncle Joe
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Hé hé, pas mal vu! Tant qu'à faire, à partir dans les interprétations baroques du fonctionnement de la SF, cette piste est séduisante... La SF comme maladie... Hum, je me demande si ça va améliorer la réception critique. Mais si ça contamine d'autres lecteurs...systar a écrit :Il a un fonctionnement auto-immun, alors.Lensman a écrit : ce discours a toujours été sous-jacent, et ressort de temps à autre. A vrai dire, j'ai l'impression qu'il participe à l'identité même du genre...
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Modifié en dernier par Lensman le ven. nov. 06, 2009 5:17 pm, modifié 1 fois.
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Pas baroques, Tonton. DerridiennesLensman a écrit :Hé hé, pas mal vu! Tant qu'à faire, à partir dans les interprétations baroques du fonctionnement de la SF, cette piste est séduisante...systar a écrit :Il a un fonctionnement auto-immun, alors.Lensman a écrit : ce discours a toujours été sous-jacent, et ressort de temps à autre. A vrai dire, j'ai l'impression qu'il participe à l'identité même du genre...
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En guise de coda…
Je relisais ce fil et souriais devant les ironies d'Oncle sur l'éternel retour de Nietzsche sous ma plume quand m'est venue une idée.
Il y a un très beau film de Michel Gondry que vous connaissez peut-être. Eternal sunshine on a spotless mind. Pur film de SF situé dans un "aujourd'hui" vague, sans précision. On invente une machine, disons un programme informatique avec le hardware correspondant, capable d'effacer de façon ultra-sélective des réseaux de souvenirs (c'est vraiment de la SF, donc l'effacement implique la destruction/le recâblage des réseaux de neurones du sujet).
Le pitch commercial de la firme qui commercialise ce service, c'est la possibilité de se débarasser des souvenirs les plus douloureux, en particulier les histoires d'amour ratées, pour entamer une nouvelle vie. La narration est très habile, très dickienne/jeuryenne, d'une certaine manière ; elle entrelace plusieurs chronologies paralllèles où se manifestent une histoire d'amour (début, apogée, descente, agonie, fin), des hallucinations, des espèces de déjà-vus inexplicables, etc. Au bout d'un moment, on comprend ce qui se passe.
(SPOILER) : le couple-héros du film a vécu son histoire d'amour, a eu recours à la firme en question pour en liquider le souvenir mais c'est la démarche elle-même qui est un échec : rendus à leur "virginité" affective, l'homme et la femme se recroisent, retombent amoureux et le cycle recommence.
La scène finale du film est très belle : le couple qui s'est redéchiré et est prêt à recourir une deuxième fois à l'effacement mémoriel réalise que c'est perdu d'avance, qu'on ne peut pas vivre comme si on n'avait pas vécu – et que si on essaie, on est condamné à repasser sans cesse sur ses propres traces sans le savoir. Alors, il prend la décision la plus courageuse, celle de revivre encore une fois l'histoire mais consciemment, en sachant qu'elle va échouer. Avec, bien sûr, l'espoir que cette conscience permettra d'éviter l'échec (conduira à une libération).
Comment ne pas voir dans ce film (passionnant en lui-même et qu'on peut apprécier sans aucun arrière-plan philosophique), oui, comment ne pas y voir la mise en œuvre concrète, le "test" pourrait-on dire, de la notion nietzschéenne de l'Eternel Retour qui est pure métaphysique : si l'univers est infini, alors toute chose se répète éternellement – et nos vies aussi. Et le seul moyen d'échapper à l'enfer de la répétition, c'est de vivre en sachant que tout s'est déjà produit et que tout se reproduira – de faire en sorte que cette vie infinie soit vécue et consentie comme telle.
Je relisais ce fil et souriais devant les ironies d'Oncle sur l'éternel retour de Nietzsche sous ma plume quand m'est venue une idée.
Il y a un très beau film de Michel Gondry que vous connaissez peut-être. Eternal sunshine on a spotless mind. Pur film de SF situé dans un "aujourd'hui" vague, sans précision. On invente une machine, disons un programme informatique avec le hardware correspondant, capable d'effacer de façon ultra-sélective des réseaux de souvenirs (c'est vraiment de la SF, donc l'effacement implique la destruction/le recâblage des réseaux de neurones du sujet).
Le pitch commercial de la firme qui commercialise ce service, c'est la possibilité de se débarasser des souvenirs les plus douloureux, en particulier les histoires d'amour ratées, pour entamer une nouvelle vie. La narration est très habile, très dickienne/jeuryenne, d'une certaine manière ; elle entrelace plusieurs chronologies paralllèles où se manifestent une histoire d'amour (début, apogée, descente, agonie, fin), des hallucinations, des espèces de déjà-vus inexplicables, etc. Au bout d'un moment, on comprend ce qui se passe.
