Ou sur la façon de Dick de comprendre le mot, ce qui n'a peut-être rien à voir avec la notion.Lensman a écrit :Surtout exprimé par un personnage de Dick, ça en dit long sur la notion de métaphysique...thomasday a écrit :" Allons à la rencontre de ces gens. Histoire de discuter un peu. De métaphysique, par exemple." Il fit un large sourire à Ryan. "J'ai toujours aimé la métaphysique."
Philip K. Dick, Le Monde de Jon
Oncle Joe
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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- bormandg
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[Mode mauvais esprit 'on'.]
L'intérêt persistant (je dirais même ostentatoire) de Dick pour les questions métaphysiques explique largement le rejet unanime dont son oeuvre est victime, particulièrement en France. Ah ben non merde ça ne marche pas... Mais alors...!?
[Mode mauvais esprit 'off'.]
L'intérêt persistant (je dirais même ostentatoire) de Dick pour les questions métaphysiques explique largement le rejet unanime dont son oeuvre est victime, particulièrement en France. Ah ben non merde ça ne marche pas... Mais alors...!?
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« Je dis rarement, malheureusement, des choses exactes. » (Georges Limbour)
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Gérard Klein
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Il ne faut pas se raconter trop d'histoires sur le succès de Philip K. Dick. D'abord, entre 1958 et 1971, nous n'étions qu'une toute petite poignée à le lire et à l'apprécier. Je ne pense pas que même Ubik ait jamais atteint les 30 000 exemplaires dans A&D (plutôt 25 000) et toutes éditions poche confondues, on doit dépasser à peine, peut-être tout juste, les 100 000. Le Livre de Poche a renoncé il y a quelques années à tous les Dick (plus d'une douzaine, certes très inégaux) que je lui avais amenés, parce que ça ne se vendait pas assez. Certes, Les moutons électriques (un de ses plus mauvais romans, de son propre aveu) s'est sans doute bien vendu à cause de Blade Runner, et peut-être pour les mêmes raisons tel ou tel de ses recueils de nouvelles.Shagmir a écrit :[Mode mauvais esprit 'on'.]
L'intérêt persistant (je dirais même ostentatoire) de Dick pour les questions métaphysiques explique largement le rejet unanime dont son oeuvre est victime, particulièrement en France. Ah ben non merde ça ne marche pas... Mais alors...!?
[Mode mauvais esprit 'off'.]
Mais au total, Dick demeure un écrivain plutôt confidentiel, apprécié et surtout cité par les intellectuels, ici comme aux USA, et d'ailleurs plutôt ignoré, voire oublié, là-bas.
Est-ce parce qu'il traite beaucoup de métaphysique dans toute son œuvre et en tout cas de théologie dans ses derniers écrits?
Je ne sais.
Mon immortalité est provisoire.
Je faisais surtout allusion au fait que Dick est aujourd'hui l'exemple type de l'auteur de science-fiction que l'intelligensia française considère comme un grand écrivain, indépendament de son succès réel. Depuis une quinzaine d'années son nom est constamment cité, y compris (sans doute) par des gens qui n'ont pas forcément lu ses livres - ce qui est une manière de consécration.
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Pete Bondurant
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Yo !
Je viens de lire votre (court) échange sur la Singularité. Or, Lem en parle dans sa préface, ce qui tombe plutôt bien.
Dans cette dernière, il l'associe à la "question de la destination" (question religieuse), qui ressurgit à la faveur de l'hypothèse scientifique selon laquelle "l'univers aurait un début et une fin" (théories du Big Bang & Big Crunch).
Dans l'optique de cette préface, la SF est une sorte d'appareil d'incubation du vocabulaire qui doit, plus tard, servir à reformuler les questions essentielles (métaphysiques). Ainsi des termes "alien", "posthumain", "cybermonde", et... "Singularité".
