Mais je t'en prie. Le matériel est là, sur la table. J'indique quels petits tas j'ai fait. Avant de tout envoyer valser d'un coup de pied, tu peux éventuellement t'y essayer toi-même. Tu verras, c'est intéressant.Lensman a écrit :Et tout le monde est d'accord avec lui, plus ou moins consciemment, d'après toi? Ou pas? ça change quoi, qu'il ait dit ça, si suffisamment de gens ne sont pas convaincus? ça résout tous les problèmes de compréhension du monde? Et les sciences? elles s'arrêtent parce qu'on a des problèmes de langage?
Je me rappelle tout de même de moments où, sous prétexte qu'il y avait le mot "dieux" dans des titres ou des textes de SF, ça voulait dire qu'on était dans de la thématique métaphysique. D'autre où, quand il était question d'extraterrestres, ce n'était pas vraiment des extrapolations scientifiques, mais plus ou moins une autre manière de parler de créatures métaphysiques, etc. Il est bien loin, Wittgenstein, dans ce genre de considérations, qui mériteraient d'être un poil précisées.
Cela dit, je m'aperçois que ta question sur les ET a une réponse dans le cadre de cette discussion. On en revient à 2001. Tu te souviens du papier de Michel Ciment dont tu as posté un extrait ? Selon lui, le film ne relevait pas de la science-fiction parce qu'il échappait aux représentations "naïves et pittoresques" du futur, des sciences futures, des entités futures… Analyse qu'on peut d'ailleurs raccorder aux déclarations de Kubrick lui-même sur le fait qu'une rencontre avec de telles entités ne pouvait être rendu que comme "expérience non-verbale" (d'où le monolithe, impossible à rationaliser par le langage).
Je ne prétends évidemment que Kubrick et Ciment ont lu Wittgenstein et s'en inspirent. Je n'en sais rien. (Ça me paraît possible, cela dit ; ce sont tous les deux des gens très cultivés.) Mais dans leur méfiance à l'égard des "naïvetés" et des prestiges trompeurs du langage transparait quelque chose de l'ambiance intellectuelle dont on parle. Kubrick fait exploser le technoblabla habituel de la SF pour transcrire de manière non-naïve une expérience métaphysique ("ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire"). Ciment repère parfaitement ce choix et se trompe, malheureusement, en le qualifiant de non-SF alors qu'il aurait dû écrire "Kubrick fait entrer le genre dans un nouvel âge".
On n'est pas si loin, tu vois…