Infabula - Emmanuel Werner

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Papageno
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Message par Papageno » lun. août 27, 2007 7:28 pm

ça plaira pas aux fans de SF space op ou spéculation scientifique
Mais si, mais si... je suis un lecteur Space op et spéculation scientifique, mais il m'arrive (et même assez souvent) d'acheter et d'aimer ce genre de livre!

Mode polémique/début
Donc les lecteurs de Space op lisent AUSSI ce genre de livre...(la preuve, suite a ton commentaire, je viens de l'acheter).
Oui, mais... est-ce que l'inverse est vrai ? les lecteurs de ce genre de livre peuvent-il aimer un simple space op (et l'aimer pour ce qu'il est, pas en disant qu'il va plus loin qu'un simple SO..)?
hein... Qui donc est le plus ouvert, c'est une question!
Mode polémique/fin

systar
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Message par systar » lun. août 27, 2007 9:45 pm

Si je peux aimer du gros space op'? mais oui, bien sûr! si c'est inventif, bien foutu...

Bon, ça fait longtemps que j'en ai pas lu, mais j'aime bien.

En fait, j'aime bien tous les types de plaisir littéraire. Infabula, c'est le pied.
Mais La Compagnie des Glaces aussi, c'est le pied.

Tiens: il se peut même qu'un livre de Hard SF pas trop mal branlé puisse me séduire...

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. août 28, 2007 9:40 am

Ce que veut sans doute dire Fabrice, c'est qu'Infabula ne correspond pas, mais alors pas du tout, à ce que recherchent les ayathollahs du Space Op et d'une certaine SF, qui rechignent à ouvrir un livre dont la couverture ne montre pas de vaisseau spatial. Ils existent : ils sortent leur flingue virtuel (courageux mais pas téméraires) dès qu'il est question de style ou de philo, ils considèrent toute forme, même légère, d'expérimentation formelle comme de la branlette intellectuelle, et ils accusent ceux qui ne leur ressemble pas de tous les maux, dont le moindre ne serait pas de tartiner des pages et des pages sur des bouquins qui ont l'outrecuidance de n'être pas du Space Op.
L'inverse existe aussi évidemment, et à plus grande échelle : montrez un Space Op à un instit, à une bibliothécaire, au lecteur lambda, et vous aurez souvent une réaction du même genre, mais où le mépris de celui qui se conforme à la doxa remplace la paranoïa de celui qui se croit persécuté parce qu'il lit de la SF. Ceux-là ne sortent pas leur flingue : ils répondent, au mieux : "ah, de la SF [variante : "sci-fi], j'en lisais quand j'étais jeune !". Comprendre : "j'ai mûri, moi, et vous feriez mieux d'en faire autant et de lire séance tenante le nouveau Philippe Besson, plutôt que de vous abîmer les yeux avec vos trucs d'ados attardés."
Papageno : répondre à ta question suppose déjà que tu en précises les termes. Qu'entends-tu par "lecteur de Space op" ? Et par "lecteurs de ce genre de livre" ? Faut-il entendre "lecteurs qui ne lisent exclusivement que du space op" et "lecteurs qui ne lisent exclusivement que ce genre de livres" ? Et d'abord, c'est quoi, "ce genre de livres" ? Bref, quant à savoir qui, des uns ou des autres, à supposer qu'ils ne soient pas les mêmes puisque pour l'heure il semblerait que les seuls lecteurs de Werner soient aussi des lecteurs de SF et donc, au moins occasionnellement, sinon régulièrement, de Space Op, c'est une autre paire de manches.

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kibu
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Message par kibu » mar. août 28, 2007 9:46 am

Je passe mon tour.
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

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Virprudens
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Message par Virprudens » mar. août 28, 2007 9:55 am

Mode polémique ON/
De toute façon, le "space op" et "ce genre de livre", c'est tout pourri.
Y'a que la Fantasy dans la vie.
Et Marc Lévy.
Mode polémique OFF/
(en plus, j'fais des rimes en - i -
c'est normal, c'est mardi)
- Please, be polite.
- Go fuck yourself.

rmd
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Message par rmd » mar. août 28, 2007 10:02 am

Transhumain a écrit :les ayathollahs du Space Op
C'est fin et de bon gout.
Après des années de cérémonie du Thé, il n’y a rien de meilleur que de vomir de la Bière.

systar
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Message par systar » mar. août 28, 2007 10:48 am

Papageno: tu l'as acheté suite à nos commentaires? Bon, on a fait oeuvre utile, alors.

