rmd a écrit :Transhumain a écrit :les ayathollahs du Space Op
C'est fin et de bon gout.
Non : c'est juste une métaphore. Les ayatollahs du Space op : ceux qui décident, de droit divin, ce qui est de la SF ou ce qui ne l'est pas, ce qui a le droit d'être cité dans un forum SF ou qui n'en a pas le droit, etc. Des ayatollahs, quoi. Mais Jean-Claude a raison : ils ne sont, heureusement, pas si nombreux. C'est d'ailleurs le sens de ma petite saillie : peu importe de savoir si Infabula va plaire à ces quelques grincheux : potentiellement, il peut être apprécié par pas mal de monde.
Systar : très juste. Infabula et La Mémoire du vautour sont-ils dignes d'être discutés ici, sur un forum dédié à la SF et aux autres genres dits "d'imaginaire" ? OUI. Infabula, comme La Mémoire, ne se contentent pas d'inscrire une intrigue conventionnelle dans un monde mimétique. L'univers de La Mémoire du vautour, par exemple, est bien un univers imaginaire, en ce sens qu'il n'est qu'une interprétation du réel par un type confronté à sa propre mort. Idem pour Infabula : le monde du livre n'est pas notre monde, mais notre monde déformé par les désirs du narrateur, qu'il transforme en histoires. Est-ce de la SF ? A priori non. Mais Rêve de fer, c'est de la SF ? Et Le Maître du haut-château ? Pas plus. Et cependant, ça ne viendrait à l'idée de personne de les exclure du champ du genre.
Alors ? La définition de la SF est toujours à construire, et ce depuis son invention. Bruno nous parle de la confrontation avec une altérité radicale. Et Serge Lehman estime que le propre de la SF est de prendre ses métaphores au pied de la lettre. L'image est considérée comme réelle, et le monde devient métaphore de l'image... Pour Lehman le sense of wonder serait même provoqué par ce renversement des points de vue ("un peu comme si le lecteur, se regardant dans un miroir, réalisait soudain qu'il n'est qu'un reflet et que c'est l'autre, là-bas, qui vit et pense, que c'est l'autre qui est l'homme véritable" écrit-il dans Par-delà le vortex). Ainsi la découverte de l'altérité radicale ne suffit pas : encore faut-il, pour produire l'effet science-fiction, qu'elle soit donnée comme réelle. La Mémoire du vautour, il me semble, remplit ces deux conditions (encore que l'immixtion d'un démiurge complique sérieusement les choses, mais c'est une autre histoire) Dans Infabula, c'est moins évident, parce que si les scènes oniriques ont à voir avec l'inquiétante étrangeté freudienne, elles sont surtout des fantasmes implicitement désignés comme tels, et couchés sur le papier par le narrateur écrivain qui écrit le livre que nous lisons...
Au fait, Jérôme : bravo pour ton article sur l'Omnibus Wells. Excellent.