(SPOILER) : le couple-héros du film a vécu son histoire d'amour, a eu recours à la firme en question pour en liquider le souvenir mais c'est la démarche elle-même qui est un échec : rendus à leur "virginité" affective, l'homme et la femme se recroisent, retombent amoureux et le cycle recommence.
La scène finale du film est très belle : le couple qui s'est redéchiré et est prêt à recourir une deuxième fois à l'effacement mémoriel réalise que c'est perdu d'avance, qu'on ne peut pas vivre comme si on n'avait pas vécu – et que si on essaie, on est condamné à repasser sans cesse sur ses propres traces sans le savoir. Alors, il prend la décision la plus courageuse, celle de revivre encore une fois l'histoire mais consciemment, en sachant qu'elle va échouer. Avec, bien sûr, l'espoir que cette conscience permettra d'éviter l'échec (conduira à une libération).
Comment ne pas voir dans ce film (passionnant en lui-même et qu'on peut apprécier sans aucun arrière-plan philosophique), oui, comment ne pas y voir la mise en œuvre concrète, le "test" pourrait-on dire, de la notion nietzschéenne de l'Eternel Retour qui est pure métaphysique : si l'univers est infini, alors toute chose se répète éternellement – et nos vies aussi. Et le seul moyen d'échapper à l'enfer de la répétition, c'est de vivre en sachant que tout s'est déjà produit et que tout se reproduira – de faire en sorte que cette vie infinie soit vécue et consentie comme telle.
Il y a sans doute bien des romans que j'ignore qui traitent de ce thème mais il me semble que, passé au prisme de la SF, il apparaît sous un jour unique – comme situation physique, matériellement vécue. Pour quel bénéfice ? Je ne sais pas. En tant qu'auteur et lecteur, le saisissement esthétique justifie tout.Le courage est cependant le meilleur des meurtriers, le courage qui attaque : il finira par tuer la mort car il dit "comment ? était-ce là la vie ? Allons ! Recommençons encore une fois" (Zarathoustra)
Modifié en dernier par Lem le ven. nov. 06, 2009 6:24 pm, modifié 2 fois.
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Bull corrigera si je dis des bêtises, mais je crois qu'on donne des médicaments qui abaissent l'immunité, pour les gens qui vont recevoir des greffes... c'est pour augmenter la tolérance du soi envers des éléments relevant du non-soi...Lensman a écrit :Hé hé, pas mal vu! Tant qu'à faire, à partir dans les interprétations baroques du fonctionnement de la SF, cette piste est séduisante... La SF comme maladie... Hum, je me demande si ça va améliorer la réception critique. Mais si ça contamine d'autres lecteurs...systar a écrit :Il a un fonctionnement auto-immun, alors.Lensman a écrit : ce discours a toujours été sous-jacent, et ressort de temps à autre. A vrai dire, j'ai l'impression qu'il participe à l'identité même du genre...
Oncle Joe
Oncle Joe
Alors: maladie ou remède, l'auto-immunité de la SF?
Et pour accueillir quelle greffe? La métaphysique?

(et c'est reparti...)
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Pas en mathématique, en tout cas...Lem a écrit : si l'univers est infini, alors toute chose se répète éternellement .
Cette idée est amusante, mais elle ne tient pas.
Cela dit, en SF, on peut faire semblant qu'elle tienne, et faire des variations dessus. Et on aime bien! Après, on passe à autre chose.
Oncle Joe
On sait pas.Lensman a écrit :Pas en mathématique, en tout cas...Lem a écrit : si l'univers est infini, alors toute chose se répète éternellement .
Le temps n'apparaît pas en mathématique.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Salut, camarade Lem,
http://russkayafantastika.hautetfort.co ... ssier.html
La nouvelle d'Arkadi Strougatski traite vraiment pile-poil de ce sujet.
A+
Patrice
Je te conseille donc vigoureusement ça:si l'univers est infini, alors toute chose se répète éternellement – et nos vies aussi. Et le seul moyen d'échapper à l'enfer de la répétition, c'est de vivre en sachant que tout s'est déjà produit et que tout se reproduira – de faire en sorte que cette vie infinie soit vécue et consentie comme telle.
Citation:
Le courage est cependant le meilleur des meurtriers, le courage qui attaque : il finira par tuer la mort car il dit "comment ? était-ce là la vie ? Allons ! Recommençons encore une fois" (Zarathoustra)
[...] Il y a sans doute bien des romans que j'ignore qui traitent de ce thème mais il me semble que, passé au prise de la SF, il apparaît sous un jour unique – comme situation physique, matériellement vécue. Pour quel bénéfice ? Je ne sais pas. En tant qu'auteur et lecteur, le saisissement esthétique justifie tout.
http://russkayafantastika.hautetfort.co ... ssier.html
La nouvelle d'Arkadi Strougatski traite vraiment pile-poil de ce sujet.
A+
Patrice