Olivier vous décrit le personnage caricatural du lecteur de space op' qui ne veut entendre parler de rien d'autre. Cette description a sa pertinence, il n'est qu'à voir la réactivité sur les forums de certains.

Tout ça pose une question passionnante, que tout lecteur de SF doit se poser. Qui engage peut-être jusqu'à la définition du genre SF, et de livres dits "inclassables" comme Infabula et La mémoire du vautour (puisque je pense que, pour un certain nombre de bonnes raisons thématiques, littéraires, les noms de Colin et de Werner peuvent être rapprochés - sans être confondus!). Cette question, c'est: quelle place le lecteur dit de science-fiction sait-il accorder à la mise en scène d'une altérité radicale? D'une altérité telle qu'elle ne se laisserait réduire à rien de nos schémas connus?

Visez la production massive de litt' gén: c'est souvent stylistiquement abouti, bien ficelé, fluide (parce que les éditeurs calibrent les manuscrits pour qu'ils le soient), mais cela tourne autour d'un réel déjà mille fois expérimenté, déjà réduit au "même", à ce que de nous-mêmes nous connaissons. Qu'on y montre du différent, en fait ce n'est pas de l' "Autre", mais au maximum de l'autrui, c'est-à-dire de l'autre soi-même. D'altérité radicale vraiment dérangeante, vraiment impensable, on ne trouvera pas trace.

Alors que:
- quand on lit du vrai bon space op': cette altérité radicale doit être mise en scène, d'une manière ou d'une autre. Dans l'imagination de personnages hors normes, monstrueux, trop exotiques pour avoir une psychologie humaine...

- quand on lit de la hard science: l'altérité radicale surgit, je pense, dans la spéculation sur la nature de l'univers. Question qui est l'altérité elle-même, puisque philosophiquement impensable (pourquoi des trous noirs? pourquoi le temps est-il irréversible? quel sens cela peut-il revêtir pour l'homme d'envoyer des particules dans le passé? dans le futur? etc)

- quand on lit des ouvrages comme ceux de Fabrice ou de Werner: il y a une altérité radicale qui est montrée. Dans la Mémoire du Vautour, c'est la mort, bien sûr, couplée à l'expérience de l'écriture (l'une définissant presque l'autre). Dans Infabula, c'est ce jeu d'une singularité psychologique sans doute hypertrophiée, cette tentation solipsiste, couplé à l'art (Burckhart, Apulée, les Aristochats) dont la quintessence apparaît finalement dans le corps du roman, qui mènent à transformer la perception du réel, et in fine le réel lui-même. C'est bien quelque chose comme de l'altérité qui surgit du même, au fond.

Du coup, vouloir avoir de la SF une définition ultra-restrictive, ne pas vouloir accueillir comme un signe heureux de réussite intellectuelle (et parfois commerciale, ça ne fait de mal qu'à ceux qui n'en bénéficient pas) les interpénétrations entre "SF" et littérature générale, c'est un peu dommage, c'est en fait ne plus avoir la disponibilité à l'altérité qu'on avait lorsqu'on est entré "en" SF.

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jlavadou
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Message par jlavadou » mar. août 28, 2007 11:22 am

J'adore ton expression "altérité radicale". C'est exactement ce que je recherche quand je lis de la SF.

Tout ça me donne envie d'aller faire un tour chez Scylla pour y récupérer ce fameux bouquin...

systar
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Message par systar » mar. août 28, 2007 11:25 am

jlavadou a écrit :J'adore ton expression "altérité radicale". C'est exactement ce que je recherche quand je lis de la SF.

Tout ça me donne envie d'aller faire un tour chez Scylla pour y récupérer ce fameux bouquin...
YES!!! Encore un exemplaire de vendu grâce à ce thread... bon, ça y est, c'est décidé, j'arrête la philo, je deviens attaché de presse.

Altérité radicale: j'emprunte cette idée à Baudrillard, dans La Transparence du Mal, ou bien dans le petit volume "Figures de l'altérité". Si ça t'intéresse...

Il rouvre quand, Xavier, au fait? Ces jours-ci, non?