Mais ce qui me paraît clair pour le terme "posthumain" (un terme devenu banal) l'est moins pour la Singularité : de quoi est-elle la "laïcisation" ? Du Jugement Dernier ? De l'Apocalypse ?
Y a-t-il superposition des registres de la destination et de l'imprédictibilité ?
Je viens de lire votre (court) échange sur la Singularité. Or, Lem en parle dans sa préface, ce qui tombe plutôt bien.
Dans cette dernière, il l'associe à la "question de la destination" (question religieuse), qui ressurgit à la faveur de l'hypothèse scientifique selon laquelle "l'univers aurait un début et une fin" (théories du Big Bang & Big Crunch).
Dans l'optique de cette préface, la SF est une sorte d'appareil d'incubation du vocabulaire qui doit, plus tard, servir à reformuler les questions essentielles (métaphysiques). Ainsi des termes "alien", "posthumain", "cybermonde", et... "Singularité".
Mais ce qui me paraît clair pour le terme "posthumain" (un terme devenu banal) l'est moins pour la Singularité : de quoi est-elle la "laïcisation" ? Du Jugement Dernier ? De l'Apocalypse ?
Y a-t-il superposition des registres de la destination et de l'imprédictibilité ?
"Posthumain", tu vois ça comme un terme "banal"? On peut se demander ce que les gens (on parle du "banal", hein) sont censés comprendre. Est-ci si familier ? Mutant, peut-être, comme on dit depuis longtemps, me semble plus répandu (au moins dans les films, la BD...).Pete Bondurant a écrit :Yo !
Je viens de lire votre (court) échange sur la Singularité. Or, Lem en parle dans sa préface, ce qui tombe plutôt bien.
Dans cette dernière, il l'associe à la "question de la destination" (question religieuse), qui ressurgit à la faveur de l'hypothèse scientifique selon laquelle "l'univers aurait un début et une fin" (théories du Big Bang & Big Crunch).
Dans l'optique de cette préface, la SF est une sorte d'appareil d'incubation du vocabulaire qui doit, plus tard, servir à reformuler les questions essentielles (métaphysiques). Ainsi des termes "alien", "posthumain", "cybermonde", et... "Singularité".
Mais ce qui me paraît clair pour le terme "posthumain" (un terme devenu banal) l'est moins pour la Singularité : de quoi est-elle la "laïcisation" ? Du Jugement Dernier ? De l'Apocalypse ?
Y a-t-il superposition des registres de la destination et de l'imprédictibilité ?
"Posthumain"?... hum... Je n'ai pas l'impression que ce soit si employé que ça, et il n'est pas évident de voir en quoi ça se distingue de "mutant", dans la compréhension courante.
Tiens, pour la Singularité, qu'est-ce qui te fait penser que cela pourrait être la "laïcisation" de quoi que ce soir???
Oncle Joe
- Poum Poum Pouloum
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Juste un petit point de détail : la théorie du Big Crunch n'est plus d'actualité depuis la découverte de l'accélération de l'expansion de l'univers, en 1998.Pete Bondurant a écrit :Dans cette dernière, il l'associe à la "question de la destination" (question religieuse), qui ressurgit à la faveur de l'hypothèse scientifique selon laquelle "l'univers aurait un début et une fin" (théories du Big Bang & Big Crunch).
Et puis, la question de la "destination", elle a été résolue depuis longtemps par Pierre Dac..Poum Poum Pouloum a écrit :Juste un petit point de détail : la théorie du Big Crunch n'est plus d'actualité depuis la découverte de l'accélération de l'expansion de l'univers, en 1998.Pete Bondurant a écrit :Dans cette dernière, il l'associe à la "question de la destination" (question religieuse), qui ressurgit à la faveur de l'hypothèse scientifique selon laquelle "l'univers aurait un début et une fin" (théories du Big Bang & Big Crunch).
