Je m'inscris totalement en faux par rapport au discours de draco qui a trop parfaitement intériorisé les contraintes de Richelieu, par ailleurs ecclésiastique.dracosolis a écrit : et j'ajoute que perso un intervalle de 50 piges pour juger si un livre est intégrable à un corpus ne parait ni exorbitant, ni malavisé
se foutre de la gueule des universitaires sur ce thème, et les traiter de frileux quand ils ne sont que méthodiques, patients et méticuleux et ne font que ce pour quoi ils sont créés et payés me semble un chouïa pas chié
en gros, il vaut mieux que les universitaires -- comme la Loi -- soient lents, toutes les autres options sont pires
Ce n'est pas le rôle de l'université de définir un corpus éternel et immuable comme le lui prescrivait ainsi qu'à l'Académie le Cardinal avec d'évidentes visées politiques. Il s'y connaissait en orthodoxie.
Laissons au Vatican et à son bureau spécialisé le soin de définir la liste des saints.
Un corpus universitaire et même scolaire est destiné à évoluer et à être l'objet de controverses.
Le délai de cinquante ans me semble tout aussi absurde. Cela signifierait que les universitaires, aussi bien littéraires ou philosophes qu'historiens s'interdiraient de réfléchir à quoi que ce soit de postérieur à 1962. À la trappe, presque toute l'œuvre de Michel Foucault. Et celle de Bourdieu, etc.
En sciences sérieuses, je frémis à l'idée des conséquences.
Ça ne signifie pas que les universitaires doivent se prononcer en toge sur les prix littéraires de l'an dernier, mais qu'un délai de dix ans ou tout au plus de quinze permet déjà d'avoir le recul suffisant pour autoriser une réflexion éclairée. On pourra toujours la faire évoluer si besoin est.
C'est tout à l'honneur de Simon Bréan et de Natacha Vas-Deyres d'avoir examiné à la fois des œuvres plus récentes ET des œuvres relativement mineures mais qui marquent une étape ou un moment significatif, et de l'avoir fait malgré le conformisme ambiant dans leur milieu professionnel, parvenant avec courage et audace à le faire plier.
Je ne suis pas toujours convaincu par les Cultural Studies à l'américaine qui virent souvent au journalisme à peine informé, mais du moins elles engendrent de vigoureux débats et elles ne font pas l'impasse sur ce qui a pu se passer pour les deux générations précédentes.