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jlavadou
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Message par jlavadou » mar. août 28, 2007 11:27 am

systar a écrit :Il rouvre quand, Xavier, au fait? Ces jours-ci, non?
Si je me souviens bien, avant de partir il m'avait dit qu'il rouvrait le 25 août.

systar
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Message par systar » mar. août 28, 2007 11:30 am

jlavadou a écrit :
systar a écrit :Il rouvre quand, Xavier, au fait? Ces jours-ci, non?
Si je me souviens bien, avant de partir il m'avait dit qu'il rouvrait le 25 août.
Bon, ben alors on va aller se ruiner chez lui...

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Eons
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Message par Eons » mar. août 28, 2007 12:21 pm

jlavadou a écrit :
systar a écrit :Il rouvre quand, Xavier, au fait? Ces jours-ci, non?
Si je me souviens bien, avant de partir il m'avait dit qu'il rouvrait le 25 août.
Non, le 27, c'est-à-dire hier.

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. août 28, 2007 12:56 pm

rmd a écrit :
Transhumain a écrit :les ayathollahs du Space Op
C'est fin et de bon gout.
Non : c'est juste une métaphore. Les ayatollahs du Space op : ceux qui décident, de droit divin, ce qui est de la SF ou ce qui ne l'est pas, ce qui a le droit d'être cité dans un forum SF ou qui n'en a pas le droit, etc. Des ayatollahs, quoi. Mais Jean-Claude a raison : ils ne sont, heureusement, pas si nombreux. C'est d'ailleurs le sens de ma petite saillie : peu importe de savoir si Infabula va plaire à ces quelques grincheux : potentiellement, il peut être apprécié par pas mal de monde.

Systar : très juste. Infabula et La Mémoire du vautour sont-ils dignes d'être discutés ici, sur un forum dédié à la SF et aux autres genres dits "d'imaginaire" ? OUI. Infabula, comme La Mémoire, ne se contentent pas d'inscrire une intrigue conventionnelle dans un monde mimétique. L'univers de La Mémoire du vautour, par exemple, est bien un univers imaginaire, en ce sens qu'il n'est qu'une interprétation du réel par un type confronté à sa propre mort. Idem pour Infabula : le monde du livre n'est pas notre monde, mais notre monde déformé par les désirs du narrateur, qu'il transforme en histoires. Est-ce de la SF ? A priori non. Mais Rêve de fer, c'est de la SF ? Et Le Maître du haut-château ? Pas plus. Et cependant, ça ne viendrait à l'idée de personne de les exclure du champ du genre.
Alors ? La définition de la SF est toujours à construire, et ce depuis son invention. Bruno nous parle de la confrontation avec une altérité radicale. Et Serge Lehman estime que le propre de la SF est de prendre ses métaphores au pied de la lettre. L'image est considérée comme réelle, et le monde devient métaphore de l'image... Pour Lehman le sense of wonder serait même provoqué par ce renversement des points de vue ("un peu comme si le lecteur, se regardant dans un miroir, réalisait soudain qu'il n'est qu'un reflet et que c'est l'autre, là-bas, qui vit et pense, que c'est l'autre qui est l'homme véritable" écrit-il dans Par-delà le vortex). Ainsi la découverte de l'altérité radicale ne suffit pas : encore faut-il, pour produire l'effet science-fiction, qu'elle soit donnée comme réelle. La Mémoire du vautour, il me semble, remplit ces deux conditions (encore que l'immixtion d'un démiurge complique sérieusement les choses, mais c'est une autre histoire) Dans Infabula, c'est moins évident, parce que si les scènes oniriques ont à voir avec l'inquiétante étrangeté freudienne, elles sont surtout des fantasmes implicitement désignés comme tels, et couchés sur le papier par le narrateur écrivain qui écrit le livre que nous lisons...

Au fait, Jérôme : bravo pour ton article sur l'Omnibus Wells. Excellent.

systar
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Message par systar » mar. août 28, 2007 1:04 pm

Transhumain a écrit : Ainsi la découverte de l'altérité radicale ne suffit pas : encore faut-il, pour produire l'effet science-fiction, qu'elle soit donnée comme réelle.
Donnée comme réelle: "montrée". C'est bien ce que je dis.
Dans Infabula, il y a pas mal d'occasions de s'installer "dans" la métaphore, de s'y plonger. Les lions de Daumesnil disparaissent... :wink: et on retrouve un cadavre éviscéré peu après!

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