Oncle Joe
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Lem
Pete (évitons soigneusement Notre Oncle et ses "je ne vois pas en quoi…") : il semble y avoir, au moins en langue anglaise, une assez abondante littérature sur la question du subtext religieux de la Singularité. Par exemple, cet article intitulé The Singularity : A Crucial Phase in Divine Self-Actualization ?, d'un philosophe américain que je ne connais pas (Michael E. Zimmermann, apparemment spécialiste de Heidegger). De façon significative, il commence par trois citations superposées (Saint Paul, Hegel, Kurzweil) avant de nouer son propos :
Le texte intégral est à lire ici :
http://webcache.googleusercontent.com/s ... AL,new.doc
For the anxious longing of the creation waits eagerly for the revealing of the sons of God. For the creation was subjected to futility, not willingly, but because of Him who subjected it, in hope that the creation itself also will be set free from its slavery to corruption into the freedom of the glory of the children of God. For we know that the whole creation groans and suffers the pains of childbirth together until now.
St. Paul, Letter to the Romans, 8: 19-23
Universal history is the exhibition of Spirit in the process of working out the knowledge of what it [Spirit] potentially is. Just as the seed bears in itself the whole nature of the tree, including the taste and form of its fruit, so do the first traces of Spirit virtually contain the whole of its own history.
Hegel, Lectures on the Philosophy of History
This is the ultimate destiny of the Singularity and of the universe. [….] Our civilization will … expand outward, turning all the dumb matter and energy we encounter into sublimely intelligent—transcendent—matter and energy. So in a sense, we can say that the Singularity will ultimately infuse the universe with spirit….
Ray Kurzweil, The Singularity is Near[ii]
Ever since Donna Haraway published her “Cyborg Manifesto” two decades ago, there has been an outpouring of literature—fiction, non-fiction, and informed speculation—about the extraordinary human transformation that purportedly will begin in the next few decades, after the development of computers with millions of times the processing power of the human brain. Encouraging and accompanying such literature have been spectacular scientific accomplishments on many fronts, some of the ethical and political implications of which have sparked sharp controversy. Public scrutiny has focused mainly on stem-cell research, cloning, and other kinds of bioengineering, but—according to trans- and posthumanists--these achievements will pale in comparison with the consequences of the confluence of genetic engineering, nanotechnology, robotics, and artificial intelligence.[iii] We are told that in coming decades, as innovation rates in these domains become exponential and are represented nearly vertically on graphs, there will occur a developmental “Singularity” or “Spike,” when there will emerge post-human beings with whose power and intelligence will so far surpass our own that they will seem God-like.
In this essay, I examine the extent to which post-humanism draws upon and extends a long-standing theme in Western philosophy and theology, according to which humans have the capacity to become virtually divine. After introducing trans- and post-humanism, I discuss briefly how technological innovation allows their proponents to believe they are helping to bring forth extraordinary beings, akin to Nietzsche’s Overman, but with powers bordering on he divine. Dramatically re-interpreting Martin Luther’s theology, G.W.F. Hegel depicted humankind as the instrument through which absolute Geist (spirit) achieves total self-consciousness. Jesus Christ was the man who became God, as much as the God who became human. Similarly, leading post- and trans-humanist, Ray Kurzweil revises the customary conception of God to accommodate the possibility that humans are taking part in a process by which post-human beings (creatures, according to traditional theism) will attain powers equivalent to those usually attributed to God. Some may construe post-humanism as an appalling instance of hubris, in which individuals propose taking enormous risks both with themselves and with the human species, in order to pursue an impossible goal. Others, however may construe post-humanism as calling for alignment of personal energy with a cosmic evolutionary imperative: to preserve self-conscious organic life—currently threatened by anthropogenic environmental disaster—long enough to transfer it to a more enduring substrate needed to support an evolutionary process that culminates when the entire universe is made conscious. If this astonishing goal ever begins to bear fruit, future theologians would presumably rethink traditional conceptions of cosmos and history, humankind and God…
Le texte intégral est à lire ici :
http://webcache.googleusercontent.com/s ... AL,new.doc
